La crise a laissé derrière elle des millions d'actifs condamnés au chômage, à la précarité et à la misère. Et pour ceux qui ont conservé leur emploi, les conditions de travail ne cessent de se dégrader, les rémunérations sont gelées, les acquis sociaux rognés, et les perspectives d'avenir ruinées.
Jusqu'à présent, nos dirigeants ont su escamoter l'ampleur du désastre avec la complicité des médias. Les faits divers et autres polémiques, agités comme autant d'écrans de fumée, se sont massivement substitués à l'actualité sociale qui, à l'image des personnes concernées, s'est considérablement appauvrie depuis trois ans. Sauf rares exceptions, les conflits en entreprise et autres mouvements de protestation sont ignorés. Le chômage n'est rapidement évoqué qu'en fin de mois, à l'occasion de la publication de chiffres officiels plus ou moins tronqués, tandis que l'on érige régulièrement les plus fragilisés en boucs émissaires — ainsi, les victimes de la crise sont qualifiées d'«assistés» — en agitant le marronnier de la fraude, ce qui permet de faire diversion.
Tout va très bien, Madame la Marquise, les vaches sont bien gardées : c'est grâce à ces silences et ces mensonges accumulés que le système s'auto-protège et perdure.
Tant que cette détresse ne touche qu'une partie encore "négligeable" de la population, bien que de moins en moins de Français soient dupes, un calme relatif est ainsi maintenu. Tant qu'il reste un bout de bifteck au fond de son assiette, on se dit que les choses ne vont pas si mal et on fait le dos rond. Mais cela ne va peut-être pas durer...
«S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche !»
En effet, selon L'Expansion, «jamais les dépenses contraintes des ménages n'ont autant augmenté. Et ce n'est qu'un début». Pour les années à venir, passant au crible logement, énergie, transports, télécoms, alimentation, santé, fiscalité… le journal économique dresse sur 3 pages un constat alarmant de l'évolution du «pouvoir d'achat» des Français de plus en plus miné par l'inflation, «si bien que la consommation ne sera plus un moteur, mais un frein à la croissance». Et qui dit frein à la croissance dit stagnation, voire aggravation du chômage : bref, sous nos yeux, un redoutable cercle vicieux est en train de se mettre en place.
A cela s'ajoute la sécheresse : qu'elle perdure ou pas, elle aura d'ores et déjà un impact supplémentaire sur les prix des denrées alimentaires et sur l'emploi. Le phénomène est peut-être exceptionnel, mais avec le réchauffement climatique dont les effets se confirment année après année, il ne faut jurer de rien.
C'est ainsi que, rejoignant la minorité de pouilleux jusqu'ici ostracisés, une majorité de Français des «classes moyennes» vont, à leur tour, en chier, et copieusement. Bienvenue au club !
D'un côté, nous avons la résurgence d'une «noblesse» de plus en plus décomplexée : une poignée de Français que la crise a épargnés, voire considérablement enrichis, et dont l'insolence devient insupportable. De l'autre, l'apparition d'un nouveau «Tiers-état» : des dizaines de millions de citoyens appauvris pour qui la vie quotidienne vire peu à peu à l'enfer. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait-elle être que fortuite ?
SH
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