Les inspecteurs du travail formés sous la houlette d'un patron du privé ? Jean-Louis Borloo a souhaité attribuer le siège de présidente de l'école de formation des inspecteurs du travail à Muriel Pénicaud, qui est, dans le civil, membre du comité exécutif de Dassault Systèmes, directrice générale adjointe chargée des ressources humaines. Muriel Pénicaud a aussi été directrice de la formation du groupe Danone, puis déléguée régionale à la formation professionnelle, avant d'être conseillère sous le ministère Aubry du Travail. Sollicitée par Libération, l'intéressée refuse tout commentaire. Même silence au cabinet de Borloo.
D'où vient la polémique ? Jusqu'ici sous tutelle directe du ministère, l'école des inspecteurs et contrôleurs du travail de Marcy-l'Etoile (Rhône) passe, au 1er janvier, sous statut d'établissement public administratif (décret du 13 décembre 2005). Et c'est le ministère de l'Emploi qui désigne le président du conseil d'administration du nouvel INTEFP, Institut national du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle.
«Sans la moindre concertation avec les organisations syndicales, Borloo choisit un représentant patronal, s'insurge Pierre Mériaux, pour le SNU. On a tenté de nous amadouer en nous la présentant comme biocompatible avec l'inspection du travail, de par son passage au cabinet de Martine Aubry. On se moque de nous. Ça fait plus de dix ans qu'elle pantoufle dans le privé, qui plus est chargée de la gestion du personnel. C'est particulièrement choquant pour veiller sur les formations initiales et continues des agents de l'inspection du travail.» Les syndicalistes y voient une atteinte à l'indépendance et la crédibilité du creuset de leur métier. «Pour nous, les employeurs ne sont pas des usagers, mais des assujettis au code du travail. On voit bien l'intérêt du Medef à faire entrer des gens à eux dans nos services. C'est un peu une provocation, dit Yves Sinégalia, pour SUD Travail. D'autant que ce centre de formation, toujours à l'affût des tendances du moment, tourne un peu au laminoir idéologique, pour nous faire comprendre les enjeux de l'entreprise...» L'Unsa dénonce «un coup bien monté : l'inspection du travail offerte au Medef».
Seule la CFDT n'y trouve rien à redire.
(Source : Libération)
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