L'ancien patron de l'Inspection générale des finances (IGF) voulait redonner «un nouveau souffle» à Pôle Emploi. Pour ce faire, se pliant aux directives austéritaires du gouvernement précédent et prônant le «réalisme», il a déclaré souhaiter que l'organisme soit «évalué sur [ses] résultats et non sur [ses] moyens», citant en exemple l'efficacité de l'Education nationale qui, selon la doxa en vigueur, ne se résume pas à la taille des classes et au nombre de professeurs...
En clair, pour les agents du service public de l'emploi à qui il compte «redonner confiance, espoir et fierté», il faudra faire toujours mieux avec toujours moins. «Il va falloir, pour y arriver, réduire les frais de fonctionnement - une baisse de 8% est prévue dans le budget de 2012 - et maîtriser la masse salariale», confirmait-il en février dans une interview au Echos. De quoi, en effet, insuffler un vrai bol d'air...
Et cette «redynamisation» passe par une nouvelle «feuille de route» — ou «plan stratégique» — dont le contenu se révèle peu à peu. Jean Bassères s'est donné six mois pour l'élaborer et mettre ses projets à exécution.
Accompagnement. Un nouveau suivi des chômeurs, conçu à moyens constants, a été décliné en trois modules : «renforcé», «guidé» ou «100% web», afin de redéployer des effectifs «vers les fonctions opérationnelles». Il devrait bientôt entrer en application. En attendant, les conseillers étant toujours aussi débordés, on note une montée en charge des convocations pour entretien «par téléphone» ou «par mail». Or, si la valeur légale du suivi téléphonique est nulle (en cas de loupé/contestation, il ne peut engendrer de sanction), nous ne savons ce qu'il en est de l'entretien par voie électronique, le chômeur disposant d'un équipement informatique avec Internet n'étant pas à l'abri d'une panne d'ordinateur ou d'une coupure de réseau.
Enfin, nous passerons sur une rumeur qui circule : la Direction générale réfléchirait à la mise en place d'équipes de contrôleurs de la recherche d'emploi, selon le site La fusion pour les nuls...
Management. La fusion pour les nuls signale également de nouvelles orientations managériales qui ne présagent rien de bon pour le personnel. Lire ici :
• L'obsession des indicateurs chiffrés
La DG réfléchit à la mise en place de nouveaux indicateurs de «performance» sur le placement et l'accueil...
• L'équipe, le manager et la compétition
La DG s'apprête à organiser une compétition entre les agences et à renforcer la supervision des managers sur les conseillers.
Ces méthodes éculées qui n'ont pas fait leurs preuves contredisent les intentions de Jean Bassères, auditionné par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale avant sa nomination : «susciter l'adhésion des collaborateurs», «éviter le déni des risques psychosociaux» et accorder «beaucoup d'attention» à l'amélioration des conditions de travail.
SH
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