Des valises, elles en ont fabriqué pendant une vingtaine d'années à Hénin-Beaumont pour le bagagiste américain, racheté en 2004 par Bain Capital. Quatorze ex-salariées de l'usine Samsonite ont fait la leur vendredi pour se rendre pendant cinq jours aux Etats-Unis. «C'est la première fois que je prends l'avion», confesse, stressée, Brigitte Petit, présidente de l'association AC Samsonite.
Depuis 2007, date de la fermeture de l'usine, Brigitte se bat avec ses collègues pour faire condamner ceux qui les ont licenciées. Elles ont déjà obtenu gain de cause en France. En juillet, la cour d'appel de Paris a confirmé les peines de prison infligées aux deux repreneurs pour avoir sciemment provoqué la faillite de l'entreprise, cédée en 2005 contre un euro symbolique, et détourné quelque 2,5 millions d'euros. Lors de l'audience, l'avocat général avait appelé à "ne pas oublier la souffrance des 205 salarié-e-s qui, aujourd'hui, vivent pour la plupart dans la précarité, 80% d'entre eux n'ayant pas retrouvé de travail" après la liquidation de l'entreprise voici cinq ans.
A Freeport, une grève médiatique
Mais l'avocat des salariés, Me Fiodor Rilov, compte poursuivre jusqu'aux Etats-Unis ceux qu'il accuse d'être responsables de cette liquidation, à savoir l'entreprise américaine Samsonite et son fonds d'investissement Bain Capital. A Boston, la délégation se battra bec et ongles devant la cour fédérale du Massachussetts. Puis, lundi, elle manifestera avec les salariés américains de l'entreprise Sensata devant le siège de Bain Capital à New York, «contre la finance internationale».
Sensata est une usine automobile située à Freeport, près de Chicago : elle appartient à Bain Capital. Depuis plusieurs semaines, ses salariés protestent contre la délocalisation en Chine de la production. «Nous profitons d'une grève très médiatique aux Etats-unis pour faire entendre la voix des ouvrières françaises», explique Me Rilov.
Le candidat Romney au coeur de la protestation
Si les manifestations autour de Sensata intéressent tant les médias américains, c'est parce que derrière le conflit social se dresse la figure de Mitt Romney, candidat républicain à l'élection présidentielle aux Etats-Unis. L'adversaire du président sortant Barack Obama a en effet promis de «remettre l'Amérique au travail et de créer 12 millions d'emplois» lors du premier débat télévisé entre les deux prétendants, début octobre. Or, Mitt Romney est aussi le fondateur du fonds d'investissement Bain Capital, propriétaire de l'usine délocalisée de Freeport, et dont les méthodes de dépeçage sont contestées. Le candidat Romney s'est néanmoins mis en congés de ses activités financières chez Bain Capital en 1999. Cela n'empêche pas une partie de la presse et le Parti démocrate de rappeler son passé...
(Source : 20 Minutes)
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