En effet : il ne faut surtout pas agresser les riches en les taxant, et vous rapportez trop peu à la collectivité. Vous êtes même un "assisté" qui bénéficie d'une allocation de chômage, de l'ASS ou du RSA; ainsi, votre charge fiscale a baissé ou vous êtes même devenu non imposable. Alors, que faire ?
Face à la crise qui a considérablement vidé les caisses de l'Etat, il est demandé un effort de solidarité à (presque) tous les Français. Même vous, qui avez du mal à payer votre facture de gaz ou honorer votre loyer, devez apporter votre concours.
Si on ne peut pas vous demander de payer des impôts puisque, vivant sous le seuil de pauvreté ou à peine au Smic, vous en êtes exonéré, ma foi, il faut taper directement au porte-monnaie par le biais de vos dépenses courantes, c'est le plus simple.
Internet, outil du chômeur
Pour réduire votre facture de téléphone et accéder à Internet afin de faciliter et élargir votre recherche d'emploi, trouver les informations dont vous avez besoin et ne pas rester isolé, vous avez opté pour une offre "triple-play" à 30 ou 35 € par mois ? Plus question de vous en tirer à si bon compte !
Arguant "les demandes de Bruxelles", après moult tergiversations, le ministère de l'Economie et des Finances annonce qu'il va finalement proposer d'appliquer un taux de TVA unique à 19,6% sur l'ensemble des offres "triple-play" dans son projet de budget pour 2011 présenté fin septembre. Cette disposition permettra à l'Etat d'engranger "plusieurs centaines de millions d'euros" de recettes supplémentaires dès l'année prochaine.
Pour vous, chômeur pour qui Internet n'est pas qu'un outil de distraction, cela représentera une augmentation de votre forfait de 2 à 3 € par mois, soit environ 30 € par an. Tel est le prix de la solidarité.
Le tabac, drogue du chômeur
On le sait, fumer, c'est pas bien ! On le sait aussi : le chômage et la précarité accroissent les addictions. Pour ceux qui se serrent la ceinture au maximum, ne sortent plus, sont déjà obligés de renoncer à tout, voici l'occasion d'en finir avec leur dernier vice, sinon de payer davantage ce luxe nocif afin de participer à l'effort national.
Le 8 novembre, le prix du tabac va augmenter de 6%. En clair, les paquets de Gauloises ou de JPS vont passer de 5,10 à 5,40 €. Ceux des Marlboro de 5,60 à 5,90 €. Faites le compte ! Pour un fumeur "raisonnable" (on va dire, 10 paquets par mois), il faudra allonger 40 € de plus par an.
Mais ce n'est pas tout. Amis chômeurs-fumeurs qui, pour faire des économies, vous étiez rabattus sur le tabac à rouler, l'augmentation du paquet sera de 40 centimes, ce qui alignera le tarif minimum de la blague (je sais, c'est pas drôle…) à celui du paquet de 20 cigarettes le moins cher.
Ainsi, par votre effort, les revenus de la fiscalité du tabac devraient rapporter de 400 à 500 millions d'euros de plus que l'année dernière, sachant qu'ils avaient alors rapporté 10 milliards d'euros de taxe pour la Sécu et 3 milliards de TVA au budget de l'État.
Pour ce petit milliard supplémentaire (internet + clopes) gagné en 2011, d'avance Bercy vous remercie de votre aimable contribution.
SH
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Commentaires
L'impôt sur le revenu, censé être juste car progressif (plus on gagne, plus on paie), ne pèse que 20% dans la fiscalité française, un poids qui diminue en faveur des plus aisés depuis plus de deux décennies de réformes. Répondre | Répondre avec citation |
Extraits :
Une étude suédoise de 2006 portant sur 31.164 personnes a relevé un tabagisme beaucoup plus intense chez les chômeurs. La cigarette fait partie de la panoplie du déclassé, de l’exclu. Elle trompe l’ennui, la solitude. Elle coupe la faim. Mais surtout, le tabac est un antistress puissant. Un des effets de la nicotine est de provoquer un phénomène de détente. Alors, quand un fumeur traverse une période de difficile, il va naturellement ressentir le besoin de fumer plus.
