"Nous l'avons fait baisser de 2 points en deux ans alors que la Grande-Bretagne, en dix ans, a réussi à le faire baisser de 3 points", plaidait-il dans ses adieux à la presse, le 11 mai. Et si Nicolas Sarkozy l'a emporté haut la main face à sa rivale socialiste à la présidentielle, n'est-ce pas parce qu'il "laisse la France dans un meilleur état que celui dans lequel (il l'a) trouvée", après l'échec du référendum sur l'Europe ?
[...] Le premier ministre se lance, dès l'été 2005, dans la modification du droit du travail en profondeur - avec la période d'essai de deux ans du contrat nouvelles embauches (CNE) -, la réforme de l'impôt sur le revenu, et la mise en place du "bouclier fiscal" qui limite le cumul impôt sur le revenu et impôt sur la fortune à 60% des revenus annuels. En contrepartie - toujours la volonté d'apparaître comme un premier ministre social -, il augmente sensiblement la prime pour l'emploi (PPE) : elle constitue désormais un quasi treizième mois pour les salariés au niveau du Smic. Avec l'aide du Plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo, il réactive l'arsenal des emplois aidés pour faire baisser plus vite le chômage.
En janvier 2006, fort des premiers résultats du CNE, le premier ministre veut aller plus loin. Déterminé à faire reculer significativement le chômage des jeunes avant la présidentielle, il estime avoir épuisé les marges de manoeuvre budgétaires pour faire baisser les charges sur les bas salaires ou sur les jeunes. Il pense qu'il ne lui reste plus que la carte de la flexibilité, et il décide de plaquer le CNE sur les moins de 26 ans : ce contrat jumeau est baptisé contrat première embauche (CPE).
L'hostilité de la jeunesse et des syndicats s'amplifie. Jacques Chirac demande au premier ministre de reculer. A chaque fois, Villepin l'en dissuade, renverse ses arbitrages. Il ira jusqu'à convaincre le chef de l'Etat de promulguer une loi qui ne sera pas appliquée et de l'annoncer en direct à la télévision. "Villepin a violé les institutions, il aurait dû mourir institutionnellement", tranche un ministre chiraquien.
Il est de toute façon déjà mort politiquement. Après trois mois de conflit, de dialogue de sourds et d'un divorce durable entre le premier ministre et l'opinion publique, le CPE est abandonné.
Au moment de quitter le pouvoir, Dominique de Villepin ne l'a toujours pas digéré : "J'ai voulu aller vite, trop vite peut-être. Mais je reste convaincu que nous avons mis le doigt sur l'un des principaux blocages de notre société." [...]
(Source : Le Monde)
=> Jeudi matin, Dominique de Vilepin a cédé sa place à François Fillon : lire en commentaire...
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