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D'abord, les sans emploi de moins de 25 ans ayant épuisé leurs droits au chômage pourront demander le RSA "socle" (460 €/mois, ou 405 € s'ils sont indépendants et bénéficient d'une APL qui justifie que la CAF leur retire 55 € de "forfait logement"…) après avoir fourni l'attestion de rejet à l'ASS de Pôle Emploi. Pour ceux qui l'ont foutue à la poubelle, il va falloir la redemander... Ensuite, pour ceux qui vivent toujours chez leurs parents, gare aux embrouilles !
Quant aux moins de 25 ans qui ont "la chance d'avoir un travail" et dont les ressources mensuelles (salaires, pensions, prestations sociales…) sont, théoriquement, inférieures à 1.196 € pourront, à partir d'octobre, toucher un "complément d'activité". Par exemple, "un jeune qui perçoit 500 € de revenu d'activité par mois recevra 215 € de RSA", a indiqué le ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives, Marc-Philippe Daubresse.
Le calcul n'est pas si évident. Pour estimer son montant, voici une piste. Quand au test d'éligibilité de la CAF, le module n'est pas encore à jour... Par curiosité, je me suis fait passer pour un jeune salarié célibataire de 26 ans — puisque c'est toujours interdit aux moins de 25 — gagnant 800 € par mois, ne vivant plus chez ses parents mais recevant de leur part une aide mensuelle de 150 €, et percevant une APL de 150 € : il m'a été répondu que "d'après nos calculs, vous ne remplissez pas la condition de ressources pour bénéficier du RSA"... Bref, passons !
Un dispositif irréaliste et discriminatoire
Avec ou sans emploi, "jeune" ou pas, on le rappelle, l'attribution du RSA est soumise à une déclaration trimestrielle de ressources (DTR) particulièrement intrusive.
Et, avec ou sans emploi, pour être éligible au RSA Jeunes, il faudra justifier de 3.214 heures, soit deux années d'activité salariée à temps plein, sur les 36 derniers mois... De quoi bien garnir son dossier. L'enchaînement de petits boulots précaires étant le lot de la plupart d'entre eux, le ministre a reconnu que, pour beaucoup, il pourrait être difficile de rassembler tous les justificatifs des différents emplois passés.
Surtout, cette restriction — qui est à mille lieux de la réalité du marché du travail pour les jeunes aujourd'hui ! — n'est pas appliquée aux autres, demandeurs et/ou bénéficiaires plus âgés. La clause est non seulement discriminatoire, mais particulièrement inéquitable car elle favorise des jeunes plus "employables" que la moyenne au détriment des très précaires, des stagiaires, ou ceux qui achèvent une mission de service civique. Julien Bayou, conseiller régional d'Ile-de-France pour Europe Ecologie et fondateur de Génération précaire, invite tous ces exclus d'office à saisir en masse le tribunal administratif pour violation de l'égalité des citoyens devant la loi => Voir son interview en vidéo ci-dessous.
Autant en emporte le vent
Selon les chiffres officiels de 2009, il y avait en France 770.000 jeunes de 16 à 25 ans au chômage [1]. Parmi eux, seuls 120.000 étaient considérés comme "non qualifiés"; ce qui signifie que les 650.000 autres, pourtant diplômés, peinent à intéresser les recruteurs. Malgré cela, sur des estimations de la DARES, l'Elysée a décrété que le "potentiel maximum du public" auquel s'adresse cette extension du RSA ne serait que de 160.000 [2].
Avec les conditions drastiques qui lui sont assorties, ce sera encore moins : selon le Secours Catholique, "seul un quart des jeunes concernés, soit environ 40.000 dans les prévisions, sont censés les remplir". Ce qui, outre La Rigueur pour lutter contre Le Déficit, explique la réserve budgétaire associée à ce projet : au départ annoncé à 250 millions d'euros par an, le montant de l'enveloppe allouée au RSA Jeunes a dégringolé à… 20 millions pour le trimestre prochain. Se basant sur cette somme, Christophe Sirrugue, député-maire socialiste de Chalon-sur-Saône, a sorti sa calculette : selon lui, seuls 14.492 jeunes percevront le RSA pendant cette période. Donc, le gouvernement sait que la montée en charge du dispositif sera laborieuse, car tout a été fait pour.
