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Lors de l'intervention de Dominique de Villepin, fraîchement débarqué vers 16h15 et flanqué de son "pack" gouvernemental pour annoncer le 49.3, il s'est fait huer par la gauche : "Vous n'êtes pas élu, allez vous faire élire !", ont-ils hurlé en brandissant leurs petits cartons rouges. Aussitôt, croyant à une raillerie sportive, M. Galouzeau s'en est pris au président du groupe PS et lui a lancé : "Vous pouvez brandir un carton rouge, nous ne sommes pas dans un stade, nous sommes dans l'amphithéâtre de la démocratie !"…
Jean-Marc Ayrault s'est vexé qu'on ait pu penser qu'il se conduise de la sorte : "Je ne suis pas sur un terrain de football effectivement, et je brandissais mon bulletin de vote de député sur lequel sont inscrits mon nom, mon numéro de siège et mon code barre !"
"C'est un inculte du Parlement", ont commenté des députés socialistes...
C'était une bourde, et on se fait un plaisir de la relever. Mais il n'empêche qu'aussi ridicule soit-il, le napoléonien Dominique de Villepin - «apparatchik de parti qui n'a jamais été élu ni même essayé de l'être» - en connaît un rayon sur la "démocratie" puisqu'il a désormais les pleins pouvoirs : ce monarque absolu taille mannequin, en réponse aux jeunes de banlieues qui se sont soulevés l'année dernière, a concocté dans l'urgence et sans concertation un projet de loi qui, sous prétexte de répondre à leurs attentes en rétablissant une soit-disant "égalité des chances", impose non seulement le Contrat Première Embauche mais aussi l'apprentissage à 14 ans et le travail de nuit pour les moins de 16 ans, ainsi que le contrat de responsabilité parentale qui prévoit la suspension des allocations familiales. Et il soutient la répression sécuritaire à l'école engagée par son collègue de Robien.
Redoutable de Villepin... Et qui a dit qu'il était plus "social" que Sarkozy ?
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Commentaires
- 10h30, ouverture des travaux : les cernes creusées après avoir ferraillé jusqu'à 2h35 du matin sur le CPE, Jean-Marc Ayrault exige une suspension de séance. "Je refuse que l'on confonde débat et obstruction !", s'agace Jean-Louis Debré, cheveux mouillés et visage chiffonné. "Vous semblez de bien mauvaise humeur", ose le communiste Jean-Pierre Brard. Les incidents de séance s'enchaînent.
- 12h30 : Jean-Louis Debré, peu amateur de 49-3, vend la mèche. "Il va se passer ceci : vous allez contraindre le gouvernement à déposer le 49-3 et à ce moment-là, vous allez aller devant les caméras de télévision en disant : 'c'est scandaleux'", déplore-t-il en hochant la tête. La séance est levée. Aucun article n'a été examiné.
- 12h35 : dans les couloirs, le patron des députés UMP Bernard Accoyer prépare le terrain en renvoyant à la gauche la faute du 49-3. "A ce rythme, il faudrait six semaines pour arriver au terme".
- 15h, reprise des travaux : mais où est Dominique de Villepin? A l'Assemblée, on attend de pied ferme le Premier ministre, censé être au Sénat pour les questions. En l'attendant, la gauche fait mine de vouloir reprendre la discussion sur les amendements, pour mieux accuser après le gouvernement d'avoir empêché le débat avec le 49-3. Gérard Larcher, au micro, fait patienter les députés.
- 16h15 : entouré d'un "pack" gouvernemental, Dominique de Villepin prend la parole dans l'hémicycle. "J'ai l'honneur d'engager la responsabilité du gouvernement, je dis bien la responsabilité du gouvernement", lance-t-il. "Vous n'êtes pas élu, allez vous faire élire !", hurle la gauche en brandissant des petits cartons rouges, qui servent à voter la censure. Méprise du Premier ministre, qui y voit un signe footballistique : "Nous ne sommes pas dans un stade !"
- 17h : Jean-Louis Debré lève la séance jusqu'au 21 février, date du débat sur la motion de censure. Les députés partent en vacances, soulagés de ne pas avoir à passer le week-end au Palais-Bourbon. Répondre | Répondre avec citation |
Les origines socio-professionnelle s des députés illustrent le long chemin à parcourir pour assurer l'égalité des chances en France alors que se poursuivent à l'Assemblée nationale les débats - houleux - sur le projet de loi du même nom…
Côté vestimentaire, l'accès à l'hémicycle est déjà très réglementé : veste et cravate obligatoires, jean prohibé pour les hommes. Pas question d'arborer son bleu de travail !
