L'opération «Gazelles» est reconduite pour 2007. Ainsi, l'année prochaine, une sélection de 4 à 5.000 PME ayant connu 2 années consécutives de croissance de leur masse salariale (+ 15 à 20%) bénéficiera d'aides fiscales : un gel de l'impôt sur les sociétés et un report du paiement des cotisations des salariés nouvellement embauchés. (A noter que les 2.000 «Gazelles» du cru 2005 avaient été sélectionnées en fonction de la croissance de leur chiffre d'affaires, et non de leur dynamisme à recruter...) Dans la foulée, un dispositif permettra aux cadres venant du public ou de grandes entreprises de tenter leur chance auprès d'une «Gazelle», tout en gardant la possibilité de réintégrer leur poste. Et ces entreprises, privées généralement de revenu boursier, bénéficieront d'un fonds d’investissement «France Gazelles» (2 milliards d’euros financés par l'Etat) destiné à promouvoir leur capital-risque ainsi que leur capital-développement.
Dans la longue liste des mesurettes faussement anti-chômage, cette petite dernière tient bien son rang. Et devrait au final déplaire à tout le monde...
Il s'agit donc de 2 milliards d'euros - issus des contribuables - à partager (400.000 euros par PME) sur un critère qui fait l'unanimité (l'augmentation de la masse salariale, donc un peu moins de chômeurs et plus d'employés, quoiqu'il ne soit pas précisé s'ils le seront en CDI...) assorti d'un "gel" de l'impôt sur les sociétés et d'un "report" de cotisations sociales (autrement dit de délais : le Trésor Public et l'URSSAF leur feront crédit à taux zéro). Car un gel ou un report sont des facilités de trésorerie, non des dispenses : ces entreprises n'y trouveront qu'un intérêt limité.
Parallèlement, comment qualifier un dispositif permettant à des cadres en fonction voire même fonctionnaires de se faire embaucher par ces PME avec l'assurance de retrouver leur emploi précédent si ça ne colle pas ? Tout ceci est en parfaite contradiction avec les discours sur les mesures de lutte contre le chômage, ce qui n'étonnera personne. Mais pire encore, il s'agit d'une preuve accablante du mépris dans lequel on tient les chômeurs et l'ensemble des contribuables : les chômeurs ne sont-ils ni assez nombreux ni assez "employables" pour être les bénéficiaires de ces postes ? L'Etat reprend ainsi à son compte la thèse qu'un cadre de grande entreprise ou de la Fonction publique valent plus que des cadres désœuvrés. A point de financer sur les deniers publics leur avancée et de les assurer tous risques... On vit une époque formidable.
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