
Fin 2009, toutes catégories confondues et DOM inclus, Pôle Emploi totalise 4,688 millions d'inscrits. La progression annuelle s'élève en réalité à 19,4% et, plus trivialement, correspond à 762.000 personnes qui, grâce à la crise, ont perdu leur gagne-pain et sombré dans la précarité, si chère à Laurence Parisot.
Les «bons chiffres» de décembre dont se félicite le secrétaire d'état à l'Emploi Laurent Wauquiez, on les connaît. Inutile de radoter : on les trouve ICI ou LÀ dans leur expression la plus consensuelle... Et, une fois passée la date fatidique, on fera en sorte d'éluder le sujet jusqu'à la fin du mois suivant.
Car entre deux, vous l'avez remarqué, le chômage n'existe plus... C'est un sujet à bannir (par exemple, un reportage sur la fusion à marche forcée de l'ANPE/Assedic a été déprogrammé hier soir du magazine "Envoyé spécial", on se demande pourquoi…), ou à survoler très vite quand on ne peut pas l'éviter en proférant des généralités proches de l'ineptie (le "Ce soir ou jamais" de mardi, confondant d'indigence). Plus il est palpable, plus on fait en sorte de l'escamoter du débat public : des téléviseurs aux programmes scolaires, le chômage est un tabou qu'il faut, par tous les moyens (sauf la réhabilitation de l'emploi et de la «valeur travail»), éradiquer.
L'effet Noël, vous connaissez ?
Pour vous dire à quel point nos grands médias sont lobotomisés, notez comment, cette fois-ci, personne n'a osé relever l'évidence : si le chômage a un peu reculé, c'est parce que le mois de décembre est connu pour son activité décuplée à l'occasion des fêtes de fin d'année. Ainsi, des chômeurs ont pu décrocher un job saisonnier… et sans lendemain : en janvier, les boîtes d'intérim n'ont plus rien à proposer. D'ailleurs, malgré cette frénésie consumériste annuellement orchestrée, qu'ils ne soient que 18.700 en moins à s'être inscrits dans la catégorie A de Pôle Emploi par rapport à novembre et, qu'en décembre, seuls 10.100 soient venus gonfler le bataillon des catégories B et C (chômeurs en «activité réduite», +17,5% sur un an) serait même assez inquiétant ! Si peu d'emplois, même précaires, pour un tel surcroît d'activité laisse songeur.
Rares, donc, sont ceux qui se sont donné la peine de creuser cette fausse bonne nouvelle...
La machine à radier, elle, n'est pas en crise
On apprend tout de même ici qu'en décembre, les «radiations administratives» (sanctions prises à l'encontre des demandeurs d'emploi qui ne répondent pas aux convocations, ne se présentent pas à un entretien d'embauche, ne justifient pas de manière suffisante leur recherche ou refusent des offres dans le secteur qui les concerne) ont augmenté de 11,1% - soit 42.200 chômeurs ainsi sortis des listes - par rapport au mois précédent, et que le nombre de «cessations d'inscription pour défaut d'actualisation» représentait 40,9% des motifs de sortie de Pôle Emploi. Passons...
Des salariés qui chôment, des licenciés qui ne chôment pas
Alternatives Economiques, dont nous saluons l'esprit critique, signale que le nombre d'inscrits dans ces voies de garage, non médiatisées, que sont les catégories D (+22% sur un an) et E (+32% sur un an) - soit 525.800 personnes ignorées des chiffres officiels -, continue à progresser grâce aux dispositifs CRP/CTP + contrats aidés. D'un côté, on a de plus en plus de salariés fraîchement licenciés non considérés comme chômeurs mais comme «stagiaires de la formation professionnelle», de l'autre des chômeurs jetables qui travaillent au rabais pour des employeurs archi-subventionnés. Ainsi le gouvernement freine-t-il «l'hémorragie»...
De son côté, la CGT recense 325.000 chômeurs de plus de 57 ans qui, étant «dispensés de recherche d'emploi», ne figurent dans aucune catégorie. Interrogé hier sur France Info, son secrétaire général Bernard Thibault pronostique toujours 300.000 destructions d'emplois dans l'industrie en 2010. Et dans Le Monde, l'économiste Xavier Timbeau (OFCE) rappelle qu'actuellement, 500.000 salariés subissent toujours le chômage partiel.
