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Pire : 60% des sondés souhaitent que la justice traite de la même façon les délinquants mineurs et les majeurs, et 53% pensent que Nicolas Sarkozy est l'homme de la situation pour lutter contre l’insécurité, malgré ses pitoyables résultats !
Tant d'ignorance et de mépris sont sidérants. A ces Français-là, et à ceux qui clament que Nicolas Sarkozy «est parvenu à transcender le clivage droite/gauche en matière de sécurité», voici ce qu'il faut expliquer :
• Cette année, l'Etat a octroyé 6 milliards d'euros soit à peine 2% de son budget à la Justice, plaçant celle-ci au 23e rang européen. Par comparaison, on a réservé à notre Défense nationale 35 milliards d'euros, et notre Police a obtenu 15 milliards d'euros. La Justice est bel et bien le parent pauvre de nos institutions.
• De la même façon que la peine de mort n'a jamais influé sur les pulsions des meurtriers, nulle part il est prouvé que la prison empêche les récidives. Mettre un mineur sous les verrous, c'est au contraire lui garantir un bel avenir de délinquant.
• Tant qu'il y aura de la pauvreté, du chômage et de la discrimination, il y aura de la racaille. Tant qu'il y aura de la misère sur terre, il y aura des immigrés et des clandestins.
Ceux qui invoquent la répression et méprisent la prévention, qui n'ont que le mot "sécurité" à la bouche seraient bien inspirés de s'interroger sur la justice sociale, qui est le meilleur remède aux insécurités de tout poil. Tant que la justice sociale - qui, rappelons-le, n'est absolument pas la priorité du candidat Sarkozy - passera au second plan, la répression, aussi sévère soit-elle, ne restera qu'un vulgaire pansement sur une jambe de bois.
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Commentaires
Jamais un ministre d’État n’avait encore soulevé un tollé d’une telle ampleur du monde de la justice. Jamais un ministre de l’Intérieur ne s’était ainsi attiré les foudres de toute la hiérarchie de la magistrature de ce pays, bien au-delà des clivages politico-syndicaux. Hier, Nicolas Sarkozy a pris une volée de bois vert de la part des plus hauts magistrats après ses scandaleuses déclarations sur la «démission» des magistrats de Seine Saint-Denis face à la délinquance.
C’est la première fois, en effet, que le plus haut magistrat du siège, le premier président de la Cour de Cassation, Guy Canivet, fustige dans un communiqué les attaques du ministre de l’Intérieur qu’il qualifie de «nouvelle atteinte à l’indépendance de l’autorité judiciaire». Parlant de «termes provocants», il précise qu’il demande à être reçu par le président de la République, «garant de l’indépendance de la magistrature, pour lui exposer la gravité de ces atteintes réitérées à la répartition des pouvoirs prévue par la Constitution et le malaise ressenti par les juges dans une situation qui compromet l’exercice de la justice».
Le procureur général près la Cour de Cassation, Jean-Louis Nadal, le plus haut magistrat du parquet, s’est rendu hier après-midi au tribunal de Bobigny pour exprimer son soutien aux magistrats «à la suite des mises en cause du fonctionnement de leur juridiction». Le premier président de la Cour d’appel de Paris, Renaud Chazal de Mauriac, a également dénoncé dans un texte «la stigmatisation de la justice à travers des formules choc et réductrices», jugeant qu’elle est «manifestement injuste» et «ne peut être acceptée». Le Conseil supérieur de la magistrature avait déjà alerté, la semaine dernière, son président Jacques Chirac des atteintes de son ministre de l’Intérieur à la séparation des pouvoirs en s’en prenant, déjà, au tribunal pour enfants de Bobigny, l’accusant de n’avoir prononcé aucune décision d’emprisonnemen t durant les événements de novembre 2005.
De son côté, le bâtonnier de l’ordre des avocats du barreau de Seine Saint-Denis, Frédéric Gabet, dans une lettre adressée hier au président du tribunal de grande instance de Bobigny, Philippe Jeannin, exprime son «indignation et son écoeurement». «Depuis votre installation, lui écrit-il, mon barreau a apporté son soutien sans faille aux efforts réels entrepris pour sauver du naufrage une juridiction menacée». Il dénonce des «déclarations à l’emporte-pièce» et des «propos démagogiques». «Ce pitoyable réquisitoire, poursuit-il, s’inscrit à l’évidence dans le cadre très politique de la campagne électorale pour l’élection présidentielle et témoigne, ainsi que vous l’avez fait observer, d’une réelle ignorance du fonctionnement de la justice et d’un mépris affiché pour ceux qui y concourent».
