Car la France est le pays d’Europe où les coûts d’implantation pour les entreprises sont les plus faibles. Au grand dam du Medef, qui ne cesse d’évoquer un coût du travail et une fiscalité «prohibitifs», l’Hexagone est au contraire l’un des territoires les plus attractifs au monde. Pour le cabinet d’audit américain KPMG, qui établit le constat, la France est même le 3e pays le moins cher pour l’implantation des sociétés. L’étude menée montre que seuls Singapour et le Canada présentent des conditions plus favorables. La France est même moins chère que le Royaume-Uni (6e position) ou les États-Unis (7e du classement), le Japon et l’Allemagne étant les deux pays les plus chers.
Des coûts faibles. Les arguties du Medef et de la droite sur un marché du travail trop rigide en terme de coût et de possibilité de licenciement sont mis à mal par cette étude. Même en terme de comparaison entre grandes métropoles, Paris est plus attractive financièrement que Yokohama, Londres, Francfort ou New York. En ce qui concerne les très grandes agglomérations (plus de 1,5 million d’habitants), Lyon arrive en deuxième position derrière Montréal. Et pour les villes de 100.000 à 500.000 habitants, Montpellier et Nantes occupent la tête de ce classement international.
Les propos cette semaine de Christian Noyer tombent du coup un peu à plat. Estimant nécessaire une amélioration de la compétitivité française, le gouverneur de la Banque de France déplore un coût du travail qui progresse plus vite en France que dans la zone euro. Il estime que «la proportion des salariés payés au SMIC et aux minima sociaux est historiquement élevée (16,8%), suite aux revalorisations accentuées et rapprochées depuis 2003, ce qui crée un risque de pression sur les coûts salariaux». L’orthodoxie de la Banque de France se confirme une nouvelle fois alors que l’attirance des capitaux internationaux pour la France reste réelle. La France propose en effet une fiscalité extrêmement attractive pour les patrimoines.
Avantages fiscaux. Comme le soulignait le syndicaliste Jean-Christophe Le Duigou, «les ménages les plus aisés comme les actionnaires n’ont pas à se plaindre du gouvernement Villepin». Parlant de «contre-réforme fiscale», le nº 2 de la CGT rappelle que «le bouclier fiscal profitera à 93.000 foyers et chacun gagnera en moyenne 18.000 € sur son imposition». Jean-christophe Le Duigou ajoute «les 4.000 € (de gain) dus à l’extension des exonérations pour les actions dans l’assiette de l’ISF».
Début 2005, le gouvernement avait modifié le prélèvement sur les dividendes en passant d’un système dit «d’avoir fiscal» à un système «d’abattement» ; le basculement augmentant sensiblement le rendement des gros portefeuilles de titres mobiliers (les actions). Alors que les entreprises, de leur côté, développent une politique de dividendes particulièrement favorable aux très gros actionnaires, le gouvernement leur ajoute la cerise fiscale. Les cadeaux fiscaux pour les entreprises s’étendent même à l’impôt sur les sociétés (IS). Le taux nominal de 33% est souvent décrié par le patronat français pour être l’un des plus élevés d’Europe. Or la présence de nombreuses niches fiscales, comme le régime d’amortissements dégressifs, la déductibilité des intérêts d’emprunts, le régime d’intégration fiscale, ou encore le régime du bénéfice mondial, conduit à un taux d’IS effectif, réel, assez bas. Comme le cadre réglementaire européen permet aux entreprises de localiser leurs bénéfices là où la fiscalité est la plus avantageuse, la France reste l’un des points de chute favoris de nombreux capitaux.
(Source : L'Humanité)
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