Dans son traditionnel discours du 14 juillet, le Président de la République avait évoqué une amplification des baisses de "charges" : quel mot plus méprisant, alors que ces cotisations alimentent la protection sociale de la majorité des Français et constituent des salaires redistribués qui alimentent notre économie. Chirac et ses sbires caressent un vieux rêve : que cette manne financière assignée au bien-être collectif soit autrement rentable, donc privatisée. Ainsi font-ils tout pour ruiner petit à petit notre système de répartition.
Dans une lettre aux responsables de la Commission des finances de l'Assemblée, Dominique de Villepin vient d'annoncer aujourd'hui que le "calendrier" et "les modalités de financement" liés à l'éventuelle suppression des cotisations sociales patronales du Smic seront "étudiés" et "discutés" par les députés à l'automne prochain, "dans le cadre de l'examen des lois de finances et de financement de la Sécurité sociale pour 2007". Le premier ministre y précise que "les baisses de charges sociales ont un impact favorable sur l'emploi" (alors qu'on sait qu'il n'en est rien !). "C'est un engagement qui a été rappelé par le président de la République le 14 juillet, et qui fait actuellement l'objet d'une analyse technique", a indiqué Matignon.
1,5 milliards d'euros de cadeaux supplémentaires aux entreprises
Mais pour Pierre Méhaignerie et Gilles Carrez, respectivement président et rapporteur de cette Commission, la question du financement reste ouverte : "Ce n'est pas la peine d'en rajouter cette année dans les dépenses quand on a dit que tout allait à la réduction des déficits", dit le Président de la Commission des Finances. Supprimer les 2,1 points de cotisations de Sécurité Sociale qui subsistent sur le Smic coûterait 1,5 milliards d'euros, souligne de son côté le rapporteur Gilles Carrez. La principale difficulté sera de "faire rentrer cet allègement dans la problématique de l'équilibre budgétaire. Soit on le fait par redéploiement des moyens existants, soit en trouvant des économies. Cela peut se faire en étalant sur deux, voire trois ans, tout cela reste à définir"...
Toutes ces baisses de "charges", et plus généralement les nombreux et généreux dispositifs d'aides publiques aux entreprises - directes ou indirectes, évaluées à 60 milliards d'euros en 2005 par le Conseil d'Orientation pour l'Emploi - n'ont qu'un impact réduit sur la création d'emplois, et aucune incidence sur les licenciements ou les suppressions de postes. Maintenant et d'ici 2007, il s'agit pour le gouvernement de "revaloriser le travail"... au rabais (le CNE de Dominique de Villepin avec ses exonérations fiscales, et les contrats aidés de Jean-Louis Borloo), encore et toujours sur le dos de la collectivité.
Avec cette nouvelle mesure, gageons que l'année prochaine ce n'est plus 16,8% mais au moins 20% de Smicards que la DARES va pouvoir recenser !
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