Les secteurs les plus dangereux sont le bâtiment (21,4% des accidents mortels alors que ce secteur n’emploie que 8% des salariés), le transport, la métallurgie et la chimie. Si le nombre des accidents du travail mortels est certes en diminution, celui des accidents graves a progressé de 6,2%.
Les morts par maladie professionnelle sont plus difficiles à recenser et leur nombre est sans doute bien supérieur à ce qu’indique la CFDT. Quantité de maladies se déclarent des années plus tard, comme celles liées à l’exposition à l’amiante ou à des agents chimiques tels que le benzène ou le trichloréthylène utilisés dans les solvants industriels.
La mortalité liée au travail touche majoritairement les ouvriers. Entre un cadre et un ouvrier, l’écart d’espérance de vie est de cinq ans, et de sept ans dans le bâtiment.
Le recours à la sous-traitance, motivé par la volonté patronale de diminuer les coûts de production pour augmenter leur marge bénéficiaire, rend le travail plus dangereux : on court par exemple près de 2,5 fois de risques dans une entreprise de sous-traitance d’Arcelor qu’en tant que salarié de ce géant sidérurgique. Les intérimaires sont aussi très exposés aux accidents et aux maladies professionnelles mortelles. Selon le syndicat CGT des entreprises de travail temporaire, dans le bâtiment, le taux d’accidents est trois plus élevé pour les intérimaires. Dans les Bouches-du-Rhône, des enquêtes ont fait le parallèle entre la recrudescence des accidents et l’augmentation du nombre d’intérimaires : en effet, ils ne sont pas formés à leur poste et la pression qui leur est faite pour qu’ils travaillent plus et plus vite et dans n’importe quelle condition est plus grande sur ces salariés qui craignent de se retrouver d’un jour à l’autre à la porte.
Alors que les principaux groupes du bâtiment, Vinci, Bouygues et Eiffage ont vu leur résultat net augmenter de 45%, 47% et 28,4%, des milliers d’ouvriers continuent de travailler dans des conditions très dangereuses. Investir pour protéger la santé et la vie des salariés est sûrement considéré comme une perte d'argent par ces entreprises et comme il n'y a pas de radars lucratifs à la clé, Jacques Chirac n'en a jamais fait une priorité nationale. Pourtant, les chiffres restent affligeants.
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Commentaires
Le Figaro : La pénibilité au travail progresse-t-elle en France ?
Philippe Askénazy : Aujourd’hui, on assiste à une stabilisation de la pénibilité générale au travail. Mais ce n’est pas tant la stabilisation que le niveau élevé de celle-ci qu’il faut souligner. Cette stabilisation fait suite à une forte hausse qui a débuté au milieu des années 80 et s’est terminée au milieu des années 90. Derrière la pénibilité, on trouve les conditions de travail, les contraintes au travail et à proprement parler les accidents du travail. En France, il y a une usure progressive des salariés. D’ailleurs le nombre des maladies musculo-squelettiques et des handicaps liés aux accidents du travail est en forte hausse. En 2006, 50.000 personnes sont devenues handicapées à la suite d’un accident du travail. Et on compte 600 à 700 morts par an liés à un accident du travail.
Le Figaro : Comment en est-on arrivé là ?
Philippe Askénazy : On assiste à une transformation générale des conditions de travail qui traduit une recherche maximale des gains de productivité. D’un côté, il y a une «tertiarisation de l’industrie» avec une hausse des services offerts aux clients et des exigences de plus en plus fortes en termes de qualité et de rapidité du service proposé. De l’autre, on constate qu’il existe un phénomène d’«industrialis ation des services» qui se traduit par une intensification du travail et des contrôles. La recherche de productivité passe donc par une utilisation totale des salariés sans qu’on se préoccupe des conséquences de cette intensification du travail.
Le Figaro : En France, on a le sentiment qu’il existe une sorte d’indifférence générale à l’égard de ce phénomène. Comment l’expliquez-vous ?
Philippe Askénazy : La France a toujours accusé un retard sur ces questions de santé au travail. On a mis 30 ans à revenir sur l’amiante. La question de la santé au travail n’a jamais été une question de santé publique. Le plan Santé au travail mis en place en 2005 par Gérard Larcher va dans le bon sens mais il manque globalement de moyens pour sa mise en œuvre. On peut regretter que les organisations syndicales ne diffusent pas davantage d’informations. Surtout que les entreprises n’ont pas bâti de charte de bonnes pratiques. C’est l’absence de réflexion et de débats sur la question qui contribue à reléguer la question de la santé au travail.
Le Figaro : Quels sont les dispositifs qui permettraient de limiter la pénibilité au travail ?
Philippe Askénazy : Ce n’est pas tant la pénibilité du travail que le niveau de cette pénibilité qui est devenu délétère. Les entreprises autant que l’Etat ont leur rôle à jouer. Au niveau des entreprises, on pourrait davantage mobiliser de ressources humaines en charge de la prévention. De même, les partenaires sociaux devraient être plus actifs au sein de formes institutionnell es plus contraignantes comme les Comités Hygiène et Sécurité au Travail (CHST). Pour le moment, ces comités ne sont obligatoires que dans les entreprises de plus de 50 salariés. On pourrait imaginer l’instauration de ce type de structures par branche et dans les entreprises de moins de 50 salariés.
L’Etat, quant à lui, devrait être plus présent. La sécurité au travail devrait être traitée avec la même priorité que la sécurité routière. Si l’on compare avec les mesures mises en place dans d’autres pays européens, la multiplication des contrôles et des inspections constitue une mesure efficace. La France accuse un vrai retard à ce niveau puisqu’elle se situe bien en dessous de la moyenne européenne en matière du nombre d’inspecteurs par salariés.
(Source : Le Figaro) Répondre | Répondre avec citation |
Selon le dernier rapport du Bureau international du travail (BIT), chaque année dans le monde, 2 millions de personnes sont tuées par des accidents ou des maladies liés au travail. Répondre | Répondre avec citation |
LIRE ICI… Répondre | Répondre avec citation |