Si des centaines de PME pâtissent réellement de la crise économique et financière, ce n'est pas le cas des grandes entreprises et multinationales qui licencient en masse ou proposent des «départs volontaires» par milliers. Parmi les dix que Basta! a ciblées — PSA, Renault, la Caisse d'Epargne, la Redoute, Arcelor Mittal, Sanofi Aventis, Pfizer, Hewlett-Packard, Adecco et Amora —, il s'avère qu'au regard de leurs résultats, de leurs bénéfices, des salaires de leurs dirigeants et des dividendes qu'elles ont versés à leurs actionnaires elles ne souffrent, visiblement, d'aucun problème de conjoncture ou de rentabilité !
Basta! a réalisé un tableau qui donne toute la mesure de leur opportunisme financier. Seul bémol, le cas de la Caisse d’Epargne où ses 4.500 futurs chômeurs vont payer les erreurs d'un trader responsable de la perte de 751 millions d'euros en octobre, ainsi que les errements financiers de sa filiale Natixis... Sinon, pour les autres, on remarque que les fabuleux montants distribués aux actionnaires (41 milliards d’€ au titre de leur participation en 2008) auraient pu permettre de maintenir les emplois, comme chez PSA où 6.645 suppressions sont prévues, mais où 300 millions d'euros de dividendes auraient pu servir à préserver 7.500 postes rémunérés au salaire médian net pendant un an. Pire chez Arcelor Mittal où la famille du milliardaire indien, qui possède 43% du groupe sidérurgique, recevra la coquette somme de 637,4 millions d'euros : de quoi faire travailler 17.500 personnes à 1.500 € brut pendant un an alors que 9.000 emplois à travers le monde seront sacrifiés.
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Loin d'être un fantasme de syndicaliste, l'alibi de la crise est donc bien réel et ce sont les salariés (et leurs familles) qui en paient la facture. Par contre, l'alibi d'une «moralisation» du système n'est bel et bien… qu'un fantasme présidentiel. Pour ces entreprises florissantes qui font supporter leurs choix à la collectivité toute entière, «une loi ne peut pas empêcher les licenciements», a déclaré récemment le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez, qualifiant toute mesure allant dans ce sens de «pure démagogie». Pas question de contrôler sérieusement les «restructurations d'opportunité». La preuve : l'Etat va même mettre la main à la poche afin d'aider PSA, Renault ou Arcelor Mittal à foutre une partie de leurs salariés en chômage technique => lire en commentaires…
Les banques sont, elles aussi, les grandes gagnantes de la crise : depuis son déclenchement à l'automne 2007, non seulement elles sont les premiers bénéficiaires des plans de relance, mais les marges qu'elles s'accordent sur leurs crédits ont explosé, et ce dans tous les secteurs d'activité. Pour ces gens-là, le capitalisme n'est certainement pas en crise : tout juste poursuit-il son petit bonhomme de chemin et, tant qu'il continue à rapporter aux mêmes, pourquoi faudrait-il le «réformer» ?
Avec «la crise», cela saute aux yeux : on comprend que le capitalisme tue l'emploi et spolie le salariat. Depuis 1980, la part de la masse salariale dans la valeur ajoutée des entreprises a chuté de 10% au profit de la rémunération du capital : ainsi le gel des salaires, la précarisation du travail et le développement d'un chômage de masse sont devenus des outils économiques à part entière ayant pour unique but d'engraisser une poignée de vampires. Jusqu'à présent, la culpabilisation incessante de leurs victimes — salariés «privilégiés», chômeurs fainéants et autres «assistés»… — a produit un écran de fumée suffisamment épais dans l'opinion publique pour masquer le cynisme pathogène d'un tel système. Mais, en 2009, il serait souhaitable que cette imposture 100% immorale soit enfin démasquée et que les vrais acteurs de l'économie dite «réelle» songent à reprendre ce qu'on leur a volé.
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