À six mois de la présidentielle, les 700 membres des cabinets ministériels se mettent petit à petit sur le marché. Cette fois, les grandes manoeuvres ont commencé relativement tôt. «Ceux qui avaient l'impression de ne pas être dans le bon train ont tenté de partir très vite», résume le conseiller d'un ministre.
Selon la dernière livraison du Guide du pouvoir, près d'un quart des effectifs a ainsi été renouvelé depuis le début de l'année : 142 personnes sont parties, et 133 recrutées. Le directeur de cabinet de Dominique de Villepin, Pierre Mongin, a ainsi été nommé à la tête de la RATP il y a trois mois. À Bercy, Philippe Josse, ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé (Budget), est parti dès mars en tant que directeur du Budget. Jean-Louis Borloo a «lâché» dès juillet son directeur de cabinet, Jean-François Carenco, retourné dans le corps préfectoral. «Maintenant il ne nous reste que six mois utiles, ce qui n'est pas énorme. Ceux qui ne sont pas fonctionnaires d'origine commencent même à paniquer un peu», témoigne un membre du pôle social du gouvernement.
Dans l'entourage des ministres, on trouve une grande majorité de fonctionnaires. Parmi eux, 20% d'énarques. «Pour eux, explique-t-on, le jeu consiste à ne pas se retrouver dans un petit bureau au fond d'une administration et à éviter d'être sous les ordres de ceux qu'ils dirigeaient précédemment.» Directeurs ou sous-directeurs de cabinet arrivent parfois à jouer, avec l'aide active et bienveillante de leur ministre, une nomination au «tour extérieur» dans un des grands corps de l'administration : Conseil d'État, Cour des comptes, Inspection générale des finances, voire ambassade. C'est le cas, par exemple, de l'ancien directeur de cabinet de Xavier Bertrand, Benoît Bohnert, qui vient de décrocher une place au Conseil d'État.
D'une moyenne d'âge de 40 ans, et femmes pour 31%, les personnels des cabinets sont souvent très diplômés. Peu d'entre eux partent dans une entreprise, qu'elle soit publique ou privée. Le vivier des entreprises publiques type EDF, prêtes à «recueillir» les anciens politiques s'est d'ailleurs considérablement réduit, sous l'effet des privatisations. Quant au secteur privé, il peut certes être attiré par le carnet d'adresses d'un membre de cabinet ou par sa bonne connaissance du fonctionnement de la machine étatique. Mais «nous sommes marqués politiquement, ce qui, en cas d'alternance, peut s'avérer un vrai problème», note un conseiller technique. Les embauches se font donc, mais au compte-gouttes. Il y a trois semaines, Augustin de Romanet, ancien secrétaire général adjoint à l'Élysée, a rejoint le Crédit agricole. Arnaud Lucaussy, ancien conseiller de François Loos (Industrie), est devenu directeur de la réglementation et des études à SFR. L'ancien directeur de cabinet de Philippe Bas (Famille), François Xavier-Roussel, vient de partir chez Areva, et le chargé d'études de Thierry Breton, Hakim El Karoui, vient de décrocher un poste à la banque Rothshild.
«Outplacement» à Matignon
Afin de les aider, et de ne pas renouveler le précédent de 2004, où des gens s'étaient retrouvés sans rien du jour au lendemain, Matignon a innové : une cellule d'«outplacement», avec chasseur de têtes, a été mise sur pied pour les membres du cabinet du premier ministre. Le système, inédit, fait d'ailleurs «baver d'envie», selon l'expression d'un collaborateur de l'Éducation, tous les membres des autres cabinets.
Les départs vont donc s'accélérer, créant dans leur sillage un petit effet pervers : la difficulté pour un ministre de recruter des nouvelles têtes, sachant que la durée du contrat sera au maximum de six mois. Aussi certains passent-ils d'un cabinet à l'autre. Dominique de Villepin a recruté l'ancien directeur de cabinet de son ministre de l'Agriculture, Michel Cadot, et l'Élysée a accueilli la semaine dernière l'ancien directeur de cabinet adjoint de Xavier Bertrand.
(Source : Le Figaro)
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