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Tout d'abord, nous vous invitons à lire cet appel du MCPL, une association de défense des chômeurs et précaires très active en Bretagne => CLIQUEZ ICI
Maintenant, choisissez votre camp...
A travers les notions de «bon» et de «mauvais» chômeur, excellemment développées dans ce texte, on perçoit toute l'ignominie du système. Le «bon» chômeur - le demandeur d'emploi ou «D.E.» - est celui qui, pétri de culpabilité et de craintes, se soumet aux dictats du discours dominant (Travailler est un devoir moral dont l'hypothétique récompense se nomme «pouvoir d'achat»…) et du modèle économique idoine : son marché du travail, qui considère que vous êtes une marchandise qui doit savoir «se vendre» et vous réserve des emplois de plus en plus rares, dégradés et ne permettant pas de vivre; ses employeurs sans scrupules qui, n'ayant que l'embarras du choix, en profitent; son service public de l'emploi, bras armé d'un gouvernement mû par le business et la répression, qui vous maltraite et dont les méthodes confinent à l'absurde. Le «mauvais» chômeur est celui qui n'est pas dupe, a bien analysé les causes de sa situation, s'est aperçu qu'il n'est pas un coupable mais une victime, a repris confiance en lui (à défaut d'avoir confiance en un modèle de société qui, après l'avoir écarté, le stigmatise) et refuse dignement de se soumettre.
L'exposé du MCPL de Rennes, d'une grande justesse, dénonce les aberrations d'un système et d'un mode de pensée aussi dominateurs - pour ne pas dire esclavagistes - qu'archaïques. Il met en doute la centralité du travail dans notre société, son contenu, son rôle et son utilité, et réaffirme la nécessité d'un retour à des valeurs centrées sur l'humain, le respect, ainsi qu'à une véritable répartition des richesses. Le questionnement est non seulement économique, mais philosophique. Cependant, à nos yeux, deux (petites) maladresses figurent dans son titre et son chapeau...
Pas d'insurrection sociale en vue
D'abord, les mots ont un sens et la grève, droit réservé exclusivement aux salariés, ne peut s'appliquer aux exclus de l'emploi. Le mot "grève" est même dissuasif car il renvoie à des luttes de type classique qui n'ont hélas que peu, voire plus du tout d'effet. Ici, les mots REFUS et RÉSISTANCE - qu'elle soit active ou larvée - sont plus appropriés. Ces démarches de refus et de résistance ne vont, d'ailleurs, pas sans une PRISE DE CONSCIENCE initiale, aussi longue que profonde : à la fin de ce billet, nous vous proposons de quoi vous aider à la mettre en œuvre.
Ensuite, l'auteur se méprend sur l'émergence d'un éventuel mouvement de chômeurs qui hanterait le pouvoir sarkozyste. Pouvoir qui succède à des décennies de politiques - de "gauche" comme de droite - de régression sociale et de formatage idéologique de la population, et dispose d'un arsenal répressif particulièrement bien rodé. Non : le pouvoir sarkozyste ne craint ni une révolte des salariés (largement baladés, l'année dernière, par des syndicats complaisants à l'occasion de promenades digestives…) ni une révolte des chômeurs (cela fait des années que les associations, nous compris, échouent à les mobiliser. La plupart d'entre eux, quand ils ne sont pas profondément individualistes, ont honte de s'afficher) !
Alors, pourquoi cette apathie générale ? Le blogueur Seb Musset l'explique clairement ici...
L'inertie est une force
Certes une minorité d'individus de bonne volonté, soucieux de justice, vont s'organiser, rejoindre les associations qui luttent pour faire valoir leurs droits ou en créer de nouvelles. Mais l'immense majorité des chômeurs (comme celle des salariés), inconsciente de l'ignominie du système et surtout, malheureusement, de son propre POUVOIR DE NUISANCE, ne bouge pas.
