Le nouveau ministre du Travail l'a dit ce matin au micro d'Europe 1 : moins forte que les mois précédents, «cette hausse a été en quelque sorte retenue par l'utilisation de certains outils pendant la campagne électorale». S'il s'agit des dernières mesures de réactivation de Nicolas Sarkozy ciblant les chômeurs de très longue durée, Michel Sapin se trompe car, pour l'instant et comme nous le verrons plus bas avec les catégories D et E, ce “plan DETLD”, qui s'achève fin juin, ne donne rien.
Par contre, il est connu que le gouvernement précédent a fait pression pour que nombre d'entreprises reportent leurs licenciements après les élections. Dans les mois qui viennent, l'hémorragie devrait reprendre de plus belle : selon Le Parisien qui publie une carte des plans sociaux en préparation, ce sont entre 46.000 et 90.000 postes qui seraient en sursis. Ceci est tout à fait démoralisant pour les chômeurs, anciens ou nouveaux qui se demandent, dans un contexte pareil, s'ils retrouveront un jour du travail.
Pour avril 2012, voici ce que nous dit la note de la Dares/Pôle Emploi...
Catégorie A (chômeurs officiels, sans activité aucune) : +4.300
Ils sont 2.888.800 en métropole, 3.129.300 avec les DOM.
Progression annuelle : +7,5% en métropole, +7,2% en France
Du côté des chômeurs qui restent inscrits tout en exerçant des petits boulots, faute d'emplois véritables, on note une hausse de l'activité précaire "courte" (mini-jobs) tandis que l'activité précaire "longue" recule :
Catégorie B (chômeurs en activité réduite inférieure à 78h/mois) : +6.800
Ils sont 575.500 en France métropolitaine.
Progression annuelle : +5,6%
Catégorie C (chômeurs en activité réduite supérieure à 78h/mois) : -1.900
Ils sont 854.200 en France métropolitaine.
Progression annuelle : +4,1%
Au total, le nombre des inscrits en catégories ABC — c'est-à-dire l'ensemble des demandeurs d'emploi «tenus d'accomplir des actes positifs de recherche» — a crû de 9.200 en métropole.
Ils sont désormais 4.318.500 en France métropolitaine, 4.592.000 avec les DOM (+10.000).
La hausse annuelle s'élève à 6,5%.
Du côté des chômeurs «non disponibles», on note que, malgré le plan chômeurs de très longue durée annoncé en janvier par le président sorti, les entrées en stage (prestations occupationnelles) ou en formation ne décollent pas. Même chose pour les contrats aidés dont les deux-tiers du stock prévu pour 2012 devaient être prescrits sur le premier semestre afin d'embellir les chiffres avant les élections... Même après, c'est loupé !
Catégorie D (chômeurs non disponibles car en arrêt maladie ou en maternité, en stage, formation ou convention de reclassement) : -1.300
Fin avril, ils sont 238.100 en France métropolitaine.
Variation annuelle : +1,3%
Catégorie E (chômeurs non disponibles car en contrat aidé) : -2.500
En France métropolitaine, ils sont 369.200 ainsi occupés.
Variation annuelle : +5,3%
Au total, fin avril 2012, toutes catégories confondues (ABCDE), le nombre de chômeurs inscrits à Pôle Emploi en métropole s'élève à 4.925.800 (+5.400 personnes sur un mois et +6,2% sur un an). Avec les DOM, on arrive à 5.222.500, soit 6.000 personnes en plus par rapport à mars.
A ces 5.222.500 inscrits, il convient d'ajouter les 135.200 "seniors" indemnisés de métropole (chiffre non précisé pour les DOM) bénéficiant d'une "dispense de recherche d'emploi" (désormais supprimée), non catégorisés.
Ainsi, on frôle 5,36 millions.
Dans le détail...
L'ancienneté moyenne des inscrits des catégories ABC continue inexorablement de battre des records, atteignant 467 jours (contre 450 il y a un an) soit plus de 15 mois. La moyenne d'inscription des sortants recule un peu à 252 jours (257 le mois dernier, 245 il y a un an).
