Actu Chômage

Deux articles du quotidien québécois Le Soleil en date du 8 novembre 2006 :

Trop vieux pour décrocher un emploi ?

Pour la première fois, en 2006, les travailleurs âgés ont déposé tellement de plaintes à la Commission québécoise des droits de la personne et des droits de la jeunesse qu’ils sont à la veille de prendre la tête du peloton des groupes sociaux qui s’estiment discriminés. Les dossiers d’âgisme ont maintenant supplanté les plaintes liées à la race, couleur, origine ethnique et au sexe. Avec 24% des dossiers ouverts à la Commission entre janvier et la fin d’octobre, ils talonnent de près les plaintes fondées sur un handicap (27%) qui étaient traditionnellement, et de loin, les plus nombreuses.

Les travailleurs québécois d’âge mûr ont-ils l’épiderme plus sensible ? Ou les préjugés contre eux, en milieu de travail, sont-ils vraiment plus forts que toute autre forme de discrimination ? Dans un sondage international récent, ils en remettent. Cinquante pour cent des travailleurs âgés du Québec se plaignent de subir de la discrimination en emploi. Là encore, leur situation serait pire que les cas de discrimination liés au sexe, à la race ou à la couleur. Ils seraient même un peu plus affectés que les autres Canadiens vieillissants, selon cette enquête commandée par une firme internationale de placement de personnel, les Services Kelly.
À l’échelle internationale toutefois, la discrimination fondée sur l’âge ne bat pas de records au Québec. Ce serait encore plus virulent en Suède, en Thaïlande et à Singapour, selon l’enquête.

La perception des travailleurs âgés québécois ne repose pas sur du vent. C’est toute la société québécoise qui lance le message que les gens de plus de 55 ans sont mûrs pour la retraite et qu’ils doivent s’écarter du chemin, constate la conseillère d’orientation Lise Simard, une optimiste qui ne cache pas qu’elle aborde la soixantaine. À son avis, la publicité vantant la «Liberté 55» ou misant sur «tasse-toi mononcle» signale à tous les gens qui vieillissent, qu’ils soient au travail ou pas, qu’ils sont finis... Il y a quelques décennies à peine, rappelle-t-elle, ce sont les gens de 40-45 ans qui étaient jugés trop vieux pour décrocher un emploi. Aujourd’hui, cette barrière s’est déplacée vers 50-55 ans, «mais ce n’est pas plus vrai qu’on est automatiquement vieux à cet âge-là», lance Mme Simard.

Trouver de l’emploi à tout âge ? Pas sûr...

C’est une perte de temps, pour un chercheur d’emploi d’âge mûr, de compter sur les offres dans Internet ou les journaux pour dénicher un job. Selon une conseillère d’orientation d’expérience, Lise Simard, le travailleur âgé ne fait pas le poids, sur le marché «officiel», devant la concurrence de candidats plus jeunes.

Les portes sont fermées dans les entreprises dont la direction est jeune, par exemple, à cause «du climat et de l’ambiance différents», dit-elle. Les grandes entreprises syndiquées sont elles aussi plus réticentes, selon Mario Charette, un autre conseiller d’orientation actif auprès des travailleurs âgés. Il estime que les services des ressources humaines laissent parfois certains candidats «faire des tours de piste longtemps» avant de les écarter.