Pourtant l'inertie, quand elle n'est pas subie mais volontaire, peut être terriblement efficace. L'âne qui refuse d'avancer réduit son propriétaire à l'impuissance. Imaginez le désarroi des patrons si tous les Smicards et autres salariés sous-payés appliquaient le principe «À mauvaise paie, mauvais travail !», cher à Emile Pouget, en exécutant le nombre de tâches qu'ils estiment proportionnel à leur misérable salaire ! De même, saboter son travail en loucedé et à plusieurs peut gripper le fonctionnement d'une entreprise... Même chose pour le chômeur face à l'employeur qui le cuisine lors d'un entretien d'embauche pour un job de crevard, ou face au conseiller Pôle Emploi qui veut lui forcer la main pour une prestation bidon, un contrat aidé ou une EMT gratuite : avec le premier, on peut toujours aborder les sujets qui fâchent (Y a-t-il un syndicat dans votre boîte ?); avec le second dire toujours "oui, oui" par devant… et faire l'âne par derrière. Manipuler, contourner, faire semblant est à la portée de tout individu ayant d'un minimum d'aplomb et d'intelligence.
En 2010, soyons de «mauvais» chômeurs : Refusons, avec virulence ou discrétion selon notre caractère ou nos capacités, l'infect brouet qu'on nous sert. Et pour ceux/celles qui préfèrent l'action discrète, il est bon de redire que cette forme de lutte silencieuse - qu'on peut qualifier de «résistance passive» - n'est pas inefficace : elle a, autrefois et ailleurs, fait ses preuves. «Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de l'ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre», écrivait La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire. Loin d'être méprisable, cette passivité assumée ressemble fort à ce que Sun Tzu professait il y a vingt-cinq siècles dans son Art de la guerre : vaincre sans jamais avoir à livrer de combat, accomplir un invisible travail de sape qui va neutraliser l'adversaire.
SH
Mode d'emploi
Pour vous aider à cette prise de conscience et vous inspirer dans vos actes futurs de résistance au quotidien, dans l'ombre ou à la lumière, voici deux rubriques à parcourir sans modération :
• VIVRE LE CHÔMAGE
• NOTRE SÉLECTION DE LIVRES
Ainsi, nous vous souhaitons de passer la meilleure année 2010 possible.
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Commentaires
Plus de RSA, plus de Pôle Emploi, plus aucune alloc de quelque sorte que ce soit, plus de CMU, plus de portable, je vais couper ma connexion Web ( Hadopi, Loppsi2, merci bien )… Décroissance.
Si je me tire en Ardèche, je vais me faire braquer par des voyous encagoulés et armés à la botte du Rat.
Seule solution: "tu l'aimes ou tu la quittes" ? Mais qu'avons nous fait à cette bande de soudards des Hauts-de-Seine pour que ces misérables incompétents nous traitent de la sorte ?Pourquoi une bande de dégénérés tous plus voyous les uns que les autres nous imposent ils leurs actions néfastes ?
Je jette l'éponge; on a que ce qu'on mérite; on est des lavettes apeurés qui ne pensons qu'a notre confort, qui sacrifions nos valeurs humaines au prix d'une sécurité dégueulasse.
Alors, "je la quitte". Résistance passive de loin. Le plus loin possible. Répondre | Répondre avec citation |
Et allez régulièrement en petit comité pour se faire jeter par la direction d'une agence pôle emploi parce-qu'on vient défendre les droits d'un gars qui est en galère, ça ne mène nulle part. Ca rend sevice au gars, et encore c'est à vérifier, et après? La merde continue pour tous les autres, elle s'en bat la face de ces gesticulations.
La meilleure attitude est au contraire de résister en douceur, de ne jamais permettre une faille, de se regrouper pour en parler certes, pour trouver des idées, pour cesser d'avoir peur, mais préférer par pitié l'action discrète.
Ou bien comme Pyrogalol, il y a aussi le choix de partir. Et ma foi je crains effectivement que plus le temps passe, plus c'est la seule alternative qui reste quand on est attaché à des valeurs humanistes et qu'on refuse d'user sa vie dans un pays qui sombre dans le néo-fascisme. Répondre | Répondre avec citation |
J'irais même plus loin, en proposant une réflexion sur la manière de considérer les périodes d'une vie (de plus en plus nombreux) consacrés à l'inactivité salariée.