Du côté des chômeurs de longue durée, c'est la cata. Ils sont désormais 1.661.900 rien que dans les catégories ABC de métropole (+17.900 en un mois !), 1.800.900 avec les DOM, auxquels on peut rajouter les 369.000 chômeurs de catégorie E et les 135.000 seniors en DRE. Ainsi le volume des "DELD" — comme on les appelle — dépasse toujours 40% de l'ensemble des inscrits à Pôle Emploi.
Parmi eux, toutes catégories confondues, 728.100 perçoivent le RSA (étrangement en baisse de 19.600 personnes sur le mois; en hausse de 7,2% sur un an) et 347.500 perçoivent l'ASS (chiffres Unedic de février, +5% sur un an). Ces personnes survivent donc avec 15 € par jour.
En glissement annuel, le volume des inscrits depuis plus d'un an a augmenté de 8,2%. Celui des inscrits depuis plus de 3 ans — enkystés dans la crise depuis 2008 — repart à 23,1%. Entre les deux (2 à 3 ans d'inscription), la progression est stable à 1,9%.
Du côté des seniors, les inscriptions de chômeurs de plus de 50 ans dans les catégories ABC de métropole se poursuivent : +8.500 par rapport à mars.
Ils sont 891.300 dont plus de la moitié (463.900) sont des femmes.
Progression annuelle : +14,5% (près de 15% pour les femmes)
En comparaison, les moins de 25 ans sont 644.900 (+4,3% sur l'année).
Du côté des sorties, on note une reprise importante des «cessations d'inscriptions pour défaut d'actualisation» : +22.900 pour un total de 201.400, en hausse de 2,2% sur un an. Les radiations administratives continuent d'augmenter : +5.700 pour un total de 48.600, en progression de 3,6% sur un an. Marche arrière pour les «autres cas» : -1.700 pour un total de 50.800, en recul de 8,3% sur un an.
Ces trois motifs représentent 64,8% du volume des sorties (contre 61,5% le mois précédent). En comparaison, les reprises d'emploi déclarées n'en pèsent que 21,1% (contre 22,3% en mars).
Du côté des offres, que dire ? En avril, Pôle Emploi n'en a collecté que 250.400 (contre 267.300 en mars), DOM compris (-12,4% sur un an !). Quant au compteur d'offres en ligne du site pole-emploi.fr, il a définitivement disparu de la page d'accueil...
«Quand sera l'inversion ? Je ne peux pas vous le dire», a déclaré Michel Sapin. Il assure que «l'ensemble du gouvernement est mobilisé» pour l'emploi, «priorité N°1». Nous espérons qu'au delà des rustines de type contrats aidés, il évitera de tomber dans le même écueil de son prédécesseur : s'en prendre aux chômeurs pour faire croire qu'on lutte contre le chômage.
SH
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Commentaires
Et premières variables d'ajustement avant les CDD…
Selon le responsable d'une agence d'intérim, "les offres d’emplois proposées par les entreprises baissent. On remarque -30 à -40% d’offres en moins en fonction des secteurs d’activité". Pire encore : "Les contrats sont plus courts. Avant, les missions pouvaient aller jusqu'à cinq-six mois. Aujourd’hui, tout est réduit à deux-trois mois, hormis les remplacements de congés maternité"…
info.sfr.fr/economie/articles/interimaires-premieres-victimes-du-chomage,1107503/ Répondre | Répondre avec citation |
Alors que la menace d'une avalanche de plans sociaux occupe les esprits, cet amoncellement de "PSE" (plans de sauvegarde de l'emploi, appellation officielle des plans sociaux) ne viendra pas outre mesure perturber les statistiques de Pôle Emploi : les licenciements économiques continuent de ne représenter "que" environ 3% des motifs d'inscriptions au chômage.
En revanche, éléments de flexibilité du marché du travail, les fins de CDD et les fins de mission d'intérim — dont on parle peu — sont à l'origine de respectivement 25,2% et 6,4% des motifs d'inscription. Sans parler des "autres cas" qui eux, sont responsables de… 42% des entrées. Sous ce vocable se cachent les ruptures conventionnelle s du contrat de travail, dispositif de séparation "à l'amiable" négocié entre partenaires sociaux en 2008 et qui connaît une progression spectaculaire (+23.000 en février, +11% sur un an et au total plus de 800.000 ruptures homologuées depuis sa création), notamment dans les entreprises de moins de 50 salariés, et les "transactions" en tout genre entre un salarié et une entreprise qui préférera mieux indemniser son employé plutôt que de le licencier pour un motif économique avec les obligations que cela entraîne.
