On savait déjà tout ou presque des riches grâce aux études d'IPSOS sur les hauts revenus. Il faudra désormais aussi se familiariser avec la cible des «élites». L'agence médias Carat (Aegis), le cabinet Tilder et l'institut TNS Sofres ont mené une étude approfondie des relations qu'entretiennent la société française, les élites et les médias avec «la volonté d'analyser ce dialogue difficile, en permanence à la limite de la rupture, entre la France "d'en haut" et celle "d'en bas" qui devient de plus en plus celle de la rue», selon Marie-Laure Sauty de Chalon, la présidente de Carat et d'Aegis Media France.
Entretiens approfondis. Originale, la démarche a consisté à faire «dialoguer» la société française et les élites, en interrogeant les Français au travers d'un sondage réalisé auprès de 1.000 personnes et les représentants de l'élite via des entretiens qualitatifs approfondis – 80 responsables politiques, journalistes, patrons de médias, chercheurs, intellectuels, écrivains, magistrats et autorités religieuses ont joué le jeu.
Premier enseignement : les Français reconnaissent la légitimité des élites. Ainsi, 84% d'entre eux considèrent que disposer d'une élite est nécessaire ou indispensable pour leur pays. «Ces résultats sont rassurants, note la présidente de Carat. Ils apportent la preuve que les citoyens ont conscience de ne pas pouvoir fonctionner sans repères, sans modèles, sans guides. Pour nos clients, les marques qui visent les leaders et les CSP+, le ciblage élite a donc un sens».
Légitimes mais critiquées. Les élites ont une légitimité, sans être pour autant exemptes de critiques. Une part croissante de Français – 57%, + 9 points en dix ans – estime qu'elles ne sont pas à la hauteur de leurs responsabilités. Cette défiance touche avant tout les élites dirigeantes, les «élites du faire», c'est-à-dire élus, hauts fonctionnaires, patrons de grandes entreprises ou financiers. Le sondage de TNS Sofres montre qu'elles n'assument pas les devoirs qui leur incombent : vérité et pédagogie, action au nom de l'intérêt général, ouverture sur la société. Les élites dirigeantes sont tout aussi considérées comme incapable d'engager des réformes et de jouer un rôle de visionnaire. La moitié des Français pense même qu'elles ne leur paraissent pas représenter un exemple à suivre. Le bilan est sévère.
Si les «élites du faire» sont discréditées, les «élites du dire» ressortent valorisées. «Ceux qui commentent le réel, mais n'ont qu'une emprise limitée sur la vie quotidienne des Français» sont jugés positivement. Au premier rang : scientifiques et chercheurs, suivis des intellectuels, des écrivains, des magistrats et des journalistes.
Sans média, point d'élite. Dernier enseignement de cette étude : passer dans les médias «est le signe jugé le plus distinctif de l'appartenance à l'élite» pour 73% des Français. Faut-il craindre une «peopolisation» des élites ? Cette préoccupation est exclusivement exprimée par les représentants de l'élite. Les Français, eux, distinguent les médias qui leur «donnent à lire, à entendre ou à voir des élites» de ceux qui privilégient d'autres angles comme le people. Le Figaro, Le Monde, L'Express, France Inter et TF1 appartiennent aux médias perçus comme faisant la part belle aux élites.
(Source : Le Figaro)
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