Des chômeurs découragés
Le chômage de longue durée a bondi de 27,8% sur un an : ils sont désormais 1,27 million et représentent le tiers des inscrits à Pôle Emploi. Si certains sont encore indemnisés, d'autres (850.000 en 2009) sont sortis du régime. Autre face cachée des chiffres de décembre : 60% de ces «fin de droits» ne peuvent prétendre à aucun revenu de remplacement. Ne percevant aucune allocation et, de ce fait, ne voyant pas l'intérêt de continuer à pointer, ces chômeurs, stressés par le harcèlement kafkaïen de Pôle Emploi, finissent par se désinscrire et sortent des statistiques... Avec les 600.000 nouveaux «fin de droits» de 2010 qui n'auront droit à rien du tout, le phénomène va s'amplifier dans le courant de l'année, à la grande joie du gouvernement.
Wauquiez droit dans ses bottes
A part ça, le secrétaire d'état à l'Emploi a assuré hier, à l'Assemblée nationale, que «dans ce pays, personne n'est en fin de droits. Il peut y avoir des gens qui sont en fin de droits assurance-chômage, mais il n'y a pas de situation où la solidarité nationale ne s'exerce pas, parce que tout le monde a toujours le droit, et c'est une chance dans notre pays, à pouvoir bénéficier soit du RSA (Revenu de solidarité active) soit de l'ASS (Allocation spécifique de solidarité), sous condition évidemment de ne pas bénéficier de revenus qui soient au-delà des seuils».
Or, il oublie que les moins de 25 ans n'ont pas droit au RSA et que, pour ceux dont le conjoint à "la chance de travailler", le premier seuil démarre… à 1,04 Smic. Balayer ainsi d'un revers de manche les 400.000 Français qui vont basculer dans la grande pauvreté avec ces minima sociaux (environ 450 € par mois) et les 600.000 Français qui devront dépendre de l'unique "solidarité familiale", c'est vraiment immonde !
Nos dirigeants savent qu'ils sont complètement à côté de la plaque. Mais ils persistent et signent.
SH
Articles les plus récents :
- 24/02/2010 16:42 - RSA et épargne disponible : Il faut fixer un plafond !
- 20/02/2010 23:19 - Un pays de légumes dirigés par des navets !
- 16/02/2010 16:29 - Même privés de droits, les chômeurs ont toujours «des devoirs»
- 08/02/2010 12:14 - 2010, année des chômeurs «invisibles» ?
- 30/01/2010 17:41 - Sarkozy, Lagarde et Wauquiez, plus menteurs que les Pieds Nickelés
Articles les plus anciens :
- 20/01/2010 15:22 - La paupérisation explose mais le ridicule ne tue pas
- 14/01/2010 14:30 - En 2010, soyons de «mauvais» chômeurs !
- 04/12/2009 15:50 - ASS et AER : + 1,2%
- 02/12/2009 19:06 - La télé au secours de Pôle Emploi ?
- 30/11/2009 12:23 - Le gouvernement veut la peau du Smic
Commentaires
Nos dirigeants (Sarkozy, Wauquiez, Lagarde…) claironnent sur tous les toits (et dans tous les médias) que la "tendance est bonne".
Mais quelle tendance ?
Celle de décembre (-18.000 demandeurs en catégorie A), celle de 2009 (+450.000 chômeurs en catégorie A) ou celle de ces 18 derniers mois (+600.000 chômeurs en catégorie A) ?
Sans parler des autres catégories, sans parler des centaines de milliers de chômeurs qu'on escamote et des centaines de milliers qui ne pointent pas à Pôle Emploi parce qu'ils n'ont droit à rien (comme expliqué dans l'article de Sophie).
C'est HONTEUX !
Si le chômage baisse en 2010, on sait déjà que cette baisse sera "validée" par des truchements statistiques et des chiffres partiels.