Dans les travées de l'hémicycle, ce sont les catégories sociales élevées qui dominent. Parmi les députés, on trouve 37 avocats, 44 cadres supérieurs, 27 ingénieurs, 31 médecins, 11 chirurgiens et 18 dentistes, 8 pharmaciens et 21 industriels. Parmi les fonctionnaires, 28 sont issus des grands corps de l'Etat et 27 sont de la plus haute catégorie (catégorie A) contre seulement 9 des catégories B et C. Soixante-douze députés viennent du monde enseignant (50 du primaire ou du secondaire, 22 professeurs de faculté). Seuls 3 députés sont d'anciens ouvriers, 2 anciens marins, 21 agriculteurs (dont un seul salarié agricole).
Sans parler de l'inégalité entre hommes et femmes, criante au Palais-Bourbon où l'on compte 75 femmes députées contre 502 hommes (13%). Elles ne sont que 11% dans le groupe UMP, 17% au groupe PS, 18% au groupe Communiste et 3% à l'UDF !
Avec un âge moyen de 57 ans et 3 mois, les jeunes ne sont pas non plus très bien représentés… Quatorze ont moins de 40 ans, 94 moins de 50 ans, 260 ont entre 50 et 60 ans, 173 ont entre 60 et 70 ans et 36 ont plus de 70 ans. Donc au total, seuls 18,7% des députés ont moins de 50 ans.
Côté origines, c'est pire : ne cherchez pas un député «issu de l’immigration» car il n'y en a pas !!! Répondre | Répondre avec citation |
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Notre vision de l’Hémicycle est moins idyllique (extrait de notre article «En finir avec l’apartheid électoral») :
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Les règles du grand jeu électoral sont figées alors qu’il faudrait les réformer rapidement pour redynamiser l’engagement républicain de tous nos concitoyens. Mais les tenants du pouvoir semblent se contenter d’une situation où PLUS DE 50% DES FRANÇAIS ne sont pas représentés à l’Assemblée nationale, quand on additionne les abstentionniste s (30 à 35%), les votes blancs et ceux des Françaises et des Français qui se sont exprimés en faveur de formations politiques non représentées dans l’Hémicycle (LCR, LO, FN, MPF – quatre formations qui totalisent près de 30% des voix).
Et quand on s’intéresse de plus près aux origines socioprofession nelles et ethniques des «représentants» du peuple, on mesure à quel point les diversités et la mixité de la société française sont des valeurs négligées pour ne pas dire bafouées dans les plus hautes instances de la République.
Femmes, classes populaires, Français d’origines étrangères, tous exclus !
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Par qui sont représentés les 5 ou 6 millions de musulmans de ce pays (qui sont majoritairement des Français d’origine africaine et nord-africaine) ? Par qui sont représentés les centaines de milliers de Français d’origine asiatique, et aussi les millions de Français issus des premières vagues d’immigration d’Europe du sud (Espagne, Portugal, Italie) et de l’est (Pologne) ? En consultant les patronymes des représentants du peuple, on a le sentiment qu’il faut être Français de souche pour avoir quelque chance d’être élu à l’Assemblée nationale. Les rares noms de famille à consonance «exotique» sont ceux des député-E-s… corses !
Voilà à quoi ressemble l’Assemblée nationale sensée représenter les Français dans toutes leurs diversités socioprofession nelles, ethniques et religieuses : une classe de Dupont/Durand, notables de province, qui fleure bon le XIXe siècle.
Mais nous sommes au XXIe et la société française est confrontée à des situations qui imposent que les communautés nationales soient équitablement représentées. Trop d’exemples récents soulignent ce déficit chronique. Lors des récents événements des banlieues, on a pu mesurer la dramatique absence de porte-parole et de représentants de ces millions de Français qui vivent dans des quartiers défavorisés, voire laissés à l’abandon. De même, la lamentable affaire de l’article 4 de la loi du 23 février 2005 qui évoque «les aspects positifs de la colonisation» a heurté les communautés d’origines antillaise et africaine, soit au bas mot plusieurs millions de nos concitoyens qui ont été complètement exclus du vote parlementaire qui a entériné (avec l’aval des socialistes rappelons-le) un article stupide et offensant.
Voilà à quoi conduit la non représentation des habitants de ce pays dans toutes leurs diversités : à des incompréhension s qui peuvent se transformer à force d’exclusions répétées en communautarisme , puis en sectarisme, voire en affrontements. De ce point de vue le pacte républicain et l’unité du pays sont en danger.
