L'heure est grave pour l'UMP qui, en dépit de la crise, tente de poursuivre ses réformes anti-sociales tout en craignant de futurs débordements. Ainsi elle se prête, par anticipation, à de grossières manœuvres dissuasives censées anéantir toute velléité de révolte chez les citoyens lambda un peu trop en colère, à grand renfort de «justice» sommée de châtier des épouvantails.
Les signes ne trompent pas. Quelques «exemples» :
D'abord l'affaire de Tarnac où des actes de vandalisme perpétrés sur des lignes TGV ont été qualifiés d’«actes de terrorisme» (tandis que les cinq bâtons de dynamite découverts dans les toilettes du Printemps avaient tout du pétard mouillé)... Le ridicule ne tue pas, même s'il est parfois tragique. A ce jour, depuis le 15 novembre, Julien Coupat et sa compagne Yldune Levy sont incarcérés à la Santé et à Fleury-Mérogis, présumés coupables bien qu'aucune preuve formelle ait pu, semble-t-il, être apportée à leur participation dans cette affaire, sauf un mode de vie et des opinions politiques jugés hautement suspects. Nombreux sont ceux qui, par ailleurs, croupissent en prison dans des conditions similaires sans être médiatisés pour autant.
Puis l'affaire Schivardi, Gérard de son prénom, ancien candidat à la présidentielle pour le Parti ouvrier indépendant (POI, soutenu par le Parti des travailleurs) qui nous a bien fait rire parce qu'on ne comprenait rien à ce qu'il racontait. Maire d'une petite commune et réélu démocratiquement au Conseil général de l'Aude en mars 2008 avec plus de 62% des voix au second tour, il a été démis de ses fonctions par le tribunal administratif de Montpellier et déclaré inéligible pendant un an. Motif : il n'avait pas ouvert de compte de campagne... D'une impardonnable modestie, ce brave homme n'avait dépensé au total que 223,45 € correspondant à une facture d'imprimerie pour des convocations à des réunions publiques. Et, trop vertueux, il l'a payée de sa poche, s'abstenant de se faire rembourser par la dispendieuse Commission des comptes de campagne. «Profondément touché» par cette décision, lui qui n'a «rien caché, rien volé», il pense faire appel auprès du Conseil d'Etat. «Quelle confiance peut-on faire à la justice de notre pays ? s'interroge-t-il. On voit des gens qui ont été condamnés pour des prises illégales d'intérêt et qui ne sont pas démis de leurs fonctions. Si les règles doivent être suivies, alors qu'elles soient appliquées à tout le monde.»
Bouquet final : Nicolas Sarkozy veut supprimer le juge d'instruction — indépendant, chargé des crimes et des très sensibles affaires politico-financières — pour confier l'ensemble des enquêtes judiciaires au parquet, sous le contrôle d'un magistrat appelé «juge de l’instruction», qui dépendra… du ministère de la justice. Un tour de passe-passe sémantique qui suit cette même logique de mainmise du pouvoir sur une institution désormais vouée à soulager ses riches amis (grâce à une dépénalisation progressive du droit des affaires et de la délinquance en col blanc) et à tourmenter ses petits ennemis, peu importe si justice il y a.
Paradoxalement, sur certains points, Nicolas Sarkozy craint d'être impopulaire (alors qu'il l'est déjà depuis longtemps) : par exemple, il rechigne à récupérer le dossier de l'assurance-chômage en cas d'échec du paritarisme et tente de manipuler les syndicats afin qu'ils endossent la responsabilité d'une nouvelle convention qui va nuire aux futurs privés d'emploi, massivement issus des classes moyennes. Mais sur d'autres, il ne craint ni le ridicule ni de provoquer des tollés, y compris dans son propre camp. On pourrait mettre ces incohérences sur le compte de la maladresse. On connaît néanmoins l'habile stratège qu'est cet animal politique. Cependant, ces couacs deviennent si frénétiques qu'ils révèleraient plutôt un malaise grandissant. On peut donc se demander combien de temps notre monarque, chantre de l'avènement d'une «démocratie mature», réussira ainsi, de scandales feutrés en autoritarisme crasse, à maintenir un semblant de paix sociale d'ici la fin de son mandat.
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