Actu Chômage

samedi
22 février
Taille du texte
  • Agrandir la taille du texte
  • Taille du texte par defaut
  • Diminuer la taille du texte
Accueil Social, économie et politique Chômage de masse et crise du recrutement ?

Chômage de masse et crise du recrutement ?

Envoyer Imprimer
Les départs en retraite ne sauveront pas la France du chômage : bien que nous l'affirmons depuis des lustres, ce n'est pas nous qui le disons cette fois-ci mais un rapport très sérieux du Centre d'analyse stratégique (CAS, ex Commissariat général du Plan).

Le propos est direct : tant que les entreprises ne changeront pas leurs habitudes de recrutement, les départs massifs à la retraite des "papy-boomers" ne feront pas, à moyen ou long terme, baisser mécaniquement le chômage français.
Certes, "à court terme", l'arrivée en fin de carrière des générations du baby-boom "peut faciliter" cette baisse, mais "ces transformations ne seront peut-être pas aussi spectaculaires que ce que l'on pouvait croire il y a encore quelques années". Pour le CAS, "il n'y a pas de lien mécanique, à moyen ou long terme, entre le volume de la population active et le taux de chômage" et "à long terme, le niveau du chômage peut être considéré comme indépendant de l'évolution de la population active, le vieillissement de la population active pouvant même conduire à une hausse du chômage", avertissent les auteurs du rapport pour qui "un scénario noir n'est pas à exclure"...

Jean-Louis Borloo avait raison !

Le CAS envisage donc dans les dix prochaines années la coexistence d'un chômage de masse (notamment parmi les peu diplômés) et des difficultés de recrutement dans certains métiers ou bassins d'emploi. Ainsi, au mois d'octobre, quand Jean-Louis Borloo avançait qu’"on peut avoir un chômage de masse et connaître une crise du recrutement, ce n'est pas incompatible", figurez-vous qu'il disait vrai. Mais quand il envisageait cette crise du recrutement dès 2008, n'allait-il peut-être pas un peu vite en besogne ?

De moins en moins de jeunes diplômés et de plus en plus de seniors sur le marché du travail, des chômeurs qui n'ont pas accès aux zones géographiques où l'on recrute ou qui ne sont pas qualifiés pour les métiers proposés : le CAS prévoit un profond bouleversement des équilibres. A moins de l'importer (pour pas cher, c'est fort possible…), les entreprises n'auront pas d'autre choix que de s'adapter à la main d'œuvre disponible alors qu'aujourd'hui, c'est la main d'œuvre qui subit les exigences - de plus en plus démesurées et injustifiées - des recruteurs. Finis les stéréotypes, finie la discrimination, finie la déqualification ? Si le CAS vise juste et que les entreprises tiennent compte de ses préconisations, qu'il sera bon de voir le vent tourner !

De la responsabilité des entreprises

Le CAS évoque "un symptôme de myopie" des entreprises, "souvent prises dans des temporalités et des contraintes externes qui ne leur permettent pas d'anticiper à moyen terme leur avenir" et qui "peuvent conduire à des comportements routiniers en matière de recrutement et d'organisation du travail".
Les tensions prévues dans les dix années à venir devraient en inciter certaines "à développer leurs propres politiques de formation et de fidélisation de la main d'œuvre", notamment pour parer au manque attendu de débutants diplômés. Des effort devront être faits "pour éviter la fuite des salariés" et "améliorer l'attractivité des métiers peu qualifiés". Les employeurs "devront être en capacité d'accueillir et former sur le tas des personnes moins diplômées et/ou moins immédiatement opérationnelles qu'auparavant", ce qui suppose que "les critères de sélection, aujourd'hui très centrés sur les niveaux de diplômes, fassent davantage référence à des compétences." ... Enfin !

Et la formation professionnelle ?

Reste à se demander pourquoi Jean-Louis Borloo, connaissant les faits, n'a pas une seule fois mis la gomme sur la formation professionnelle durant son mandat : préférant rétablir un traitement social du chômage qui vernisse ses chiffres, il a, lui aussi, succombé à la courte vue. Pourtant l'enjeu est de taille, et la formation continue est plus que jamais une arme précieuse pour anticiper sur ces bouleversements qui menaceront non seulement notre économie, mais aussi notre paix sociale. La rendre plus accessible, mieux adaptée, plus systématique et plus qualifiante n'est donc pas une priorité ? Souhaitons alors que le prochain ministre soit véritablement décidé à creuser cette piste.

=> Le rapport du CAS, intitulé "Les métiers en 2015" et réalisé avec la DARES, dresse également une liste des emplois de demain : à lire en commentaire.

Lire aussi :
Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

Mis à jour ( Dimanche, 31 Décembre 2006 03:37 )  

Commentaires 

 
0 # superuser 2006-12-31 02:48 Aides à domicile, informaticiens ou cadres commerciaux… une quinzaine de métiers concentreront la moitié des emplois à pourvoir d'ici 2015 dans une France de plus en plus tertiaire, selon une étude du Centre d'analyse stratégique (ex-Plan) et de la DARES à paraître mercredi.