(…) Répondre | Répondre avec citation |
Dominique de Villepin s'est offert vendredi à Toulon, après une semaine difficile consacrée à la bataille du CPE, un bain de foule ensoleillé et digne d'une campagne électorale dans les rues de la vieille ville.
Après avoir prononcé un discours très politique devant les élus varois réunis à l'Hôtel de ville, où il a fait allusion plus ou moins explicitement aux échéances électorales de 2007, le Premier ministre a longuement arpenté les rues, discutant avec commerçants et passants au marché hebdomadaire.
Alors que cette visite était axée sur la présentation de la réfection du vieux centre historique, de rénovation urbaine il a finalement été peu question.
M. de Villepin s'est longuement attardé devant les étals, bavardant, se laissant aller, avec le sourire, à des plaisanteries de potache : "Vous êtes serrés contre les patates, ça va faire de la purée…". Un peu plus loin, il a confié "avoir une grande passion pour les anchois".
A ses côtés, le ministre de l'Emploi, Jean-Louis Borloo, semblait lui aussi très enjoué. A Jeannine, une marchande qui lui faisait part de sa difficulté à vendre ses salades, il a lancé : "Je sais. Moi aussi, je suis le marchand de salades du gouvernement".
Devant l'étal d'un cordonnier proclamant "réparations en tout genre", M. de Villepin a glissé à son ministre : "Il fait le même métier que nous".
Avant de prendre un bateau pour se rendre à l'entreprise "Constructions navales industrielles de la Méditerranée", dans la ville toute proche de La Seyne-sur-Mer, le Premier ministre a confié garder un souvenir ému de Toulon où il a vécu jadis. "Cette visite me plonge un certain nombre de décennies en arrière quand, jeune enseigne de vaisseau, j'arpentais les rues de Toulon où j'ai passé plusieurs mois de ma vie, merveilleux". "Plusieurs mois à naviguer puisque j'étais dans la Marine, découvrant les grands horizons lointains qui m'ont conduit à l'époque jusqu'à Djibouti", a-t-il raconté.
Seule petite fausse note à cette visite, où le Premier ministre a reçu le soutien de plusieurs passants, une trentaine de lycéens ont manifesté aux abords de la mairie contre le Contrat première embauche. "Jeunesse en colère !" "Villepin, si tu savais, ta réforme, où on se la met" ou encore "Non, non, non au CPE, oui, oui, oui au CDI", pouvait-on entendre des salons de la mairie.
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Villepin : "l'accueil des Toulonnais vaut tous les sondages"
Dominique de Villepin a relativisé vendredi les enquêtes d'opinion faisant état d'un scepticisme croissant des Français vis-à-vis du Contrat première embauche (CPE), en estimant que "l'accueil des Toulonnaises et des Toulonnais, ça vaut tous les sondages".
"Ça, c'est ce qui s'appelle la réalité", a déclaré à la presse le Premier ministre, en allusion à l'accueil bienveillant auquel il avait eu droit un peu plus tôt lors d'un bain de foule dans les rues du Vieux-Toulon.
Il a toutefois assuré "retenir tous les messages", qu'ils émanent de "ceux qui expriment leur inquiétude", de "ceux qui manifestent" ou de "ceux qui ne manifestent pas mais qui peuvent aussi être inquiets et ne pas très bien savoir comment envisager l'avenir".
"C'est parce que nous sommes confrontés à des difficultés que nous avons un devoir supplémentaire. Cela renforce la conviction qui est la mienne d'un pays qui doit avancer, regarder vers l'avant, relever des défis, se mobiliser, trouver des réponses", a insisté le chef du gouvernement.
Il s'est également dit persuadé que "les réponses que nous avons apportées et que nous continuerons d'apporter, parce que je referai des propositions bien sûr sur nombre de sujets", sont "adaptées aux besoins de notre pays".
M. de Villepin est revenu sur son recours à l'article 49.3 de la Constitution sur le projet de loi sur l'égalité des chances, dont le CPE est l'une des mesures phares, en soulignant qu'il n'avait utilisé cette arme qu'"après un véritable débat démocratique". "Ce n'est que devant l'obstruction systématique" de la gauche "que j'ai décidé d'avoir recours au 49.3", s'est-il une nouvelle fois justifié. Il n'était "pas question de demander à nos compatriotes d'attendre plus longtemps" car "ils veulent des décisions rapidement", a-t-il affirmé. Répondre | Répondre avec citation |