On connaissait les plans sociaux - pudiquement appelés "plans de sauvegarde de l'emploi" (PSE), obligatoires dans toutes les entreprises d'au moins 50 salariés - qui sont une procédure de concertation avec les représentants du personnel visant à limiter les licenciements. La DARES en a recensés 1.270 en 2005, pointant au passage les résultats décevants de ces dispositifs : si à peine 30% des "reclassés" ont décroché un CDI, un an après, seulement 20% des salariés ayant subi un PSE ont retrouvé un emploi stable.
Pour faire une omelette il faut bien casser des œufs… Or la nouvelle mode consiste à prôner le contraire : désormais il est possible de dégraisser son personnel sans gonfler les chiffres du chômage. On restructure, on supprime des postes, mais rassurez-vous : on ne licencie pas !!!
Le "choc démographique" n'aura pas lieu
Les départs en retraite des papy-boomers réjouissaient Jean-Louis Borloo qui déclarait en 2004 que, grâce à eux, le chômage se résorberait et que nous aurions même "une crise du recrutement" à affronter dès 2007. Mais il s'avère que ce choc démographique est surtout l'occasion rêvée de réduire ses effectifs pour un tiers des entreprises...
Quand l'Etat lui aussi s'y est mis en annonçant la suppression de 15.000 postes dans la Fonction publique, Laurence Parisot déclarait en juin dernier : "Il s'agit bien de départs en retraite qui ne sont pas à nouveau pourvus. Il n'y a aucune suppression d'emplois pour quiconque". Dans toutes les grandes entreprises (EDF, SNCF, Air-France, La Poste, Valéo, Total, et tout récemment PSA Peugeot Citroën ou Axa…) le refrain est le même : les économies ainsi réalisées sur la masse salariale pour des raisons de compétitivité ont pour principal objectif de faire "zéro chômeur" !
Première cible : les nombreux papy-boomers qu'on ne remplace pas. Ensuite, les CDD et les intérimaires qu'on remercie. Tout le monde s'accorde pour dire que ces "non-licenciements" n'iront en aucun cas grossir les inscriptions à l'Assedic, et la bonne conscience règne ! Seulement voilà : si les intérimaires et les CDD ne sont pas vraiment licenciés, ils reviennent sur un marché du travail désastreux où la précarité touche 70% des offres, tandis que les heureux retraités percevront leur pension et ne feront plus partie de la population active.
Une seule génération au travail
Economies sur la masse salariale, délocalisations... Ces suppressions de postes massives réduisent toujours plus le nombre d'emplois disponibles en France. Face à ces inéluctables calculs à court terme, personne n'est épargné :
• les jeunes qui continuent à entrer sur le marché du travail ne pourront pas prétendre remplacer les anciens,
• les demandeurs d'emploi plus âgés ne pourront pas non plus prétendre à ces postes détruits,
• les salariés en poste, animés par la crainte du chômage et de la précarité, s'accrochent à leur emploi en acceptant de travailler doublement.
Ainsi se concrétise ce que l'ex Premier ministre Jean-Pierre Raffarin faisait semblant de dénoncer : face au chômage des jeunes et des seniors, c'est bien "une seule génération au travail" qui est maintenue, celle des 25-35 ans, cible préférée des recruteurs. Aux jeunes la précarité, aux seniors le chômage de longue durée, et aux salariés d'en payer le prix.
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