Le procureur de la République de Paris a requis jeudi 18 une peine d'amende de principe à l'encontre des laboratoires Garnier (groupe L'Oréal) en tant que personne morale et de ses responsables et de ceux d'Adecco jugés avoir effectué un tri en fonction de l'origine raciale lors du recrutement de démonstratrices en 2001.
"Tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir dans cette affaire", a ironisé le procureur Jean-Michel Aldebert qui a estimé que les dirigeants ne pouvaient ignorer les pratiques de recrutement des démonstratrices. "La discrimination à l'embauche est inacceptable", a-t-il soutenu. Le jugement devait être mis en délibéré à l'issue des plaidoiries de la défense. Les prévenus encourent jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende. (...)
Une marque "multi-ethnique"
Le groupe L'Oréal et la société de travail temporaire Adecco ont contesté vendredi avoir commis ou fait commettre la moindre discrimination à l'embauche. "Ce procès, ces accusations nous attristent et nous indignent", a affirmé la vice-présidente de L'Oréal en charge de la communication. (...)
"L'Oréal est une marque multi-ethnique". Tel a été la ligne de défense soutenue jeudi par les responsables du N°1 mondial des cosmétiques devant le tribunal correctionnel de Paris où ils étaient poursuivis par SOS-Racisme. (...)
"BBR"
L'affaire a été déclenchée par une plainte de SOS-Racisme. A l'appui, l'association produit un fax du 12 juillet 2000 envoyé par Districom à des agences d'intérim. Elle y détaille le profil des hôtesses recherchées par l'Oréal pour faire la démonstration de ses nouveaux produits de la ligne Fructis Style : 18-22 ans, taille de vêtement 38 à 42, BBR. Ce dernier code signifierait en fait "bleu, blanc, rouge" pour exclure les candidates de couleur. Un rapport de l'Inspection du travail diligenté par la suite chez l'Oréal a par ailleurs établi que très peu de filles d'origine africaine, maghrébine ou asiatique avaient finalement été retenues pour la campagne de lancement.
La rédactrice du fax a soutenu jeudi que "BBR" n'était qu'un code pour identifier les filles "s'exprimant correctement en français". Une interprétation rejetée par SOS-Racisme et le parquet. (...) Selon un rapport remis en septembre 2005 par l'ex-ministre de l'Industrie Roger Fauroux, les entreprises et les organismes de recrutement utilisent régulièrement des codes comme "BBR" ou "BYB" (blond aux yeux bleus) dans leurs demandes. Le rapport notait ainsi qu'à CV égal, une Maghrébine recevait trois fois moins de réponses favorables que la moyenne à une demande d'entretien d'embauche et un Maghrébin cinq fois moins.
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