En 1863, les très cyniques frères Rothschild, dont le père Nathan accomplit un retentissant "coup de bourse" en 1815, écrivaient à Edward Ikelheimer, trader à Wall Street : «La grande masse du peuple, intellectuellement incapable de comprendre les formidables avantages que tire le capital du système, portera son fardeau sans plainte et peut-être sans s'imaginer que le système est contraire à ses intérêts.»
A l'époque, le capitalisme "familial" amassait déjà des fortunes en exploitant les plus pauvres, maintenus dans l'ignorance, dont l'espérance de vie était courte et le temps passé au labeur inversement proportionnel à leur misérable existence. Car en 1880, ne travailler que 11 heures par jour et 6 jours sur 7, soit 66 heures par semaine, était déjà une grande avancée (auparavant, on trimait au minimum 90 heures) ! Lisez un peu ce qu'en disaient leurs patrons :

Alors que les «utopiques» luttes sociales, longues et parfois sanglantes menées par nos aïeux, nous ont permis d'améliorer considérablement notre existence, l'insatiable capitalisme s'est "financiarisé" tandis que sa philosophie — subtile dictature de l'individualisme crasse — a rendu le peuple aussi amnésique qu'apathique. Pourtant, depuis 1980 (soit un siècle après ce document), le capital s'est approprié 10% des revenus du travail, a instauré le chômage de masse et contaminé l'économie réelle. Suivant la stratégie de la hache de pierre, le droit du travail et les acquis sociaux sont chaque jour rognés dans l'aveuglement général. A grands coups de "communication" particulièrement décérébrante, les 35 heures sont parties à la poubelle tandis que le mensonger «travailler plus pour gagner plus» a séduit les classes moyennes, les employés et les ouvriers. Pire : la fallacieuse «valeur travail» justifie sa précarisation et qu'on y aille même le dimanche, si ce n'est pas jusqu'à 70 ans !
Toute idée de progrès humain a déserté les esprits, puisque la régression sociale revêt désormais les atours de la "modernité". Toute idée de lutte est devenue "ringarde". Dormez, braves gens ! Si nos valeureux ancêtres doivent aujourd'hui se retourner dans leurs tombes, gageons que les frères Rothschild, eux, s'en paient encore une bonne tranche...
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Commentaires
(…) Des revenus mal répartis entre salaires et profits, entre les plus riches et les autres : cela provoqua la crise de 1929, comme l’avait si bien analysé Marriner Eccles, qui présida la banque centrale américaine de 1934 à 1948. (…) Il y avait beaucoup trop d’argent sur les marchés financiers — c’est ce qui provoquait le renchérissement artificiel des actions et des matières premières. Il n’y en avait pas assez dans les poches des salariés — c’est ce qui les poussait à vivre à crédit. Entre les deux, d’imaginatifs financiers perfectionnaien t jour après jour la pompe aspirante qui assurait l’équilibre du système. Un équilibre très précaire, compte tenu des risques accumulés.
(…) Le même diagnostic peut être posé sur la crise actuelle. L’OCDE vient d’apporter sa pierre à la démonstration dans sa plus récente livraison («Croissance et inégalités – Distribution des revenus et pauvreté dans les pays de l’OCDE»). Celle-ci se fait l’écho des travaux de maints économistes, synthétisés par Andrew Leigh.
On y lit que, dans la plupart des pays industriels, le revenu national est partagé de façon de plus en plus inégale depuis le début des années 1980. La rupture coïncide avec ce qu’on a appelé la «révolution conservatrice» : moins d’impôts, moins d’Etat. Et depuis lors, dans la plupart de ces pays, le «Top 1%» - les 1% les plus riches - accapare une part sans cesse croissante du revenu national, jusqu’à approcher la proportion atteinte en 1928.
(…) Un autre facteur d’inégalités est presque partout à l’œuvre. C’est la diminution de la part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises. Entre 1980 en 2006, elle est tombée de 67% à 57% en moyenne dans les quinze pays les plus riches de l’OCDE. Une chute de 10 points mesurée en France, en Allemagne, en Italie, au Japon, en Finlande, en Grèce, aux Pays-Bas, en Espagne et en Suède, un peu moindre en Autriche et en Belgique. La chute est d’à peine 5 points aux Etats-Unis, où le regain de croissance de l’ère Clinton a ranimé les salaires. Elle est curieusement insoupçonnable au Royaume Uni, une énigme statistique…
Dix points de PIB, cela représente en France 160 milliards d’euros. N’aurait-il pas mieux valu les consacrer à la masse salariale plutôt que de la voir partir en fumée dans le krach ? Il y avait de quoi envisager autrement la question des retraites et celle du déficit de l’assurance maladie. (…) Répondre | Répondre avec citation |
Il y a juste le capitalisme: spéculer ou investir sont les activités normales de tout détenteur de capital. Le seul but: faire autant de profits que possible, accroitre le capital.
Quand on parle de capitalisme financiarisé c'est en général pour essayer de faire croire qu'il y aurait un bon capitalisme et un mauvais et qu'un capitalisme à visage humain est possible: c'est de l'escroquerie intellectuelle.
En ce moment, il y a beaucoup de gesticulations pour nous faire croire que le capitalisme va être réformé et encadré: la prochaine crise est déjà en préparation, la spéculation n'a jamais cessé. Répondre | Répondre avec citation |
Eh oui… il y a tout en haut ceux qui tiennent les ficelles, et un peu plus bas ceux qui jouent au Monopoly. Malgré la crise, les traders de la City empocheront 20 milliards d'euros de bonus cette année… Et même si ces primes accusent pour la première fois une baisse, elles ont plus que doublé en sept ans!
Pour bien situer les choses : 20 milliards, c'est plus que le trou de la Sécu (10 milliards) et le déficit de l'Unedic (5 milliards) réunis!!! Répondre | Répondre avec citation |