Puisqu'on est dans les histoires de gros sous, sachez que, pour faire connaître son produit, le gouvernement ne va pas lésiner sur la com’ : Marc-Philippe Daubresse a prévu "une campagne d'information ciblée" via des affichettes dans les agences Pôle Emploi ou les missions locales, et via la radio et internet, qui coûtera "un petit peu moins de 500.000 euros". Comparé aux 2,5 millions consacrés à la première campagne de promotion du RSA en mai 2009, ce demi-million pour du vent semble, effectivement, raisonnable.
SH
[1] La véracité du chômage des jeunes est contestée par l'économiste et sociologue Bernard Friot, qui considère que c'est un "bobard démographique" qu'on nous martèle depuis vingt ans en vue d'instaurer un abaissement continu du salaire d'embauche, ce qui participe à l'interruption de la progression salariale et donc à la baisse généralisée des salaires => Écoutez-le ici chez Daniel Mermet (6/11)
[2] Même topo avec le million de chômeurs arrivant en fin de droits en 2010, pour lequel il fut concocté un minable "plan rebond" qui n'en touchera que 320.000 (et encore…).
Génération Précaire va saisir le Conseil d'Etat :
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Commentaires
Pas étonnant de la part d'un pays dirigé par des vieux !
Les difficultés d'accès à l'emploi, la dévalorisation des diplômes, la précarisation de l'emploi et la flexibilisation du travail, tout ça, c'est pour leur gueule.
Hormis ceux qui croiront toujours s'en sortir en jetant des peaux de banane sous les pieds des autres ou en rayant le parquet avec leurs dents jusqu'à ce qu'elles se cassent, nombreux sont ceux qui, dégoûtés, se détourneront de notre modèle de société (si ce n'est pas déjà fait). Répondre | Répondre avec citation |
Même le niveau des montants des retraites de ceux qui sont déjà à la retraite est critiqué par les jeunes actifs.
Mais le gouvernement et le pantin qui nous sert de président savent très bien diviser pour mieux régner, c'est classique. Répondre | Répondre avec citation |
Voyez cet article de 2 pages sur "les seniors qui ne veulent pas payer"
Pas question de cela ici. Sur Actuchomage, on parle plus souvent des seniors que des jeunes : faisons-leur une petite place !
Je constate simplement que les jeunes sont, actuellement, vraiment plus mal traités que nous, "seniors" discriminés à l'embauche dès l'âge de 40 ans, l'étions au même âge il y a deux ou trois décennies. Nous sommes certes aussi dans la mouise mais, contrairement aux jeunes d'aujourd'hui, nous avons connu un monde un peu moins pire, où l'espoir était encore permis. Nous avons eu le temps d'en profiter un peu.
Je ne sais pas ce qui est le plus dur : ne pouvoir ouvrir aucune porte et, à peine adulte, ne connaître qu'une existence de merde; ou que les portes se referment un jour après avoir "mangé son pain blanc"… Répondre | Répondre avec citation |
A 16 ANS on quitte tout juste le collège ou le lycée et n'est pas inscrit à pôle emploi alors je ne comprends pas le comptage et ça fait plusieurs décennies que ça dure et le problème n'est toujours pas réglé malgré toutes les mesures et aides aux employeurs déployées.
Pas de polémique sur tel ou tel catégorie de chômeurs, mais les SENIORS sont SENIORS à partir de 40 ANS alors raison de plus de s'alarmer sur cette catégorie, n'oublions pas la réforme des retraites nous sommes touchés de plein fouet les SENIORS.
