Le projet de suppression totale des cotisations sociales au niveau du Smic pour les TPE (c'est-à-dire 96% des entreprises françaises) à partir du 1er juillet 2007 est vivement critiqué. Pour ses détracteurs, la mesure favorise les "trappes à bas salaires" en incitant les entreprises à payer au minimum leurs salariés. Mais Renaud Dutreil a affirmé devant le prestigieux salon que cette mesure aurait "un effet non seulement au niveau du Smic mais jusqu'à 1,6 fois le Smic", en étant appliquée de manière dégressive. "Il n'y aura donc pas d'effet de trappe à Smic, comme semblaient le craindre certains".
Hélas, le salaire médian horaire français 2005 étant évalué à 14,22 € brut par la Fédération des employeurs européens (FedEE), le Smic horaire brut étant lui-même fixé à 8,27 €, notons que 1,6 Smic se rapproche curieusement - à 10% près - du salaire médian ! Avec nos 17% de Smicards et la moitié de nos salariés qui gagnent moins de 1.500 € nets par mois, il est certain que le pouvoir d'achat des Français qui travaillent ne file pas à la hausse : de quoi remonter "la France qui se lève tôt" contre celle qu'on prive de boulot, accusée de profiter et de frauder, et à qui l'on réserve des emplois précaires au Smic pour sortir de "l'assistanat".
Revenant sur le rapport de la Cour des comptes qui épingle ces dispositifs, M. Dutreil a estimé que la proposition du gouvernement s'inscrivait "pleinement dans la ligne des préconisations de la Cour" en ciblant les allègements de charges sur les petites entreprises : un sompteux détournement du propos car pour lui, cette "politique sur les bas salaires a fait la preuve de son efficacité" alors que la Cour des comptes parle, au contraire, d'une "efficacité quantitative trop incertaine". Et d'ajouter en s'appuyant sur une étude du ministère de l'Emploi que "si les exonérations étaient supprimées, un million d'emplois seraient supprimés en quelques années"...
Au ministère des PME, le coût de la mesure reste évalué à "650 millions d'euros en année pleine" alors que Gilles Carrez, rapporteur UMP du Budget à l’Assemblée, a avancé la modique somme de 1,5 milliards d'euros sur cette réforme. Coût auquel il faut rajouter l'augmentation de la PPE, futur 13e mois pour les Smicards généreusement offert sur les deniers de l'Etat : 4,2 milliards d'euros. Encore un détournement de fonds publics qui va soulager les poches des entreprises pour un impact quasi nul sur la création d'emplois dignes de ce nom.
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