En effet, on peut aussi être créateur de "richesses", en consacrant ces périodes par du bénévolat, de la culture, de la formation…
Il me semble que le temps est venu, de replacer l'activité salariée à sa juste place, qui est loin à mon avis d'être prioritaire.
qu'en pensez vous ? Répondre | Répondre avec citation |
- Prime à la sieste
- Défiscalisation des heures de bouffe, de baise et de sommeil
- Valorisation intelligente des Paradis
FiscauxArtificiels Doux- Baisse de la TVA sur les sourires, les visages lumineux, le silence et la paix.
- Formation Continue Gratuite: comment booster votre passivité et la rendre créatrice, non pas de "richesses" , mais de valeurs humaines.
- Trucs et astuces divers: comment exploser une télévision avec un souffle de vent, défoncer la gueule de notre gouvernement pourri avec un rayon de soleil, pulvériser les stades de foot avec l'air du temps…
Dans ce sens, n'oubliez pas de travailler plus… Et gratos ! Répondre | Répondre avec citation |
Memes si nous ne sommes pas des revolutionaires dans l'ame et que vous avez peur de vous montrer dans la rue (ca peut se comprendre et c'est normal j'ai envie de dire)
millitez au moins par le net ! profitez en tant que internet n'est pas censuré comme en chine ! d'ailleur la france devient un pays similaire + de censure, aucune liberté d'expression (non non aucune sur les sujets sensibles je vous assure )
travaille comme des esclaves a se faire engeuler qu'on travaille mal par un inspecteur des travaux finits… et j'en passe Répondre | Répondre avec citation |
Militer via le Net ? Je vais ILLICO soutenir Actuchomage par un don de 20 € via PayPal ( pour son excellent travail de sape concernant les arcannes maudites du RSA, entre autre )
J'ai acheté aussi la Décroissance qui vient de sortir.
Faites comme moi: ne soyez pas un mauvais chomeur, soyez un chomeur pourri ! Répondre | Répondre avec citation |
En tant que mauvais chômeur, je tiens a manifester mon ras-le-bol de voir mes week-end de 5 jours encombrés par tous ces Travailleurs qui sont relâchés par leurs patrons-voyous.
Parce que les Travailleurs, c'est pareil que les Auvergnats: quand y'en a un, ça va, c'est quand y'en a plusieurs que ça pose des problèmes !
Moi, je dis que si ces gens-là veuillent travailler, y z'ont qu'a le faire chez eux, dans leurs Bureaux, dans leurs Usines, en Thine, en Nazie.
Et je suis pas rascisme, hein ! J'ai moi-même un ami qui est Travailleur: ben, il est presque normal ( le mec )… Pas Trick Balkany, mais presque !
Y nous faudrait un homme à poigne , UN VRAI BRANLEUR: la France, c'est la Patrie des Droits de l'Homme, pas des Travailleurs, merde à la fin.
LA FRANCE AUX CHOMEURS ! La tête haute et les mains dans les poches !
( Demain: VOTRE VOISIN EST-IL UN VRAI MAUVAIS CHOMEUR ? ) Répondre | Répondre avec citation |
Vu ce matin dans Mediapart: Martin veut démissionner !
La technique de Martin, mauvais chômeur ? Se déguiser en Bisounours, foutre le bordel et quitter le navire: bel exemple de sabotage en Entreprise.
La ruse de Martin, mauvais chômeur ? Refuser tout poste à responsabilité, garder un statut de "Commissaire", ce qui n'engage à rien: bel exemple d'irresponsabilit é en Entreprise.
MARTIN AVEC NOUS ! LA FRANCE AUX CHÔMEURS ! Répondre | Répondre avec citation |
( Une interview presqu' imaginaire de Pyrogalol pour Actuchomage )
P: Alors, Doc, ce passage en Sarkoland ?
D.G: Arhh, m'en parle pas, man… J'me suis fait carotter en beauté…
P:Pire que fumer du pneu des Haut-de-Seine ?
G.G: Pffou, du véritable Tchernobyl, même moi, quand je dealais, je fourguais pas une daube pareille…
P: Donc, retour à la case Pôle-Emploi ? Chez les voyous des Hauts-de-Seine ?
D.G: C'est la tragédie du Rap, Man ! Heeuuurph, tu m'diras, chez Pôle Emploi, y sont encore plus enfumés que moi…
P: Donc ?
D.G: Kofff… Même le deal, c'est mort ! Répondre | Répondre avec citation |