Et chaque année, au cours d'une âpre négociation, les "partenaires sociaux" de l'Unedic s'écharpent tels des marchands de tapis sur le taux de revalorisation à appliquer, le patronat (Medef, CGPME, UPA) prônant invariablement une austérité punitive et les syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC) la clémence.
Verdict : sur la même base que les minimas sociaux (ASS, RSA…) qui sont, eux, révisés chaque 1er janvier (+1,2% en 2010), c'est donc d'une aumône équivalente que les 2,6 millions de chômeurs indemnisés par le régime — et dont les effectifs ont crû de 13% en un an — devront se contenter.
Une inflation qui ne trompe personne
+1,2% pour les victimes les plus durement touchées par la crise et le chômage, un taux qui colle pile-poil avec les prévisions gouvernementales sur l'inflation en 2010 ! L'Insee, elle, tablerait plutôt sur 1,6%. Mais tout le monde sait que ces savants calculs ne sont que du pipeau : pour s'en convaincre, il suffit d'éplucher la liste des traditionnelles augmentations de juillet dont la plus faible (celle des billets de train Corail, Intercités et TER) atteint déjà 2,5%.
Les besoins élémentaires (manger, se loger, se protéger du froid) sont de moins en moins à la portée d'une partie grandissante de la population. Le prix des denrées alimentaires, par exemple, ne cesse de grimper. Quant au prix du gaz, il a bondi de 15% depuis le début de l'année ! Conséquence : le nombre de factures impayées explose, et les coupures avec. Idem pour les loyers : dans le parc HLM, les impayés sont «en nette progression» (+13%) et concernent désormais «6,1% des ménages occupants»… avec, à la clé, le doublement des expulsions.
Un mépris permanent, et renouvelé
De tous temps, les chômeurs sont jugés responsables de leur situation et les revalorisations accordées reflètent cet état d'esprit : +1% en 2009, +2,5% en 2008 (l'orgie !), +1,95% en 2007, +2% en 2006… et rien du tout en 2005. Si le nombre d'imbéciles persuadés de la culpabilité des privés d'emploi a reculé avec la crise, il en reste encore beaucoup, et notamment dans les hautes sphères du pouvoir.
Pour rappel :
• La moitié des chômeurs indemnisés touche une allocation inférieure ou égale à 966 €/mois.
• Un chômeur sur deux n'est pas indemnisé par le régime d'assurance chômage et une partie survit aux minima sociaux (ASS, RSA… 450 € par mois).
• Trois chômeurs sur 10 n'ont aucune couverture sociale : ni indemnisation chômage, ni allocation de solidarité versée par l'Etat (ASS, AER…), ni RSA. Rien.
Mais ces "assistés" ne doivent même pas se plaindre car ils sont mieux lotis que les Smicards qui n'ont eu droit qu'à 0,5% de revalorisation au 1er janvier 2010, sans "coup de pouce". Sans parler des nombreux salariés qui ont eu zéro augmentation.
Lentement mais sûrement, la misère s'installe. D'ici 2012, elle va battre des records. L'heure est grave mais, qu'à cela ne tienne, ceux qui nous gouvernent préfèrent scier la branche, rajoutant de la rigueur à la rigueur, au risque de compromettre toute reprise économique et nous faire plonger dans la récession. Tels des lemmings, c'est bien vers ce gouffre que nous allons.
SH
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