Lundi, la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris a condamné l'ancien secrétaire général Jean-Michel Goulletquer ("le chef d'orchestre" de cette "fausse reprise", dixit le procureur) à 3 ans d'emprisonnement, dont un avec sursis, ainsi que l'ancien PDG Jean-Jacques Aurel, à 3 ans dont deux avec sursis. Absents à l'audience, les deux hommes ont en outre été condamnés à une amende de 75.000 € et à une interdiction de gérer de 5 ans.
Ces escrocs récidivistes ont déjà été impliqués et condamnés pour des faits similaires il y a plusieurs années, menant notamment l'usine Delsey de Montdidier (Somme) vers la banqueroute.
Parmi les quatre autres complices, l'un a été relaxé et les trois autres condamnés à des peines allant de 18 mois ferme à 6 mois avec sursis, assorties d'amendes conséquentes et d'interdictions de gérer. Rejetant "la fatalité économique" derrière laquelle les prévenus ont tenté de se dissimuler, le procureur Patrice Amar a vivement dénoncé à l'audience la "cupidité" de ces "patrons voyous".
205 salariés licenciés
Les six prévenus, qui comparaissaient depuis le 30 mars, sont accusés d'avoir provoqué la faillite de l'usine de Hénin-Beaumont en détournant quelque 2,6 millions d'euros d'actifs. Un million d'euros a, d'ailleurs, été versé à une firme elle-même contrôlée par une société immatriculée aux Iles Vierges britanniques...
A l'été 2005, le bagagiste américain Samsonite la leur avait cédé sans évaluation ni audit. Rebaptisée Energy Plast, celle-ci devait se reconvertir dans la fabrication de panneaux photovoltaïques. Mais en février 2007, les malfaisants repreneurs ont été contraints de liquider l'affaire et de licencier les 205 salariés. Sur leur plainte collective, le parquet avait alors décidé d'engager des poursuites.
La légèreté de Samsonite, groupe coté à Wall Street qui pèse un milliard de dollars, n'est pas restée sans suite : il a été condamné début 2009 par les Prud'hommes de Lens à verser les indemnités de licenciement des salariés mis au chômage, ainsi que des dommages et intérêts. De son côté, le TGI de Béthune a annulé la vente de l'usine d'Hénin-Beaumont : Samsonite a fait appel et le procès de sa responsabilté devrait se tenir d'ici à la fin de l'année à Douai.
D'ores et déjà cette histoire résonne comme un cas d'école pour les syndicats et les élus locaux, confrontés à la fermeture d'une usine et parfois tentés de jouer le tout pour le tout en misant sur un repreneur, aussi obscur soit-il...
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