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Accueil Social, économie et politique En 2010, soyons de «mauvais» chômeurs !

En 2010, soyons de «mauvais» chômeurs !

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Le Mouvement des Chômeurs et Précaires en Lutte de Rennes appelle à une «grève des chômeurs». Nous appelons à la prise de conscience, puis au refus par la résistance, qu'elle soit active ou passive.

Vous êtes sans emploi. Votre motivation et votre moral baissent à vue d'œil. C'est l'angoisse, c'est l'impasse mais, sans savoir lesquelles, vous souhaitez tout de même prendre de bonnes résolutions pour 2010 ? Voici quelques idées...

Tout d'abord, nous vous invitons à lire cet appel du MCPL, une association de défense des chômeurs et précaires très active en Bretagne => CLIQUEZ ICI

Maintenant, choisissez votre camp...

A travers les notions de «bon» et de «mauvais» chômeur, excellemment développées dans ce texte, on perçoit toute l'ignominie du système. Le «bon» chômeur - le demandeur d'emploi ou «D.E.» - est celui qui, pétri de culpabilité et de craintes, se soumet aux dictats du discours dominant (Travailler est un devoir moral dont l'hypothétique récompense se nomme «pouvoir d'achat»…) et du modèle économique idoine : son marché du travail, qui considère que vous êtes une marchandise qui doit savoir «se vendre» et vous réserve des emplois de plus en plus rares, dégradés et ne permettant pas de vivre; ses employeurs sans scrupules qui, n'ayant que l'embarras du choix, en profitent; son service public de l'emploi, bras armé d'un gouvernement mû par le business et la répression, qui vous maltraite et dont les méthodes confinent à l'absurde. Le «mauvais» chômeur est celui qui n'est pas dupe, a bien analysé les causes de sa situation, s'est aperçu qu'il n'est pas un coupable mais une victime, a repris confiance en lui (à défaut d'avoir confiance en un modèle de société qui, après l'avoir écarté, le stigmatise) et refuse dignement de se soumettre.

L'exposé du MCPL de Rennes, d'une grande justesse, dénonce les aberrations d'un système et d'un mode de pensée aussi dominateurs - pour ne pas dire esclavagistes - qu'archaïques. Il met en doute la centralité du travail dans notre société, son contenu, son rôle et son utilité, et réaffirme la nécessité d'un retour à des valeurs centrées sur l'humain, le respect, ainsi qu'à une véritable répartition des richesses. Le questionnement est non seulement économique, mais philosophique. Cependant, à nos yeux, deux (petites) maladresses figurent dans son titre et son chapeau...

Pas d'insurrection sociale en vue

D'abord, les mots ont un sens et la grève, droit réservé exclusivement aux salariés, ne peut s'appliquer aux exclus de l'emploi. Le mot "grève" est même dissuasif car il renvoie à des luttes de type classique qui n'ont hélas que peu, voire plus du tout d'effet. Ici, les mots REFUS et RÉSISTANCE - qu'elle soit active ou larvée - sont plus appropriés. Ces démarches de refus et de résistance ne vont, d'ailleurs, pas sans une PRISE DE CONSCIENCE initiale, aussi longue que profonde : à la fin de ce billet, nous vous proposons de quoi vous aider à la mettre en œuvre.

Ensuite, l'auteur se méprend sur l'émergence d'un éventuel mouvement de chômeurs qui hanterait le pouvoir sarkozyste. Pouvoir qui succède à des décennies de politiques - de "gauche" comme de droite - de régression sociale et de formatage idéologique de la population, et dispose d'un arsenal répressif particulièrement bien rodé. Non : le pouvoir sarkozyste ne craint ni une révolte des salariés (largement baladés, l'année dernière, par des syndicats complaisants à l'occasion de promenades digestives…) ni une révolte des chômeurs (cela fait des années que les associations, nous compris, échouent à les mobiliser. La plupart d'entre eux, quand ils ne sont pas profondément individualistes, ont honte de s'afficher) !

Alors, pourquoi cette apathie générale ? Le blogueur Seb Musset l'explique clairement ici...

L'inertie est une force

Certes une minorité d'individus de bonne volonté, soucieux de justice, vont s'organiser, rejoindre les associations qui luttent pour faire valoir leurs droits ou en créer de nouvelles. Mais l'immense majorité des chômeurs (comme celle des salariés), inconsciente de l'ignominie du système et surtout, malheureusement, de son propre POUVOIR DE NUISANCE, ne bouge pas.

Pourtant l'inertie, quand elle n'est pas subie mais volontaire, peut être terriblement efficace. L'âne qui refuse d'avancer réduit son propriétaire à l'impuissance. Imaginez le désarroi des patrons si tous les Smicards et autres salariés sous-payés appliquaient le principe «À mauvaise paie, mauvais travail !», cher à Emile Pouget, en exécutant le nombre de tâches qu'ils estiment proportionnel à leur misérable salaire ! De même, saboter son travail en loucedé et à plusieurs peut gripper le fonctionnement d'une entreprise... Même chose pour le chômeur face à l'employeur qui le cuisine lors d'un entretien d'embauche pour un job de crevard, ou face au conseiller Pôle Emploi qui veut lui forcer la main pour une prestation bidon, un contrat aidé ou une EMT gratuite : avec le premier, on peut toujours aborder les sujets qui fâchent (Y a-t-il un syndicat dans votre boîte ?); avec le second dire toujours "oui, oui" par devant… et faire l'âne par derrière. Manipuler, contourner, faire semblant est à la portée de tout individu ayant d'un minimum d'aplomb et d'intelligence.

En 2010, soyons de «mauvais» chômeurs : Refusons, avec virulence ou discrétion selon notre caractère ou nos capacités, l'infect brouet qu'on nous sert. Et pour ceux/celles qui préfèrent l'action discrète, il est bon de redire que cette forme de lutte silencieuse - qu'on peut qualifier de «résistance passive» - n'est pas inefficace : elle a, autrefois et ailleurs, fait ses preuves. «Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de l'ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre», écrivait La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire. Loin d'être méprisable, cette passivité assumée ressemble fort à ce que Sun Tzu professait il y a vingt-cinq siècles dans son Art de la guerre : vaincre sans jamais avoir à livrer de combat, accomplir un invisible travail de sape qui va neutraliser l'adversaire.

SH

Mode d'emploi
Pour vous aider à cette prise de conscience et vous inspirer dans vos actes futurs de résistance au quotidien, dans l'ombre ou à la lumière, voici deux rubriques à parcourir sans modération :
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Ainsi, nous vous souhaitons de passer la meilleure année 2010 possible.


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Mis à jour ( Lundi, 18 Avril 2011 08:28 )  

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