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Ardennes : jour «mort» dans l'indifférence

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Peu de mobilisation pour cette journée d'action contre la perte de 1.500 emplois dans le département.

Voilà. Il y avait à peu près 1.500 personnes dans la rue. L'équivalent des emplois industriels que devraient perdre d'ici quelques mois les Ardennes. Vendredi, à l'appel de la CGT et de FO, le département avait été décrété «mort». Un cortège a parcouru Charleville, s'arrêtant devant tous les lieux publics, de la mairie à la préfecture en passant par la permanence de la députée UMP. A chaque fois, des sifflets, voire des lancers d'oeufs. Et le même cri : «Les députés en CDD. Les élus, au boulot.»

Hémorragie. Car les licenciés de Thomé-Génot, de Glaverbel, de Delphi, ou ceux qui sont menacés chez Visteon, ressentent tous la même chose : les pouvoirs publics ne semblent pas très efficaces pour arrêter l'hémorragie d'emplois qui touche les sous-traitants et les fournisseurs de l'industrie automobile. «Une nouvelle crise nous tombe dessus, comme celle qui a ravagé la sidérurgie et la fonderie dans les années 80, note le maire de Nouzonville, commune où est installée l'usine Thomé-Génot. Mais, cette fois-ci, l'Etat n'est plus là. Et à la fin, on ramasse.» Depuis 1999, sa ville a perdu près de 600 habitants, presque autant d'enfants, sans parler de l'impact sur le commerce et les impôts locaux. Les chiffres du chômage s'envolent (13% dans le département, quand le taux national est sous la barre des 9%). Les maires notent aussi l'explosion des demandes de RMI. Et «la distribution de bons alimentaires pour des familles qui n'ont plus rien à bouffer, ne payent plus l'eau, ni les loyers, ni l'électricité», comme le dit un autre élu.

A l'instar des salariés, ils désespèrent de ne rien pouvoir faire entendre aux entreprises. Car la crise qui touche la métallurgie locale est aussi à mettre, pour partie, au débit de «patrons voyous». Comme le fonds d'investissement qui avait racheté, il y a un an, Thomé-Génot (fabricant de têtes d'alternateurs). Ce dernier vient de liquider l'entreprise sans aucun accompagnement social. «Les lettres de licenciement partent mardi prochain, dit un cégétiste. Je ne suis pas sûr que tout le monde réussira à garder son calme.» Sur le porche de l'usine, une banderole, reprise dans le cortège : «Rendez-nous notre dignité. 30.000 euros par personne.» Un montant égal à la prime que souhaiteraient obtenir les syndicats sous peine de ne pas se limiter à brûler des pneus devant la préfecture...

Affichettes. A quelques kilomètres, le souvenir de l'usine Cellatex, à Givet, est présent. En 2000, sans réponse des pouvoirs publics à la fermeture du site, les salariés avaient menacé de faire sauter leur usine. Martine Aubry, alors ministre du Travail, avait tardé à réagir. Mais, «en six ans, rien n'a bougé, dit Michel, licencié de Thomé-Génot. On perd toujours notre boulot, les gosses vont travailler ailleurs, et tout le monde s'en fout.» Vendredi, il y avait beaucoup de jeunes dans le cortège, tee-shirt sur le dos avec inscrit : «Stop au massacre des emplois.» Les commerces avaient été invités à fermer, au moins pendant la manif. Des affichettes, «Vos emplois sont nos emplois», ont fleuri sur quelques vitrines. Mais peu de rideaux baissés. Comme le signe de l'indifférence dont se plaignent les ouvriers ardennais.

(Source : Libération)

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Mis à jour ( Dimanche, 05 Novembre 2006 18:38 )  

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