Mais comme les DOM ne méritent jamais qu'on s'y éternise bien que leurs taux de chômage tournent autour de 20%, ne sont mis en avant par le gouvernement et la plupart des médias que les chiffres de la métropole, plus glorieux, où l'on compte 2.027.000 chômeurs «officiels» pour 26.010.000 «actifs» (soit 56,5% de la population des 15 ans et plus).
L'INSEE précise que ce taux, «provisoire», est une estimation corrigée des variations saisonnières à «plus ou moins 0,4 point».
Rappelons que les indicateurs de l'INSEE sont calés sur les critères du Bureau international du Travail (BIT), pour qui un chômeur-type est une personne qui n'a pas d'emploi, en recherche un activement et est disponible dans les deux semaines pour l'occuper : si la personne interrogée n'a travaillé qu'une heure dans la semaine précédente, elle est considérée comme «active».
Rappelons aussi que ce taux de chômage, approchant celui du premier trimestre 1983 et donc vanté comme «son plus bas niveau depuis vingt-cinq ans», était vécu à l'époque comme une catastrophe pour le marché du travail... Mais les choses ont bien changé depuis : aujourd'hui, malgré un piètre bilan en matière de création d'emplois, l'UMP y voit pourtant un motif d'auto-satisfaction.
Selon l'INSEE, le chômage a recommencé à augmenter parmi les catégories traditionnellement plus fragiles sur le marché du travail : les moins de 25 ans, les femmes, et les 50 ans ou plus. Le nombre de personnes en situation de sous-emploi est, lui aussi, en hausse. Et certains économistes prédisent un taux de chômage qui devrait remonter à 7,5% (voire friser les 8%) d'ici la fin de l'année...
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Commentaires
Le taux d'emploi de la population âgée de 15 à 64 ans, en hausse depuis le milieu de 2006, ressort à 65,1% et le taux d'activité (emploi ou chômage) à 70,1%.
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Question légitime, au regard des derniers chiffres sur l’emploi salarié en France. Car malgré la théorie de certains libéraux selon laquelle le travail n’est pas un gâteau que l’on partage mais une sorte de «génération spontanée», le volume de destruction d’emplois au deuxième trimestre et le recours aux heures sup’ sur la même période présentent des éléments de corrélation troublants. Explications.
Yo-yo. Les chiffres à retenir dans cette comparaison ne sont pas tant les statistiques mensuelles du chômage, qui joue au yo-yo depuis quelques mois, mais plutôt celles relatives aux créations et destructions d’emplois. Au deuxième trimestre, et pour la première fois depuis quatre ans, l’économie française a ainsi détruit plus d’emplois qu’elle n’en a créés. Un solde négatif (- 12.200 emplois dans le secteur marchand), provoqué par la chute du travail temporaire qui a vu disparaître 60.500 postes de travail au deuxième trimestre. Du jamais vu depuis dix ans, selon les chiffres de l’Unedic.
Coïncidence ou non, cette forte baisse de 8,5% de l’intérim au deuxième trimestre est concomitante à l’augmentation de 6% des heures supplémentaires sur la même période (+ 22.000 emplois équivalent temps plein). Chute de l’intérim d’un côté, augmentation du nombre d’heures sup’ de l’autre, le tour de passe-passe n’aurait donc rien d’étonnant, même si le recours à chacun des deux dispositifs ne correspond pas toujours aux mêmes besoins.
Le croisement des données, secteur par secteur, laisse ainsi penser qu’une partie de l’augmentation des heures sup’ au deuxième trimestre (+ 10 millions) a pu contribuer à détruire certains postes de travail temporaire, en plus de la conjoncture dégradée. Dans le domaine de la construction, le nombre d’heures supplémentaires a ainsi progressé de 8,3% entre le premier et le deuxième trimestre, alors que l’emploi intérimaire fondait de 7,8% en juin [1]. Dans les transports, et dans un contexte pour le moins difficile, le travail temporaire baissait de 7,3% quand les heures sup’ augmentaient de près de 4%. Dans le secteur «commerce-hôtellerie-restauration», le volume d’heures travaillées en plus s’est accru de 4%, en parallèle d’une baisse de 5,3% de l’emploi intérimaire.
Autre exemple, le groupe «éducation, administration publique, santé et action sociale» a connu une hausse de 9,6% de ses heures sup’ en même temps qu’une baisse de 7,5% de l’intérim. Seul le secteur industriel, tout en perdant des emplois de travail temporaire (- 6,5% au mois de juin), ne semble pas avoir augmenté son volume d’heures sup’ sur la même période. Une exception qui peut aussi s’expliquer par une baisse structurelle et plus ancienne de l’emploi dans ce secteur.
«Balance». Cette présomption de substitution des heures sup’ à une partie de l’emploi intérimaire est également partagée sur le terrain. Gilles Dantot, responsable de la fédération CFDT construction-bois, confirme ce qu’il considère pour l’instant comme un «ressenti» : «D’après nos délégués syndicaux, les employeurs favorisent les heures supplémentaires pour les salariés en place, au détriment des intérimaires. Même si certains patrons le font aussi en raison de difficultés de recrutement.» Edgar Stemer, son homologue à la fédération des transports, n’est pas étonné, lui non plus, par ces chiffres : «Les intérimaires ou les saisonniers sont moins nombreux, notamment parce qu’ils en ont marre de ce statut. Les permanents, de leur côté, réclament des heures sup’, ne serait-ce que pour maintenir leur pouvoir d’achat. Au final, il y a un effet de balance entre les deux.»
Pour Pierre-Alain Muet, économiste et député PS du Rhône, aucun doute, «le développement des heures supplémentaires subventionnées se fait évidemment au détriment de l’emploi, c’est une sorte de RTT à l’envers. Aucun institut n’avait prévu de destruction d’emplois au second trimestre, preuve qu’il s’est passé quelque chose de plus que la simple conjoncture».
Responsable de Prisme, regroupement d’entreprises de travail temporaire, Arnaud de la Tour est plus prudent. S’il reconnaît qu’il y a «un effet de transfert indéniable», il ne le juge pas pour autant «systématique». Ses services considèrent ainsi que «si la croissance des heures supplémentaires peut ponctuellement dégrader l’évolution de l’intérim, elle ne saurait expliquer à elle seule l’ampleur du phénomène qui reste essentiellement conjoncturel». A moins que le prochain bilan trimestriel confirme ce système de vases communicants, et peut-être, cette fois-ci, au détriment d’autres emplois que les seuls postes de travail temporaire.
[1] Les chiffres de l’intérim sont mensuels, alors que ceux sur les heures sup’ sont trimestriels. Mais la hausse de ces dernières est concentrée majoritairement sur juin.
(Source : Libération) Répondre | Répondre avec citation |