Allons... vous ne voyez pas ? Mais si : c'est Dominique Galouzeau de Villepin !
Encore une petite phrase qui tue. Le Premier ministre défendait à Oullins (Rhône) l'action de son gouvernement en matière de chômage, attribuant la baisse encourageante de ces derniers mois à sa "détermination", son "pragmatisme" et sa "volonté" de "mieux cibler les réponses"...
"Depuis plusieurs mois, à chaque fois que les chiffres du chômage sont publiés, j'entends un certain nombre d'explications", a-t-il ironisé lors d'un point-presse dans les bureaux de l'ANPE. "La baisse du chômage serait due au hasard, au mieux à l'évolution de la démographie, au pire à une augmentation des radiations", a-t-il noté avant de réfuter ces arguments. Pourtant, face à ces lyriques réfutations, voici les nôtres, bien réelles.
"Mon objectif, ce ne sont pas les chiffres. Mon objectif, c'est que la situation des Français s'améliore et qu'ils puissent toucher du doigt la baisse du chômage"... Rappelant son ambition de passer sous la barre des 2 millions de chômeurs (euh… de catégorie 1), il s'est engagé à "réduire encore le chômage structurel pour parvenir à un taux de l'ordre de 5 à 6%", à créer des parcours professionnels mieux sécurisés, et à améliorer la qualité de l'emploi. Et c'est bien évidemment ce qu'il ne fait pas en favorisant, par exemple, les rémunérations au SMIC...
Cerise sur le gâteau : "La précarité du travail ne peut pas être le prix à payer pour la baisse du chômage", a-t-il conclu. Pourtant c'est bien le contraire qui se produit, et c'est l'INSEE qui le dit.
Dominique de Villepin est le champion du cynisme pragmatique toutes catégories ! On applaudit bien fort...
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Commentaires
Plus de 7 millions de personnes qui travaillent et perçoivent un salaire se trouvent dans l’incapacité de se nourrir, de se loger ou de s’habiller décemment, de même que leur famille. Plus de 3 sans domicile fixe sur 10 ont un travail à temps complet, partiel ou précaire, gagnent souvent entre 900 et 1.300 euros, et pourtant cherchent soir après soir où dormir… Nous voilà dans le monde des travailleurs pauvres !
Alors que jamais le pays n’a été aussi riche, la précarité s’est développée sur un mode exponentiel. En dix ans, l’intérim a augmenté de 130%, le nombre de CDD de 60%, les CDI de seulement 2%. Plus d’un million de personnes bénéficient du RMI, plus de 400.000 de l’allocation solidarité. Les jeunes et les femmes constituent la chair à canon d’un système qui s’accommode fort bien de cette précarité, au point de vouloir l’institutionna liser. Ainsi, entre la moitié et les deux tiers des femmes qui travaillent ont un contrat au sigle étrange – CES, CIE, CEC… –, touchent moins de 750 euros par mois et vivent seules ou avec un conjoint au chômage. Elles forment 90% des familles monoparentales.
Cela n’arrive qu’aux autres ? Erreur ! Tout le monde peut être concerné du jour au lendemain après un drame personnel, un événement familial, un licenciement… Au cours de cette enquête dans la lignée du "Peuple d’en bas" de Jack London ou de "Dans la dèche à Paris et à Londres" de George Orwell, Jacques Cotta a rencontré des personnes qui peuvent en témoigner : André, ancien prof surdiplômé, Eric, assureur autodidacte, Jean-François, boucher charcutier, Yves, coiffeur dans la marine reconverti sur la terre ferme, Etienne, informaticien recyclé dans le gardiennage, Roland, manutentionnair e, Jean, jardinier… Autant de travailleurs dont on n’aurait jamais soupçonné, au premier abord, qu’ils pouvaient être touchés par cette nouvelle pauvreté. Ils avaient une famille, une maison, pignon sur rue, et ils ont tout perdu.
Ce sujet qui dérange, et que les hommes politiques n’abordent que rarement, sera sans doute au cœur des débats dans la perspective des élections de 2007.
A paraître 7 millions de travailleurs pauvres (La face cachée des temps modernes) de Jacques COTTA - ancien professeur de mathématiques jusqu’en 1985, devenu journaliste. En librairie le 27 septembre.
(Source : Marianne) Répondre | Répondre avec citation |