Mais sur le fond, nous savons qu'on va encore détruire en 2010 des centaines de milliers de VRAIS emplois (300.000 dans l'industrie) pour les remplacer par des centaines de milliers d'emplois précaires et sous-payés ! Répondre | Répondre avec citation |
A ce jour, www.pole-emploi.fr n'a que 118.154 offres en ligne à proposer aux 2,6 millions de chômeurs de catégorie A. Des offres dont la majorité sont précaires, en doublon, bidon ou carrément obsolètes.
Vous avez dit "embellie" ? Répondre | Répondre avec citation |
catégorie A - 0,7 %
catégorie B + 2 %
catégorie C + 2,6 %
catégorie D + 4,5 %
catégorie E + 6,6 %
radiations administratives + 11,1 %
offres d'emploi collectées - 4%
resultat net catégories ABCDE, c'est + 36800 demandeurs d'emplois inscrits à l'ANPE entre novembre et décembre Répondre | Répondre avec citation |
catérorie A : 2 611 700
catérorie B et C : 1 211 900
catérorie D et E : 525 800
catégorie ABCDE : 4 349 400
catégorie ABCDE novembre 2009 : 4 312 600
TOTAL : + 36800 par rapport à novembre
ne sont pas comptés dans ces chiffres :
-Des RSastes qui pour une grosse partie ne sont pas inscrits à l'ANPE, (autre suivi)
-Des séniors de + de 55 ans,
-Les dom-tom (Réunion, Guadeloupe, Martinique et Guyane)
-Des sans droits, car moins de 25 ans, qui ne perçoivent RIEN
-Des sans droits car dépassement du plafond de ressources dans un couple, qui sont donc privés du RSA ou de l'ASS et qui n'ont droit à rien
-Des retraités qui cherchent un emploi car leur retraite ne couvre pas les charges fixes pour survivre
-Des étudiants boursiers ou non, qui cherchent des petits jobs alimentaires
estimation 2 MILLIONS au bas mot à rajouter aux chiffres "officieux" Répondre | Répondre avec citation |
- Avec la création du RSA, une grande part des ex-érémistes va devoir subir la visite de contrôle et de dressage chez popol qui devient ainsi une obligation pour la majeure partie des sans-emploi.
De toute façon, le gouvernement ne manquera pas de ressources pour imposer l'actualité qu'il souhaite afin de faire diversion et que les vrais problèmes des vrais gens soient enterrés, au moins jusqu'au mois prochain.
Il faut qu'ils tiennent jusqu'à fin février, en mars il y a les élections.
Un mauvais chiffre du chômage annoncé fin février ferait tache
Ils vont redoubler d'efforts pour qu'une telle annonce ne se produise pas, je leur fais confiance. Répondre | Répondre avec citation |
ensuite le Jour J à heure H, ils envoyent aux médias, une version très édulcorée avec qq chiffres, de façons à ce que ces derniers n'en sachent pas trop.
le vrai rapport mensuel qui fait 8 pages :
www.travail-solidarite.gouv.fr/IMG/pdf/2010-005.pdf
très peu de journalistes en prennent connaissance, et encore moins prennent la peine parmis les rares qui y ont accès, de décortiquer les chiffres éparpillés sur 8 pages, pour en démontrer le désastre.
rajouter à cela, la complaisance des gros médias, envers le gouvernement, surtout quand ces medias appartiennent aux proches du président (amis, parrain du fiston, témoin de mariage etc marchand d'armes UMP ..)
bref j'espère que le peuple est pas trop con, pour croire à cette propagande .. Répondre | Répondre avec citation |
Il lui reviendra de gérer - sous peu - le déficit abyssal de l'UNEDIC : 15 milliards d'€, avec les "partenaires sociaux" et l'aval du gouvernement, en la personne de Laurent Wauquiez, l'homme qui estime que "la tendance est bonne".
D'ailleurs, à ce propos, en réécoutant Wauquiez (dans la vidéo qu'on trouve en page d'accueil du site), on constate que notre secrétaire d'État à l'Emploi cite parmi les mesures qui portent leurs fruits (et quels fruits ! -18.000 chômeurs de catégorie A en décembre et 600.000 de plus en 18 mois) : "0 charges".
