Jusqu'à présent, une disposition de la loi Fillon de 2003 permettait aux personnes ayant eu une longue carrière et ayant commencé à travailler jeunes de bénéficier d’un départ anticipé avant l’âge de 60 ans, à condition toutefois d’avoir cotisé plus de trimestres que la durée de cotisation normale.
En été, la donne change : fin juillet, le ministère du Travail, dans la plénitude du repos estival, a glissé en catimini un courrier aux caisses de retraite précisant les nouvelles modalités d'accès au dispositif «carrières longues».
De quoi s'agit-il ? Les salariés ayant commencé à travailler entre 14 et 17 ans pouvaient partir avec une pension à taux plein avant 60 ans moyennant une durée de cotisation plus longue : 42 ans pour partir à 56 ou 57 ans, 41 ans pour partir à 58 ans, et 40 ans pour partir à 59 ans. Ces conditions, fixées dans la loi Fillon de 2003, devaient évoluer avec l'allongement prévu de la durée de cotisation de 40 à 41 ans pour une retraite à taux plein et ce, dans le cadre du «rendez-vous 2008» sur les retraites.
Pour les salariés du régime général et des régimes alignés (MSA et RSI), cet allongement s’étalera jusqu'en 2012. Mais pour les bénéficiaires de «carrières longues», selon la lettre du ministère, le changement sera plus abrupt et rapide : ainsi, dès le 1er janvier 2009, la durée de cotisation progressera ainsi d'un trimestre pour les salariés nés en 1949, de deux pour ceux nés en 1950, de trois pour les natifs de 1951 et de quatre pour ceux de 1952.
La mesure doit permettre de limiter le coût de ce dispositif qui a rencontré un véritable plébiscite, et de contraindre «le maintien en emploi» des seniors. En effet, les objectifs initiaux de la réforme des retraites de 2003 n'ayant pas été atteints, «l'âge moyen de départ à la retraite» à diminué entre 2003 et 2006, passant de 61,4 à 60,7 ans. Et la création du dispositif de retraite anticipée, destiné à tenir compte des carrières longues, a dépassé toutes les prévisions : plus de 100.000 bénéficiaires chaque année de 2004 à 2006.
La réforme Fillon est un échec : même la CNAV l'affirme. Mais le ministre persiste et signe en maintenant dans l'emploi des salariés usés, fatigués, et qui ont largement payé leur part. Outre l'incompétence, l'injustice reste sa principale marque de fabrique.
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Commentaires
L'âge moyen de départ est de 60,7 ans
La réforme Fillon n'a pas atteint l'un de ses objectifs initiaux, qui était de retarder le départ à la retraite. Au contraire, les dispositifs qui permettent de prendre sa retraite sont favorisés. L'âge moyen de départ a même baissé entre 2003 et 2006, de 61,4 à 60,7 ans (61,2 ans hors dispositif de retraite anticipée).
Cinq ans après, le taux d'emploi des 55-64 ans est de 38,1% pour un objectif fixé à 50% en 2010.
Mise en place par la réforme, la surcote (supplément de pension pour ceux qui continuent à travailler alors qu'ils ont le nombre de trimestres suffisants pour une retraite à taux plein) concernait 7,6% des assurés du régime général en 2007 alors qu'avant la réforme, 7% continuaient à travailler, sans bénéfice. Modifié en 2003, le «minimum contributif», qui permet aux assurés qui ont travaillé longtemps mais avec de faibles salaires de percevoir une retraite minimale dans leur régime de base, a eu «des effets limités, avec une augmentation totale des pensions de l'ordre de 2 à 3%», selon les auteurs.
Baisse du montant des pensions
Une étude comparative du niveau des pensions, publiée dans la même revue, montre par ailleurs une baisse de 8% du montant des pensions pour l'ensemble des retraités après la réforme de 1993. La réforme Balladur, qui a durci les paramètres de calcul de la retraite (pension calculée sur les 25 meilleures années et non plus sur les 10 meilleures), avait allongé de 37,5 à 40 années la durée de cotisation dans le privé. La pension est à indexer sur les prix, et plus sur l'évolution du salaire moyen.
(Source : Le Nouvel Obs) Répondre | Répondre avec citation |
Réforme des retraites : 8.000 € pour papy Fillon ! Répondre | Répondre avec citation |