Trop fort, ce Martin Hirsch ! Ainsi, grâce à «son» RSA (qu'il présente aujourd'hui en Conseil des ministres après «un an de combat»), comme par miracle et malgré une conjoncture qui se dégrade alors que tous les experts — et pas des moindres — estiment que cette «mauvaise passe» n'en est qu'à son début, 100.000 emplois vont subitement tomber du ciel pour faire retrouver le chemin du travail à «ses» chers RMIstes.
Le nouveau chantre de la méthode Coué
La maladie est contagieuse : à force de côtoyer des charlatans, le voilà qui imite la ministre de l'Economie, championne de l'optimisme dissimulateur ! 100.000 emplois pour 1,15 million de RMistes, quel glorieux score ! On pense aux 500.000 offres non pourvues pour 4 millions de chômeurs.
100.000 emplois ? Mais, quels emplois ? Ne vous en faites pas, M. Hirsch a du répondant : il rejette l'idée que son dispositif puisse favoriser la précarité et le travail partiel subi, un «problème» qui «préexiste au RSA». Sauf qu'il oublie de dire que son RSA ne vise pas à l'atténuer... En tant qu'ancien président d'Emmaüs il sait que la pauvreté est, finalement, un «business» générateur de richesses, pourvoyeur de statuts, de salaires, de subventions et même de reconnaissance sociale… pour ceux qui sont du bon côté de la soupière.
La carotte et le bâton
Tant d'obstination, tant d'aveuglement laissent pantois. Même le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez a admis qu'il existait un risque de voir le RSA devenir une «trappe à temps partiel» : ce à quoi il propose de renforcer «l'équilibre droits-devoirs», déjà appliqué pour les chômeurs, à ses bénéficiaires. Quant à «l'équilibre droits-devoirs» des employeurs qui pourraient «abuser du système», il ne fera — bien évidemment — l'objet d'aucune vérification dans l'immédiat...
De plus, Martin Hirsch sait que l'incitation financière est une erreur de diagnostic : pour avoir commandé une étude sur les freins au retour à l'emploi des minima sociaux en décembre dernier, il sait que deux tiers des RMIstes veulent travailler, qu'ils cherchent activement un emploi mais qu'ils n’en trouvent pas… faute de propositions. Ça tombe sous le sens : ce n'est pas l'incitation financière des privés d'emploi qui créé les emplois, mais les entreprises ! Et, bien que ces dernières bénéficient d'incitations financières autrement plus généreuses, elles surfent sur une autre vague que celle de la création de postes, qui plus est de qualité.
Chiche !
Nous attendons Monsieur Hirsch au tournant. Les paroles s'envolent, les écrits restent : dans les dix-huit mois suivant la généralisation de cette usine à gaz qui n'a toujours pas été sérieusement évaluée, nous comparerons sa béatitude présente avec la réalité de 2010. Et nous faisons le pari que ses erreurs de jugement — pour ne pas dire son incompétence… ou son hypocrisie — seront enfin, mais hélas un peu tard, totalement démasquées.
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