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Délocalisations : les dés sont pipés !

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Une partie des activités informatiques de la SNCF vient d’être confiée à des sous-traitants basés en Tchéquie, en Pologne et en Espagne.

«Comment est-il possible d’être aussi maladroit ?», aurait réagi François Hollande lorsqu’il apprit, fin juillet, que le Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif), présidé par le socialiste Jean-Paul Huchon, s’apprêtait à délocaliser son centre d’appel au Maroc… en toute légalité. A l’époque, le chef de l’Etat, qui faisait de la lutte contre le chômage sa priorité numéro un, exhortait les responsables publics à être «très attentifs» à l’emploi en France. Le message n’a visiblement pas été entendu par les dirigeants de la SNCF, et pour cause : le procédé est, là aussi, parfaitement légal, puisque les règles européennes interdisent toute préférence nationale dans les appels d’offres.

Selon nos informations, l’entreprise publique, détenue à 100% par l’Etat, délocalise en effet — en toute discrétion — une partie de ses activités informatiques en Tchéquie, en Pologne et en Espagne. Jusqu’à présent, le pilotage des applications informatiques — en clair, la surveillance du fonctionnement des logiciels et des ordinateurs — était pour l’essentiel assuré par des prestataires privés de la SNCF. Les salariés de ces entreprises étaient détachés dans les locaux de la compagnie de chemins de fer et travaillaient aux côtés des cheminots informaticiens.

Mais, depuis le début de l’année, nombre de ces sous-traitants ont perdu le contrat qui les liait à la SNCF. Sur les sites de Lille — qui gère les applications voyageurs (billetterie, site Internet) — et de la Mulatière, à Lyon — qui traite les autres applications —, les techniciens de Steria, une grosse société de services en ingénierie informatique, ont formé jusqu’à la fin du mois d’août leurs remplaçants… tchèques et polonais. Cette société, qui travaillait pour la SNCF depuis 1999, a en effet perdu il y a huit mois son contrat au profit d’IBM. Le géant américain a confié ces missions à ses filiales de l’Est. Et depuis quelques semaines, les plates-formes informatiques — baptisées «centres de service» en interne — ont été installées en Pologne et en Tchéquie, où les salaires sont nettement moins élevés.

«A Lyon, les techniciens polonais ne parlent pas très bien français. Résultat, ils ont du mal à communiquer avec les cheminots français», constate Pascal Modeste de Sud-Rail. Le pilotage du service informatique des ressources humaines est lui en partance pour l’Espagne, dans une filiale de la société ibère Sopra. Quant à la surveillance informatique du fret, elle est basée au Maroc depuis déjà une dizaine d’années et emploie 90 informaticiens.

«Il ne s’agit que de 150 emplois sur les 250.000 du groupe SNCF», a tempéré son président, Guillaume Pepy. «260 emplois de sous-traitants vont être supprimés et 45 postes de cheminots non remplacés. D’ici à 2013, ce sont 500 emplois en tout qui vont disparaître», rétorque Hervé Giudici, secrétaire national de l’Union fédérale des cadres et de maîtrise de la CGT-Cheminots.

Les syndicats sont d’autant plus remontés que ces délocalisations, combinées au retour en force d’IBM, ont comme un air de déjà-vu. En effet, en 2010, la SNCF et le géant américain avaient créé une entreprise commune — un projet baptisé Ulysse — pour piloter l’informatique de la SNCF. Fin 2011, cette co-entreprise, qui avait suscité une levée de boucliers, était abandonnée avec fracas. «IBM est parti par la grande porte et est en train de revenir par la fenêtre», explique Pascal Modeste.

Les organisations syndicales veulent à présent que la direction fasse machine arrière. Dès la fin du mois de septembre, la CGT-Cheminots va envoyer une lettre à tous les parlementaires afin de les alerter sur ces discrètes délocalisations.

(Source : Le Parisien)


NDLR : Faut-il rappeler qu'en toute légalité, la fabrication de la carte Vitale a été délocalisée en Inde et que l'armée française fait depuis longtemps fabriquer ses uniformes au Maroc, en Turquie, en Chine ou au Sri Lanka ? Interpellé par un député, Hervé Morin, alors ministre de la Défense, avait répondu ceci : «Les achats du ministère de la Défense se conforment aux procédures du Code des marchés publics» qui interdit tout «principe de préférence nationale». Et Morin d'enfoncer le clou : dès lors qu'il satisfait aux cahiers des charges de l'appel d'offres, «il n'est pas légalement possible d'écarter un fournisseur, même si sa production est localisée à l'étranger». Bref, dans une économie ouverte, «acheter systématiquement français» est interdit par la loi. Et ce, même pour une administration ou une entreprise publique.

A l'instar de l'affaire Webhelp/Stif, la décision est 100% légale et irréversible. A moins d'une décision politique radicale qui oserait frontalement se heurter à ces directives ultralibérales de l'UE qui instituent le dumping social et fiscal, le combat que s'apprêtent à mener les syndicats de la SNCF est perdu d'avance !



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Mis à jour ( Vendredi, 21 Septembre 2012 05:11 )  

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