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Accueil Social, économie et politique Une prime de transport «sur la base du volontariat»

Une prime de transport «sur la base du volontariat»

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Flambée des prix de l'essence oblige, au nom d'un «pouvoir d’achat» des salariés en berne, le gouvernement planche sur la participation des entreprises à leurs frais de transport domicile-travail, qu'il soit collectif ou individuel.

Bonne nouvelle pour les salariés non franciliens qui peuvent utiliser les transports en commun : cette participation devrait prendre la forme — obligatoire — d'un remboursement de 50% des abonnements, comme cela se pratique depuis 1982 en Ile-de-France où (sauf exception => lire en commentaire) la moitié de la carte orange est assumée par tous les employeurs, privés ou publics, via une aide de l'Etat. Versé directement sur la fiche de paie et exonéré de «charges» sociales, le dispositif sera étendu à tout le territoire «lorsqu’il existe des modes de transport en commun que le gouvernement souhaite encourager».

En revanche, pour les nombreux salariés contraints d'utiliser leur voiture personnelle en l'absence de transports collectifs ou du fait d'horaires atypiques et qui ne sont pas habituellement défrayés (comme le sont, par exemple, les commerciaux), «les entreprises verseront une prime de 200 € par an, exonérée de charges sociales et fiscales» : on rit déjà de la pingrerie de cette somme quand on sait qu'un plein d'essence coûte au minimum 50 €, sans compter l'usure et l'entretien du véhicule ! De surcroît, explique Matignon par le biais du Journal du dimanche, «cette revendication des syndicats sera appliquée par les entreprises sur la base du volontariat», donc «le Medef ne devrait plus s’y opposer». Et là, on s'esclaffe carrément : Comment le patronat ne devrait-il plus s'opposer à une mesure qui sera… facultative ? On nous prend vraiment pour des c…s.

Le leurre du «volontariat»

Cette seconde option, qui doit remplacer le chèque-transport créé en février 2007 par Dominique de Villepin (et qui, comme la plupart de ce qu'il a institué, est un échec retentissant…) sombrera dans le même écueil, à l'instar de tout ce qui s'inscrit «sur la base du volontariat» quand il s'agit d'en appeler à la bonne volonté des entreprises. L'expression est, d'ailleurs, tout aussi inepte pour les salariés face aux heures supplémentaires, qu'ils sont obligés d'effectuer si leur patron l'exige.

Que ce soit pour le problème des seniors — car c'est en vain que le gouvernement tente d’«inciter» les employeurs ne serait-ce qu'à les maintenir en poste — ou sur la qualité des créations emplois — de plus en plus précaires et de moins en moins rémunérateurs malgré (à cause ?) des subventions —, on sait très bien que la volonté politique de l'UMP vise à les épargner de toute contrainte et de toute obligation légale, tandis qu'on réserve un principe de «droits et devoirs» à d'autres catégories de la population...

Le patronat monte au créneau

Pourtant, on en peut pas dire que l'Etat n'encourage pas les entreprises. Elles bénéficient chaque année, sans contrôle ni contrepartie, de quelque 65 milliards d’€ d'aides publiques diverses et variées, dont 32 milliards en allègements ou exonérations de «charges». Bientôt, Bercy compte même leur supprimer l'impôt forfaitaire annuel et baisser la taxe professionnelle. Mais Laurence Parisot s'indigne et dénonce une «erreur économique», estimant que les entreprises sont actuellement dans l'impossibilité d'accepter tout effort supplémentaire.

Plus nuancé, François Chérèque (CFDT) pointe le risque d'inégalités «entre les entreprises qui ont les moyens de faire du social» et les autres, «celles qui ont plus de difficultés, en particulier les petites». Quant à Bernard Thibault (CGT), il juge pour sa part que «la prise en charge par l’employeur devrait être obligatoire. Si elle était compensée par de nouveaux allègements pour les entreprises, ce serait un jeu de bonneteau».

D'après des chiffres du Medef, le dispositif d'Ile-de-France coûte aux entreprises plus de 600 millions d'euros par an. Pourtant, doivent-elles s'en plaindre ? Car, pour les ménages, le transport représenterait le deuxième poste de dépenses derrière le loyer, avance le sociologue Eric Le Breton dans son livre Travail-Domicile : les salariés à bout de souffle. Face à des exodes quotidiens devenus complètement délirants, que ce soit pour des raisons environnementales ou de bien-être des individus (et de leur famille), ne plus recruter des candidats qui résident trop loin de leur lieu de travail et favoriser les transports en commun est une priorité.

Pas avant le 15 septembre

Une première réunion de réflexion à la mise en place de cette aide est prévue jeudi entre partenaires sociaux. FO souhaite augmenter son montant qu'elle juge insuffisant pour les salariés automobilistes, tandis que la CFDT souhaite aussi récompenser ceux qui pratiquent le covoiturage. Christine Lagarde a précisé que les arbitrages ne seraient pas arrêtés avant le 15 septembre, date à laquelle les partenaires sociaux devront rendre leurs propositions. Puis ses modalités seront décidées par le gouvernement d'ici la fin du mois, et intégrées au projet de loi de finances 2009.

Quant aux chercheurs d'emploi, à qui l'on n'a accordé qu'une revalorisation de 2,5% de leurs allocations de chômage au 1er juillet malgré une inflation galopante (ceux aux minima sociaux se contentent, eux… de 1,6% depuis le 1er janvier), dignes de mépris, ils restent — bien sûr — les éternels oubliés !

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Mis à jour ( Dimanche, 07 Septembre 2008 20:31 )  

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