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Accueil La revue de presse Le déficit et le défaut, nos amis méconnus

Le déficit et le défaut, nos amis méconnus

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Faire faillite n'est pas un drame dans la mesure où ceux qui détiennent «la dette» sont des riches. C'est François Lenglet qui le dit !

Scoop à la Une du Monde : "Comment le traité budgétaire européen va s'appliquer à la France". Ça, c'est du scoop. Moins sexy évidemment que les caricatures de Mahomet (c'est pourquoi Pujadas ouvre son journal sur celles-ci plutôt que sur celui-là), mais tout de même. Donc, plongeon immédiat dans les pages intérieures et le premier scoop, attention, le voici : la France va créer un Haut Conseil des finances publiques. Autrement dit, pour faire des économies, on va créer un machin administratif supplémentaire. Avec secrétaires, chauffage, chauffeurs, etc ? Oui, sans doute, normal.

Ce Haut Conseil sera une vigie. Et que devra surveiller la vigie ? Elle devra surveiller que le "déficit structurel" de la France ne dépasse pas 0,5%. Ah bon ? Enterrés, les fameux 3% de déficit simple ? Oui, apparemment. Place au "déficit structurel". Vous me demanderez (je vous connais bien) : le déficit structurel, c'est quoi ? Eh bien voici le second scoop du Monde : personne n'est capable de le dire. Personne. L'OCDE, la Commission Européenne, le FMI, et Bercy, en donnent des définitions différentes. Il est même possible qu'un pays soit estimé, à un moment donné, en déficit structurel, alors qu'il est en réalité en excédent structurel. D'ailleurs, en ce moment, la France est en excédent structurel. Si si, c'est écrit noir sur blanc. On dit du mal de la vieille presse, mais ça vaut tout de même le coup de payer 1,60 € pour apprendre ça.

A propos de strates administratives, une minute de populisme. Dans l'ambiance générale "réduisons le déficit structurel" (pardon, restons en excédent structurel), ça râcle où ça peut. L'autre soir, à la suite d'un rapport de l'Inspection des finances, Pujadas pointait du doigt les agences de l'Etat (Pôle Emploi, Météo France, etc…), véritables passoires à euros. Il parait que l'Etat compte plein d'agence inutiles, dont une — trouvaille de France 2 ! — chargée d'inspecter les inspecteurs qui inspectent les machines agricoles. Le lendemain, c'étaient les retraités riches qui étaient pointés du doigt. Cette fois, c'était à la suite d'un rapport de la Cour des comptes. Soit dit en passant (voici la minute de populisme), il existe donc deux "grands corps de l'Etat", chargés à peu près de la même mission : surveiller que l'argent public est bien employé. On ne pourrait pas faire des économies en en supprimant une ? Mais patience : peut-être sera-ce une proposition du futur Haut Conseil des finances publiques.

Bref, tout ça pour s'efforcer de rester "dans les 0,5% de déficit structurel". Pourquoi faut-il y rester ? Pour revenir à l'équilibre budgétaire un jour. A cause de la dette. Qu'il faudra rembourser un jour. Et pourquoi faudra-t-il la rembourser ? Pour ne pas faire faillite, pardi. Et pourquoi ne faudrait-il pas faire faillite ? Pourquoi la faillite serait-elle le mal absolu ? Mais enfin, parce que… parce que... Parce que, c'est mal !

Mais est-ce si mal ? J'avais hier soir l'honneur insigne d'être invité chez Taddeï, sur France 3. Et, attendant que l'on en vienne à mon sujet (la vidéo islamophobe), j'avais vue imprenable sur le crâne le plus célèbre de la Bonne Parole Financière, celui de notre ami François Lenglet. Lequel crâne disait une chose très simple, que nous avons déjà dite ici. Les créanciers de la dette sont, pour une large part d'entre eux, les épargnants aisés et âgés, au sommet de leur pouvoir d'achat. A supposer qu'un pays décide de faire faillite, ou défaut, totalement ou partiellement, c'est cette tranche de la population qui se trouverait lésée au bénéfice des jeunes générations, qui n'ont encore rien épargné et sont généralement au chômage. Une sorte de révolution générationnelle.
Je me pinçais. C'est vraiment Lenglet, derrière ce crâne, le Lenglet ? Présenté ainsi, un défaut serait-il vraiment l'apocalypse annoncée ? A chacun de le décider. Mais encore faut-il le dire clairement. Tiens, Lenglet pourrait commencer par expliquer cela à tout le monde, sur le plateau du 20 heures de Pujadas, et pas seulement pour les couche-tard qui regardent Taddeï. Un soir où il aura cinq minutes, entre deux scoops sur Mahomet.

(Source : Arrêt sur images)


L'intervention de François Lenglet à visionner ici (1er sujet de l'émission) :



A savourer également les interventions de l'économiste Jacques Delpla sur l'attitude de l'Allemagne, celles de la politologue Susan George… et même celle de l'écrivain Pascal Bruckner qui parle de "IVe Reich" !


Fin juin, sur l'antenne d’Ici & Maintenant, Olivier Berruyer disait la même chose : tant que les gros épargnants et les 10% les plus riches continueront à investir dans les dettes souveraines, ils s'exposent un jour à tout perdre... Et quand ce système aberrant se sera cassé la figure, on se tournera enfin vers les vrais gens et l'économie réelle.





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