(Source : L'Humanité) Répondre | Répondre avec citation |
83% de «réponse pénale» pour les jeunes, contre 72% en 2002, selon le Garde des Sceaux Pascal Clément, qui a salué «les magistrats et les fonctionnaires» qui travaillent à Bobigny. «C'est un travail très dur et ils le font bien», a-t-il ajouté. Le tribunal a peu à peu abandonné les «mesures alternatives». Elles sont aujourd’hui minoritaires. Les demandes de placement en détention de mineurs ont augmenté de 36% entre 2003 et 2004.
200.000 affaires par an. En volume, le tribunal de Bobigny est aujourd’hui le deuxième de France. Au parquet, chaque substitut du procureur traite en moyenne 1.500 dossiers par an. Parmi cette charge de travail, 70% des cas concernent la délinquance sur la voie publique.
42 appels par jour. La permanence des flagrants délits est tenue par deux substituts. Chaque affaire est traitée en 10 minutes. Un délai divisé par deux à la permanence des enquêtes préliminaires, qui traite 85 affaires par jour.
15% de mineurs mis en cause. En 2004, le parquet des mineurs de Bobigny était le premier de France avec 10.000 plaintes traitées, soit deux fois plus qu’à Créteil ou Marseille. Et «la délinquance juvénile continue d'augmenter», alerte le rapport. Sur un an, le nombre de mineurs mis en cause a augmenté de 2,6%. Moins vite, cependant, que le nombre de mineurs victimes (+12,4%). En cause : l’augmentation du contentieux familial.
15 débutants. Sur les 45 magistrats du parquet à la rentrée 2006, un tiers sortent de l’école. La division de l'action publique territorialisée «souffre de la rotation rapide de ses membres et d'un encadrement insuffisant», estime l’audit. Il évoque un engorgement du au «sous-effectif chronique». Les greffiers sont moins nombreux qu'en 1999. Il en faudrait 50 de plus pour un bon fonctionnement du tribunal.
9 mois. C’est la durée moyenne d’attente avant l’application de la décision du juge par le service de l'exécution des peines en matière correctionnelle . Au premier trimestre 2005, 3.500 jugements était ainsi en «stand-by», autant que pour toute l’année 2004.
(Source : Le Figaro) Répondre | Répondre avec citation |
Le président de l'UMP, confronté au regain de forme du duo Chirac-Villepin, traverse une mauvaise passe à sept mois de l'élection présidentielle.
Il y a bientôt un an, les émeutes dans les banlieues avaient failli être fatales à Nicolas Sarkozy. Aujourd'hui, le ministre de l'Intérieur - qui s'expliquera vendredi matin sur RTL - est à nouveau mis en difficulté par la recrudescence des actions violentes dans les quartiers sensibles, qui mettent en évidence les limites de sa politique de fermeté conduite depuis 2002.
Il a suffi de la divulgation par "Le Monde" d'un rapport confidentiel du préfet de Seine Saint-Denis s'alarmant d'une augmentation de 7,64% de la délinquance dans son département depuis le début de l'année, et de l'agression dont ont été victimes mardi deux CRS dans le quartier des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes, pour remettre l'insécurité au coeur de l'actualité et rappeler le bilan mitigé du ministre de l'Intérieur.
Si la délinquance générale a reculé de 8,8% de mai 2002 à avril 2006, les violences contre les personnes ont augmenté de 6,7% entre août 2005 et août 2006, selon l'Observatoire national de la délinquance. Dans cette situation, M. Sarkozy a contre-attaqué en rendant les magistrats de Bobigny responsables de la situation en Seine-Saint-Denis par leur "démission" face aux délinquants.
Cette manoeuvre de diversion a provoqué une levée de boucliers dans la magistrature et à gauche. "Au lieu de tirer les leçons de ce bilan sans appel, l'UMP allume des contre-feux et cherche des boucs émissaires pour détourner l'attention de nos concitoyens", a dénoncé Julien Dray (PS). "Et si on formulait l'hypothèse que le principal responsable, c'est celui qui est aux affaires depuis quatre ans ?", a demandé Laurent Fabius.
Dominique de Villepin n'a pas tardé à exploiter le faux pas de celui qu'il n'a pas renoncé à le concurrencer dans sept mois. Après le conseil des ministres, le Premier ministre a convoqué M. Sarkozy à une réunion improvisée sur la situation dans les banlieues. Dans un communiqué publié après la réunion, il a salué "l'engagement" de tous les acteurs, dont les magistrats, dans la lutte contre l'insécurité. Une façon élégante de désavouer le numéro deux du gouvernement.