En augmentant le prix du tabac, on ne fait qu’accentuer l’exclusion d’une partie des plus défavorisés. Le prix ne freine pas systématiquemen t l’addiction.
Le tabac est une drogue qui coûte cher. Alors, quand vous êtes dans la misère, vous avez tendance à optimiser votre consommation de cigarettes. Mais on sait que cela entraîne des conduites encore plus dangereuses. Par exemple, fumer les cigarettes jusqu’à la limite du filtre ou réutiliser des mégots déjà fumés.
Toute période de crise favorise les comportements addictifs. Pendant les guerres, l’alcoolisme et le tabagisme croissent. Je crains qu’avec la période difficile qui s’annonce, et la paupérisation, aussi paradoxal que cela puisse paraître, le nombre de gros fumeurs ne diminue pas. Répondre | Répondre avec citation |
Alors oui, qques fois, je me demande pourquoi je me casse la tête à bosser 50 heures par semaine pour qu'on m'en prenne autant, là ou j'ai l'impression que d'autres arrivent, à cause à la forte progressivité de l'impôt et aux généreuses aides publiques, à gagner quasiment la même chose en se foulant beaucoup moins..Donc je ne pleure pas pour 5 euro / mois à payer par ts pour des services non vitaux. Pas de troll, mais je tenais à relativiser et à donner mon avis :-). Merci ! Répondre | Répondre avec citation |
Oui, vous avez raison, on se demande ce qui est le mieux : être pauvre parce qu'on est au chômage, ou être pauvre en travaillant… Répondre | Répondre avec citation |
La loi NOME, vous connaissez ?
Sinon, en Belgique, les salaires sont nettement plus élevés qu'en France. Répondre | Répondre avec citation |
Une chose est sûre : Bruxelles n'a jamais réclamé que la TVA sur les box passe au taux plein sur 100% de la facture. La Commission conteste l'application forfaitaire, car deux taux ne peuvent s'appliquer que s'ils correspondent à deux prestations distinctes, et parce que tous les abonnés n'ont pas techniquement accès au service de télévision. Elle estime que cela représente moins de la moitié de la facture des offres triple-play. Alors, le projet du gouvernement ouvre-t-il la porte à un recours, dans la mesure où la TVA sur les chaînes payantes (Canal +…) reste à 5,5% ?
Lire tout l'article Répondre | Répondre avec citation |
Et puis jmen fous, ni télé, ni téléphone, et pas d'abonnement internet! Répondre | Répondre avec citation |
Les profits des FAI n'ont jamais été aussi élevés. Les bénéfices de SFR, qui propose des box et des mobiles, se stabilisent aux alentours de… 2,5 milliards d'euros par an (chiffres 2008 et 2009). Au total, d'après un professionnel du secteur qui souhaite garder l'anonymat, les marges brutes des opérateurs, pour leur seul service internet (hors mobile donc) avoisinent les 40%. Pour Free, selon Libération, cela ne représente "que" environ 300 millions d'euros par an; mais il est vrai qu'il n'est "que" FAI. Ne plaignons pas trop Free : l'opérateur a vu ses bénéfices augmenter de 75% entre 2008 et 2009.
Ces marges s'expliquent par la nature même de l'activité qui fonctionne dans une économie à coût fixe : dès lors que les infrastructures sont opérationnelles , mettre du contenu dans les tuyaux — internet, télévision, téléphonie — ne coûte quasiment rien.
Pas étonnant donc que le gouvernement s'intéresse à ses machines à cash…
(Source : Arrêt sur Images)
"Machines à cash" qui, malgré leurs marges qu'elles souhaiteront absolument préserver, répercuteront cette hausse sur les consommateurs. Répondre | Répondre avec citation |