Mais il y a d'autres raisons qui expliquent aussi le nombre relativement faible de licenciés économiques dans les statistiques de Pôle Emploi. D'abord, tout licencié économique ayant un an de présence dans son entreprise a droit au mécanisme du "contrat de sécurisation professionnelle " (CSP), qui lui assure durant 12 mois une indemnisation égale à 80% de son ancien salaire en échange d'une obligation de formation. Or, un bénéficiaire du CSP n'a pas le "statut" de chômeur mais celui de "stagiaire de la formation professionnelle " (cat. D). Il n'est donc pas inscrit dans les catégories A, B et C de Pôle Emploi…
Par ailleurs, pour dégraisser "en douceur" leurs effectifs, les entreprises ont également recours à des "plans de départs volontaires" qui ne sont pas systématiquemen t assimilés à des PSE.
Autant de raisons qui expliquent la part relativement faible des licenciés économiques inscrits à Pôle Emploi. D'ailleurs, cela fait plus de dix ans que ce motif d'inscription connaît une baisse régulière, le droit du travail autorisant de nombreuses alternatives pour rompre un contrat de travail.
www.latribune.fr/actualites/economie/france/20120530trib000701079/la-lumiere-portee-sur-les-plans-sociaux-cache-la-realite-des-causes-du-chomage.html Répondre | Répondre avec citation |
"Il s'agit de l'augmentation la plus faible depuis un an", a précisé Xavier Bertrand. "Nous avions deux objectifs : éviter que le chômage n'explose puis viser la stabilisation du chômage. Et et on y est arrivé", a-t-il précisé. "L'objectif maintenant est de baisser le chômage", a-t-il conclu.
www.europe1.fr/Politique/Bertrand-chomage-le-plus-faible-en-1-an-E1-1107833/
A l'UMP, on n'a vraiment honte de rien ! Répondre | Répondre avec citation |
Pas honte que des jeunes de moins de 25 ans soient sans aucune ressources.
Pas honte que les chiffres du chômage resteront autant bidouillés.
Pas honte que les minimas sociaux soient moins de 2 X sous le seuil de pauvreté.
Pas honte, pour eux mêmes, d'avoir en argent de poche net mensuel, + que ce que j'ai pour vivre pendant 1 an.
Pas honte d'un SMIC qui ne permet que de survivre, parfois de ne même pas couvrir les dépenses contraintes incompressibles .
Pas honte, que des potes à eux, notables, artistes, sportifs, des boursicoteurs, continuent l'évasion fiscale de milliards d'euros.
La lutte continue, pour un partage des richesses et du travail, et un revenu universel garanti décent, et changer cette société de tarés, ou il y a tant d'emploi inutiles dans l'absolu, et tant de manques, à contrario, dans d'autres domaines. Répondre | Répondre avec citation |
"Excellents résultats" aussi… pour un dénommé Sarkozy Nicolas, qui s'était engagé à ramener le taux de chômage de catégorie A autour de 5% à la fin de son quinquennat.
Nous sommes à 10 !
Et l'immobilisme des dernières années (pour ne pas dire décennies), sous Chirac et Sarkozy, peut nous faire craindre le pire…
Faute de relance (improbable pour 2012 et déjà hypothéquée pour 2013), la France va se diriger vers les 4 millions de chômeurs de catégorie A, à coups de "bons chiffres" : + 9.000 par-ci, + 20.000 par-là… ceux qu'on enregistre ces derniers mois.
La relance - vous savez, le dossier qu'avait en mains Patrick Devedjian, avocat de formation - n'a consisté qu'à couvrir le territoire de ronds-points… et à fermer les usines.