L'article de L'EXPANSION je l'ai lu grâce à Actuchomage, c'est pourquoi je soulève ce problème.
Je pense que c'est plus dur quand les portes se referment "après avoir mangé son pain blanc", les SENIORS peuvent aidés les + JEUNES si ils ont des difficultés et c'est ce qui se passe en général. Répondre | Répondre avec citation |
Selon lui, et je le crois volontiers, on a commencé par créer un "problème des jeunes" avec la création d'emplois merdiques qui leur sont spécialement destinés. Puis on est en train de faire la même chose avec les seniors. Lire mon autre article récent sur le sujet :
APRÈS LES EMPLOIS-JEUNES, LES EMPLOIS-VIEUX
Je sais qu'on est "séniorisé" dès 40 ans (je suis 100% concernée). Et ici, sur Actuchomage, nous le dénonçons depuis 2004, année où notre site a vu le jour. Et nous continuerons à le dénoncer abondamment, de long en large et en travers.
Mais j'estime que les jeunes, depuis les années 80 et les balbutiements du capitalisme financiarisé (et antisalarial), ont été les cobayes de cette mise à sac de l'emploi. Après, on a continué l'expérimentation grâce au chômage de masse, avec les publics "très éloignés de l'emploi" qui ont justifié des mesures favorisant le développement d'une smicardisation du salariat. Il ne manquait plus que les seniors, jusque là relativement protégés : les voici à leur tour dindons de cette gigantesque farce !
Tout le monde est désormais contaminé.
La réforme des retraites concerne tout le monde. Les seniors, oui, mais surtout les jeunes (qui, du fait de leur précarisation dès leur entrée dans le monde du travail, vont encore plus difficilement réussir à totaliser le nombre de trimestres requis et dont les niveaux de salaire sont encore pire que ce que nous avons connu. A ce rythme, ils resteront pauvres du début jusqu'à la fin).
J'aimerais tant que les jeunes se réveillent, se révoltent.
C'est pour ça qu'il faut parler d'eux et donc, leur parler. Répondre | Répondre avec citation |
Mais c'est état de fait dure depuis fort longtemps, en 1999, lors de la campagne aux élections Européennes, distributions de tracts à la sortie d'un lycée de ma ville, je ciblais les jeunes en Terminales (18 ans et +) et des B.T.S. en Action Commerciale (+ de 18 ans), impossible de leur faire prendre conscience de l'enjeu important qu'est l'Europe.
Que faire ? Manque de formation politique et de sens critique au sein de la famille donc par ricochet les jeunes aussi. Souvent la réponse à la non prise de tracts en mains c'est : "Oh, moi je ne fais pas de politique !"
Voilà pourquoi, aujourd'hui, Sophie, vous êtes obligée de rameuter ces JEUNES pour qu'ils prennent conscience, enfin, que leur avenir est GRIS/NOIR, le nôtre aussi d'ailleurs.
Mais comme le dit une phrase célèbre de 1968 (je crois) :
"Ce n'est qu'un début, continuons le combat" Répondre | Répondre avec citation |
les 55 € de "forfait logement" otés du RSA pour un celibataire, c'est pas une question d'avoir ou non de l'APL, .. ça s'applique dés qu'on a une adresse fixe, peut importe si proprio, locataire, ou hébergé gratuitement.
seuls les SDF, donc, n'ont pas cette amputation.
sinon un mec qui a bossé 2 ans, à droit à 2 ans d'assedics, donc déjà la mesure, est en elle même un pur effet d'annonce, concernant le RSA socle…
et concernant le RSA dit "chapeau" pour ceux en emploi précaire, pour le moment, dans les textes que j'ai pu lire, il y a un léger doute, à savoir, si la condition d'avoir bossé 2 ans dans les 3 dernières années, s'applique aussi ou NON, c'est pas très très clair. Répondre | Répondre avec citation |
www.agoravox.fr/actualites/economie/article/le-rsa-c-est-quoi-tres-74769 Répondre | Répondre avec citation |