Vous remarquerez qu'il le dit vite ce "0 charges" (pour les employeurs).
Mais ce "0 charges", c'est SURTOUT "0 cotisations" !!!
"0 cotisations" aux comptes sociaux et donc à l'Assurance-chômage. D'où le déficit qui se creuse :
+ de chômeurs et - de cotisations !!!
Ainsi, il admet explicitement - ce qu'on savait déjà évidemment ici - que :
• Notre gouvernement considère la protection sociale de toutes et de tous comme une charge et non comme un droit.
• Que c'est la collectivité qui supporte le poids financier des licenciements massifs de ces derniers mois, motivés par la réduction des coûts de production et la stabilisation (ou l'augmentation) des marges bénéficiaires des entreprises.
++++++++++++++
La "tendance est - effectivement - bonne" :
Celle qui consiste à accroître les déficits publics, à exonérer les patrons de cotisations sociales ("charges", dans la bouche de Wauquiez), tout en se retrouvant au bout de 18 mois avec +600.000 chômeurs dans la seule catégorie A.
Wauquiez est décidément impayable !
Et ne comptons pas sur la CFDT pour le remettre à sa place ! Répondre | Répondre avec citation |
15 milliards c'est pas tant abyssal que ça, par rapport aux 1300 Milliards qui font des petits, sur les assurances vie des Français…
certains comptes garnis de plusieurs millions d'euros, comme celui du président.
par rapport aux cadeaux fiscaux, tout les ans, aux + riches :
-bouclier fiscal
-niches fiscales
-parts fiscales qui font que la redistribution, se fait +, par le haut au final (parfaitement démontré sur observatoire des inégalités), que pour les classes moyennes
-éxonérations des gros héritages, pour échapper aux impots et à la solidarité nationale
-créations de SCI pour echapper aux impots
-évasions fiscales, paradis fiscaux
-milliards qui passent en frais non-imposables, pour tout un tas de professions, de castes, très grosses largesses du fisc
-régimes spéciaux pour les politiques, journalistes, auquels on ne touche pas, tellement mieux d'oter les miettes aux cheminots ..
bref et j'en passe et des meilleurs Répondre | Répondre avec citation |
Cherchez l'erreur! Répondre | Répondre avec citation |
tu sais defois c'est dur de se mobiliser, s'unir, quand on est tout les jours à simplement de demander si on va pouvoir bouffer, pas se retrouver en taule, ou se prendre une prune avec voiture pas en rêgle, ou perdre son logement, ou se faire radier abusivement et couper de nos maigres ressources, ou couper l'electricité etc ..
déjà faut la force de pas se fouttre en l'air ou de pas tomber en grosse dépréssion .. alors se mobiliser, sans moyens de se déplacer facilement, sans locaux permanents etc .. dur dur.
c'est pas un défilé dans la rue qui dérangera les exploiteurs de misère et leur gardes chiourmes à la tête de l'état.
y a qu'une bonne révolution, avec des leaders qui sont pas encore trop dans la misère ni trop cassés pour motiver les troupes, qui pourrait faire bouger cette politique criminelle. Répondre | Répondre avec citation |
Le nombre des demandeurs d'emploi de catégorie A a augmenté de 19.500 personnes (+0,7%) au mois de janvier, à 2.664.600 personnes, alors qu'il était resté stable en décembre contre une baisse initialement annoncée de 0,7%.
Les révisions menées chaque année en janvier par le ministère sur les coefficients de correction des variations saisonnières et des effets de jours ouvrables ont conduit à réviser certaines variations mensuelles des chiffres du chômage et à revoir à la hausse les chiffres à la fin de l'année 2009.
Pour la catégorie A, le nombre d'inscrits est relevé de 23.400 personnes à 2.645.100 personnes à fin décembre. Au final, le taux de variation annuel s'élève à 18,7% et non 18,5%.
Pour les catégories A, B et C, le chiffre à fin décembre est révisé en hausse de 24.600 à 3.849.200. La hausse sur un mois est de 0,6% et non plus de 0,2%. Le taux de variation annuel est inchangé à 18,2%. Répondre | Répondre avec citation |