Je ne suis pas certain qu'un autre avocat, Arnaud Montebourg, aujourd'hui en charge du Redressement productif, soit plus "productif" que son prédécesseur. Répondre | Répondre avec citation |
La zone euro est plus que jamais confrontée à un chômage de masse. Cela fait un an que le taux de chômage dépasse les 10%. Et il n'a cessé de progresser depuis pour atteindre 11% de la population active en avril : 17,4 millions de personnes étaient ainsi sans emploi dans l'Union monétaire, soit 110.000 de plus que le mois précédent, du jamais vu depuis depuis sa création en 1999. "Les entreprises sont pour la plupart sous forte pression pour limiter leurs effectifs afin de contenir leurs coûts face à une faible demande, une forte concurrence, des marges serrées et des perspectives très incertaines", souligne Howard Archer, économiste pour IHS Global Insight.
En un an, 1,79 million de personnes sont venues grossir les rangs des sans emploi. Pire, l'horizon est bouché, alors que la zone euro semble se diriger vers une nette contraction de son activité au second trimestre. "Nous pensons que le taux de chômage va atteindre ou légèrement dépasser les 11,5%, en tablant sur le fait que la zone euro sorte de récession plus tard cette année", estime Martin Van Vliet, analyste pour la banque néerlandaise ING.
Mais ce scénario semble optimiste, sachant que la zone euro pourrait voir son activité se contracter plus longtemps que prévu, comme le suggèrent les indices PMI, notamment celui du secteur manufacturier publié vendredi. "Dans ce cas, le risque est d'atteindre un taux de chômage encore plus important", prévient-il.
De nombreuses disparités apparaissent toutefois entre pays du sud de l'Europe et ceux du nord, même si de nombreuses économies jugées solides "succombent à la morosité", souligne Jennifer Mac Keown de Capital Economics, citant le cas de la France, deuxième économie de la zone euro où le chômage a grimpé à 10,2% en avril contre 10,1% le mois précédent.
L'Espagne reste de loin le pays européen le plus affecté avec le taux de chômage le plus élevé d'Europe (24,3%). Le phénomène touche de plein fouet les moins de 25 ans, puisque plus d'un jeune sur deux est sans emploi dans le pays (51,5%). En Grèce, le taux de chômage s'est lui inscrit à 21,7%, selon les dernières données disponibles pour ce pays qui datent de février.
En revanche, les taux de chômage les plus bas sont enregistrés en Autriche (3,9%), au Luxembourg et aux Pays-Bas (5,2%) ainsi qu'en Allemagne (5,4%). Ces mauvaises nouvelles "vont compliquer les efforts des pays les plus fragiles" soumis à des cures d'austérité et "pourraient rendre réticentes les économies les plus solides à fournir [à leurs voisins] l'aide dont ils ont désespérément besoin", estime l'économiste de Capital Economics. La croissance et l'emploi sont devenues des priorités absolues pour les Européens, mais ils sont très divisés sur les moyens de les relancer, les pays partisans de l'orthodoxie budgétaire, Allemagne en tête, prônant plus de flexibilité dans le marché du travail, ce que refuse la France notamment.
lexpansion.lexpress.fr/economie/nouveau-record-de-chomage-dans-la-zone-euro_297601.html Répondre | Répondre avec citation |
En incluant les personnes en formation, en conversion ou en préretraite, Pôle Emploi dénombre au total 2,734 millions d'allocataires, en baisse de 0,4% sur un mois et en augmentation de 4,5% sur un an.
A fin avril, 188.000 demandeurs d'emploi étaient en formation ou conversion (+0,6% sur un mois). Parmi eux, 50.100 étaient en contrat de sécurisation professionnelle (CSP), un accompagnement réservé essentiellement aux licenciés économiques. Ce dispositif a remplacé la Convention de reclassement personnalisé (CRP) et le Contrat de transition professionnelle (CTP), dont le nombre des bénéficiaires a chuté sur un an de respectivement 66,2% et 69,5%, pour ne concerner plus que 21.100 et 3.600 personnes.
Par ailleurs, 5.200 personnes étaient en préretraite, un nombre en baisse de 5,5% sur un mois et de 22,4% sur un an.
Au total, fin avril, un peu plus de la moitié des 4,9 millions de demandeurs d'emplois (y compris les catégories D et E non tenues "de faire des actes positifs de recherche", qui regroupent des personnes en stage, en formation, en CSP, en contrats aidés et des créateurs d'entreprise) étaient indemnisés en France métropolitaine.
www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/06/04/97002-20120604FILWWW00521-chomage-baisse-des-beneficiaires.php Répondre | Répondre avec citation |