"L'économie va poursuivre sa tertiarisation. Si dans l'industrie proprement dite les créations d'emploi devraient rester limitées, les emplois de service (y compris de services à l'industrie) vont se développer", pronostiquent les auteurs de l'étude.
Cinq domaines professionnels des services devraient concentrer l'essentiel des créations d'emplois : les services aux particuliers (400.000), la santé et l'action sociale (308.000), les transports et la logistique (225.000), les métiers administratifs (197.000), le commerce et la vente (194.000).

Cet essor du secteur tertiaire va s'accompagner d'une "polarisation" accrue des emplois : toujours plus de cadres mais aussi toujours plus d'emplois peu qualifiés dans les services (employés de maison, agents d'entretien). En revanche, le nombre d'ouvriers peu qualifiés devrait encore reculer. "En clair, les jeunes qui vont arriver sur le marché du travail dans les 10 ans ont intérêt, si possible, à suivre des formations supérieures menant aux emplois hautement qualifiés et spécialisés", souligne la directrice générale du CAS Sophie Boissard dans Le Monde daté de dimanche-lundi.

Sur fond de vieillissement de la population, de maintien de la fécondité et de transformation du rôle des femmes dans la famille, les assistant(e)s maternels et les aides à domicile seront les plus demandé(e)s avec 211.000 postes à pourvoir d'ici 2015, pour répondre à des besoins grandissants comme l'aide aux personnes dépendantes ou insuffisamment satisfaits comme la garde d'enfants. La France aura également besoin de davantage d'aides-soignants (149.000) et d'infirmières (78.000) dans les établissements d'hébergement, mais aussi à domicile.

Parallèlement, pour satisfaire notamment les besoins croissants d'expertises, études de marchés, audits ou conseils juridiques, il y aura plus de recrutements d'informaticiens (149.000), de cadres administratifs (131.000) ou encore de cadres commerciaux (97.000). Comme "l'économie mondialisée induira toujours plus d'échanges de marchandises", les postes à pourvoir seront aussi plus nombreux dans le transport et la logistique (conducteurs de véhicule, ouvriers qualifiés de la manutention…).

Le nombre d'enseignants devrait croître de quelque 13.000 selon les projections, et celui de formateurs-recruteurs de 46.000.

En revanche, certains métiers devraient continuer à décliner d'ici 2015, dans l'industrie mécanique notamment, mais aussi dans l'agriculture, le petit commerce et l'artisanat. "Les secteurs industriels ne vont pas disparaître, mais les emplois vont changer à l'intérieur de ces secteurs. Nous n'aurons plus besoin de fondeurs de base, d'autres pays feront ce travail mais la fonderie de pointe va rester", selon Mme Boissard.
D'ici à 2015, la France comptera moins de secrétaires (- 84.000), moins d'ouvriers non qualifiés de la mécanique, du textile et du cuir (- 41.000), moins d'agriculteurs (- 47.000), moins de maraîchers et de jardiniers (- 56.000), moins de patrons de café, d'hôtel ou de restaurant (- 25.000) mais aussi moins de bouchers, de charcutiers et de boulangers (- 14.000). Néanmoins, dans les métiers de bouche, un secteur tire son épingle du jeu : celui des cuisiniers dont le nombre devrait progresser de 39.000 d'ici à 2015.
Répondre | Répondre avec citation |
 
 
0 # tristesir 2006-12-31 11:36

Aides à domicile, informaticiens ou cadres commerciaux… une quinzaine de métiers concentreront la moitié des emplois à pourvoir d'ici 2015 dans une France de plus en plus tertiaire, selon une étude du Centre d'analyse stratégique (ex-Plan) et de la DARES à paraître mercredi.


Tous les ans depuis 10 ans au moins, j entends que l'on va recruter des informaticiens. Au vu du nombre de personnes qualifiées qui travaillaient dans ce secteur et qui ont perdu leur emploi pendant cette période de temps, et d autres qui continuent à perdre leur emploi (discrimination sur l'age par exemple) et la smicardisation de certains emplois liés à la nouvelle économie (internet) je ne parviens pas à prendre au sérieux cette prévision.
Répondre | Répondre avec citation |
 

Votre avis ?

La France pourrait s’engager plus intensément contre la Russie. Qu’en pensez-vous ?
 

Zoom sur…

 

L'ASSOCIATION

Présentation de l'association et de sa charte qui encadre nos actions et engagements depuis 2004.

 

ADHÉRER !

Soutenir notre action ==> Si vous souhaitez adhérer à l’association, vous pouvez le faire par mail ou par écrit en copiant-collant le bulletin d’adhésion ci-dessous, en le remplissant et en...

 

LES FONDATEURS

En 2004, une dizaine de personnes contribuèrent au lancement de l'association. Elles furent plusieurs centaines à s'investir parfois au quotidien ces 16 dernières années. L'aventure se pou...