Dans notre article du 29 décembre, nous annoncions cette grande grève unitaire, initialement prévue le 8 puis également avancée au 5 pour cause de scission entre syndicats d'opposition, la plupart majoritaires — SNU, CGT, Snap, SUD et FO — et syndicats «réformistes», plutôt minoritaires — CFDT (évidemment !), CFTC, CGC et Unsa —, ces derniers ayant signé avec la direction un accord a minima réfuté par les premiers.
Une grève cassée
La journée du 5, très symbolique puisqu'il s'agissait de l'inauguration du Pôle Emploi, a été décevante : seuls 19% des salariés selon la direction, 15% sur les ex-sites Assedic et 30% chez les ex-ANPE selon les organisateurs, ont répondu à l'appel de l'intersyndicale SNU, CGT, FO, SUD et Snap. Outre le brouillage occasionné par ses homologues «réformistes», elle accuse la direction d'avoir volontairement bloqué la messagerie afin d'empêcher toute campagne d'information interne et saboter la mobilisation.
Mais la date du 8, appelée par les neuf organisations au complet, était maintenue. Et voici qu'à la veille du grand jour les quatre «réformistes» CFDT, CFTC, CGC et Unsa ont cassé le mouvement en levant leur mot d'ordre, à l'issue d'une nouvelle réunion de négociation avec la direction générale. Afin d'éviter le fiasco, il ne restait plus qu'à tout annuler et, pour sauver la face, envisager de mobiliser les agents en marge de la journée d'action nationale interprofessionnelle du 29 janvier...
Des syndicats achetés
Mardi, sous la menace de la grève, les miettes jetées en pâture ont donc visiblement un peu grossi. Le porte parole du Snap (syndicat issu d'une scission avec la CFTC) a même été séduit, estimant «des avancées positives»... Le versement d'une prime unique de 500 € net aux 45.000 agents de Pôle Emploi est confirmé : une paille, surtout quand on sait ce que gagne Christian Charpy. Ont aussi été concédés des avantages en nature comme le paiement de l'assurance automobile des agents prospectant en entreprise, pas de mobilité géographique forcée, et un avancement accéléré de 24 mois aux ex-ANPE. «Le directeur général est également prêt à discuter du nombre de demandeurs d'emploi suivis par conseiller et de son adaptation, car suivre 60 RMIstes est plus difficile que de reclasser 60 intérimaires», se réjouit le Snap. Plus d'éléments ici…
Une nouvelle réunion avec la direction est prévue mardi prochain. Du principe d’«un Service Public de l'Emploi de qualité garanti pour l'ensemble de ses usagers», il ne reste rien. A chacun sa merde, après tout ?
Négocier n'est jamais simple, défendre ceux qu'on est censé représenter encore moins; oser s'opposer semble le pire. Les salariés du Pôle Emploi n'auront plus que leurs yeux pour pleurer quand il sera trop tard. Quant aux chômeurs qui ont affaire à eux, ils continueront à galérer. De cette désolante mascarade il n'y a plus grand chose à dire.
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