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Accueil Social, économie et politique L’emploi en France depuis 1975

L’emploi en France depuis 1975

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Dans son édition 2008 des «nouveaux enjeux» de l'emploi parue jeudi, l'INSEE revient sur une mue de trois décennies intimement liée à la globalisation du système libéral. Une synthèse peu surprenante — moins d'ouvriers, plus de femmes et de contrats courts — qui corrobore ce que d'autres observateurs de la vie économique ont déjà relevé par ailleurs : une France plus qualifiée, mais plus précarisée.

Entre 1975 et 2007, au rythme moyen de 110.000 créations nettes par an, la France a gagné 3,5 millions d'emplois pour atteindre 25,6 millions. Mais la population active ayant crû de 5 millions sur la période, l'INSEE note un écart (à notre avis sous-évalué) de «près d'un million et demi de chômeurs en plus». Si aujourd'hui (et plus pour longtemps) le chômage est statistiquement revenu au niveau du début des années 80, l'Institut constate que «la France reste confrontée à une insuffisance d'emplois et aux conséquences d'un certain dualisme du marché du travail qui enferme une partie de la population active dans la précarité». Elle souligne qu’«il ne suffit plus de s'attacher à créer ou sauvegarder des emplois, il faut aussi veiller à en garantir la qualité».

L'illusion de la propreté

Fait marquant de ces trente dernières années, l'industrie — considérée comme dure et salissante, peu à peu bazardée vers ces "paradis sociaux" que sont les pays "en voie de développement" — a été supplantée par les services, plus "propres" et plus "valorisants". Alors que plus d'un salarié sur quatre y travaillait en 1975, ce secteur emploie aujourd'hui moins d'un salarié sur six. Le tertiaire, très féminisé, rassemble désormais les trois quarts des actifs occupés contre la moitié en 1975, une expansion qui a «plus que compensé» le recul de l'industrie en France, selon l'INSEE.

Cependant, bien qu’un siècle et demi de luttes sociales a permis aux travailleurs de l'industrie de se munir de protections et de statuts solides, le secteur tertiaire n'a, lui, ni eu le temps ni compris l'utilité de les reprendre à son compte. Alors que, parallèlement, on assistait au recul du statut d'ouvrier pour une prolifération vaguement anoblissante de statuts d’"employés", "cadres" et autres "professions intermédiaires", l'expansion des services — où plus d'un poste sur cinq demeure peu qualifié — a permis, au contraire, une «érosion lente mais relativement continue de la norme d'emploi typique représentée par le CDI et le temps plein», conquise par l'industrie. Ainsi, alors que les CDD, missions d'intérim, stages, contrats aidés ou d'apprentissage concernaient déjà 5,4% des actifs occupés en 1982, ils touchent en 2007 12,3% d'entre eux. Progression qui s'est assortie d'une accentuation des horaires atypiques.

L'illusion se confirme à travers l'évolution des conditions de travail où, malgré le développement du progrès technologique, l'INSEE ne constate aucune baisse de la pénibilité physique. Pour les ouvriers, le labeur s'est même intensifié. Et si l'Institut note une lente décrue des accidents du travail, «les maladies professionnelles sont en forte hausse depuis 15 ans, notamment les cancers et les troubles musculo-squelettiques». Sans compter le stress, le harcèlement moral et le suicide, véritables plaies de la "modernité".

Une seule génération au travail

La population en emploi est mieux formée. Elle est aussi plus féminine (près de la moitié des actifs occupés en 2007 contre un tiers en 1962). Mais à formation et qualification égales, de «fortes différences» persistent entre hommes et femmes en défaveur de ces dernières : écarts de salaire persistants, plus de temps partiel, plus d'emplois précaires, et plus de chômage.

L'INSEE souligne que la population en emploi est aussi très concentrée sur la tranche des 25-54 ans (à notre avis surévaluée, puisque les quadras sont de plus en plus évincés des entreprises), selon un modèle «consistant en quelque sorte à ne faire travailler qu'une seule génération à la fois. C'est l'une des raisons — peut-être la principale — qui explique chez nous la forte vulnérabilité des jeunes au chômage lors de leur entrée sur le marché du travail, et les sévères difficultés de reclassement des chômeurs âgés».

Egalement, l'INSEE a publié mercredi une étude sur le coût salarial et la productivité : si, au grand dam du patronat, une heure de travail salarié en France coûte actuellement «deux fois plus cher» qu'en 1975, elle est «2,3 fois plus productive» et, en trente ans, «le coût salarial par unité de valeur ajoutée produite a [même] diminué de 5,5%».

Pour en savoir plus => L'emploi, nouveaux enjeux - Édition 2008 à lire sur le site de l'INSEE.

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Mis à jour ( Vendredi, 21 Novembre 2008 03:45 )  

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