La loi du 10 juillet 1987 oblige tout employeur du secteur privé et tout établissement public à caractère industriel et commercial occupant 20 salariés ou plus à employer, dans une proportion de 6% de son effectif, des travailleurs handicapés. Après avoir stagné à 4,2% en 2003, ce taux est passé à 4,4% en 2004, portant leur nombre à 244.800 personnes occupées.
Rappelons que le taux de chômage des actifs handicapés reste très élevé : il était de 17% en 2006.
Rappelons également que s'il oblige les entreprises, l'Etat, lui, n'en emploie que 3,69% (avec une palme spéciale pour Matignon)...
Cette petite augmentation du nombre de travailleurs handicapés s'est accompagnée d'une plus grande précarité de l'emploi. Effectivement, en équivalent temps plein (nombre total d'heures travaillées divisé par la moyenne annuelle des heures travaillées dans des emplois à plein temps sur le territoire économique), la hausse se révèle bien moindre : en 2004, elle est de 3,5% et le taux d'emploi de 2,7% seulement.
A âge et diplôme comparables, ces salariés sont de plus en plus souvent employés en contrats courts, sur des postes à temps partiel ou à durée très réduite : ainsi, près de 48% des handicapés en CDD ont travaillé moins d'un mi-temps en 2004 contre 40% en 2000. Et les handicapés en CDI à temps plein sont de moins en moins nombreux : 72,4% en 2004 contre 77% en 2000. De plus, cette étude du ministère de l'Emploi n'aborde pas les rémunérations octroyées, qui sont certainement très en dessous de la moyenne.
Ce sont les grandes entreprises qui les emploient plus volontiers. Quant aux établissements qui dérogent à la loi malgré son "renforcement" en 2005, ils préfèrent verser leur "contribution financière" à l'Agefiph (Association pour la gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées) et au FIPHFP (Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique), de la même façon que certaines communes préfèrent payer des amendes plutôt que de développer leur parc de logements sociaux (loi SRU) ou que les grands partis politiques préfèrent payer des amendes plutôt que d'avoir plus de femmes dans leurs instances dirigeantes (loi sur la parité).
Ainsi se poursuit l'hypocrisie autour de la lutte contre la discrimination !
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