Les sarkozystes volaient pour leur part au secours de leur leader en s'en prenant à "l'amnésie" des socialistes. "Le gouvernement actuel n'a aucune leçon à recevoir de la part de la gauche qui n'a jamais assumé ses responsabilités en matière de lutte contre l'insécurité quand elle était au pouvoir", ont répliqué les porte-parole de l'UMP Valérie Pécresse et Luc Chatel. Les sarkozystes rappellent que le nombre de crimes et délits a augmenté de 14,5% entre mai 1998 et avril 2002 sous le gouvernement Jospin.
Reste que cette polémique survient à un moment difficile pour Nicolas Sarkozy. Son voyage controversé aux Etats-Unis, durant lequel il a posé avec George W. Bush et critiqué "l'arrogance" de la diplomatie française, lui a valu lundi un recadrage de Jacques Chirac, qui n'exclut pas de briguer un troisième mandat.
L'accord entre Jean-Louis Debré et la gauche sur le vote le 3 octobre du projet de loi de privatisation de GDF va par ailleurs obliger l'UMP à approuver un texte qui renie l'engagement pris en 2004 par M. Sarkozy de maintenir la part de l'Etat au dessus de 70% du capital.
Malgré ces difficultés, M. Sarkozy entend toujours rester ministre de l'Intérieur au moins jusqu'à la désignation du candidat UMP le 14 janvier prochain. "Il a décidé d'assumer sa responsabilité de ministre et ses convictions jusqu'au bout", dit son conseiller politique Gérard Longuet. "S'il n'était plus ministre de l'Intérieur, l'opinion aurait pu penser qu'il s'est tiré d'un poste exposé pour être candidat".
(Source : Le Nouvel Obs) Répondre | Répondre avec citation |
Piqûre de rappel : notre article du 13/06/06 et ses commentaires… Répondre | Répondre avec citation |
D'après des policiers cités par l'AFP, Nicolas Sarkozy a piqué une colère, mercredi dernier à Bobigny, face aux principaux responsables de la police en Seine-Saint-Denis. Le ministre de l'Intérieur les avait réunis à huis-clos après la divulgation d'une note du préfet sur la délinquance dans le département. Le Canard enchaîné du mercredi 27 septembre relate également les propos d'un des fonctionnaires présents à cette réunion : "Nicolas Sarkozy a invectivé à coup de "crétins !", "connards", "incapables"' les personnalités présentes. Des insultes démenties en revanche par d'autres policiers présents. "Il était intenable", poursuit le fonctionnaire au Canard, "il s'est mis à hurler, à prononcer des mots très durs et blessants".
Un autre policier rapporte à l'AFP : "C'était assez hard. Nicolas Sarkozy était très excité et énervé par la publication de la note du préfet. Il a eu des mots durs, moralisateurs, mais il n'a pas été grossier".
"Parano"
Un collaborateur du ministre parle même de traitements "comme des gardés à vue". Selon le journal satirique, le ministre a repris le thème de la "parano". "Il nous a sorti la grande thèse du complot", explique un chef de service présent à la réunion. "A savoir que ses ennemis (…) cherchaient à s'en prendre au candidat à l'Elysée", poursuit-il dans les colonnes du Canard.
Selon d'autres policiers, le ministre aurait notamment demandé aux commissaires "de ne pas se tourner les pouces en Seine-Saint-Denis", "de montrer l'exemple en allant sur le terrain".
Un autre policier raconte que Nicolas Sarkozy a dit : "Vous me trouvez en colère. Je suis plus que ça". "Ce sont des choses qu'il faut se dire entre nous, mais pas écrire", a-t-il ajouté, faisant allusion à la note du préfet Jean-François Cordet qui dénonçait notamment une recrudescence de la délinquance dans le département.
"Loyauté"
Le préfet, selon ce policier, "a accusé le coup, puis a dû lui réaffirmer sa loyauté".
Lors du point presse organisé avant cette réunion de travail, Nicolas Sarkozy avait accusé la justice du département de Seine-Saint-Denis de "démission" face aux délinquants, suscitant la polémique au sein de la magistrature. Il avait également annoncé un renforcement des effectifs de police et félicité les policiers de la hausse du nombre des affaires élucidées (+15,6% depuis janvier 2006, selon lui). "Vous avez contenu la délinquance, bravo", leur avait dit le ministre devant la presse.
Parmi les personnes présentes à la réunion de travail figuraient le préfet, le directeur général de la police nationale (DGPN) Michel Gaudin, les principaux commissaires du département, le directeur de la sécurité publique et les représentants de services spécialisés (Police judiciaire, Renseignements généraux, Police aux frontières).
(Source : Le Nouvel Obs) Répondre | Répondre avec citation |