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Les radiations et les pressions faites aux chômeurs

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Où vont les chômeurs qui sortent des listes de l'ANPE ? Qui sont-ils ? Pourquoi sont-ils «sortis» ? Telles sont les questions auxquelles le collectif "Les Autres Chiffres Du Chômage" ont répondu ce matin au cours de leur deuxième conférence de presse, alors que les chiffres officiels pour le mois de décembre ainsi que la tendance sur l'année 2006 seront divulgués mardi soir par le ministère de l'Emploi.

Le collectif Les Autres Chiffres Du Chômage (ACDC), qui regroupe notamment chercheurs, syndicats de l'ANPE et de l'INSEE, associations de chômeurs & précaires, s'appuie sur différentes enquêtes statistiques de l'Agence nationale pour l'emploi ainsi que sur leur propre expérience du terrain.

Une chose est sûre : la grande majorité des chômeurs qui sortent des listes de l'ANPE ne vont pas en entreprise... Alors que, l'année dernière, le taux d'embauche en France est resté stable, l'incohérence devient flagrante quand on compare les 240.000 créations d'emplois de 2006 (+ 0,9% par rapport à 2005) avec les taux de sorties de l'ANPE, de plus en plus élevés (15% début 2005, 17% fin 2006) : actuellement, ce sont 26.000 chômeurs qui sortent des listes chaque mois dont seulement 5.000 pour cause de reprise d'emploi (où l'on note une majorité de CDD et d'intérim…) ou d'entrées en formation (qui sont en chute libre !). Chaque mois, donc, 21.000 chômeurs sont ou "radiés" (+ 39% depuis 2003) ou ne se réinscrivent pas (+ 30% soit 11.000 par mois) parce qu'ils sont en fin de droits et/ou abandonnent un dispositif qui les harcèle : convocations, contrôles et tracasseries administratives à outrance.

La valse des radiations

Avec le PARE puis le suivi mensuel personnalisé, les radiations administratives ont triplé depuis 1999. Toutes gradations confondues (1), les sanctions de l'ANPE ont été multipliées par 7 depuis 10 ans (42.000 par mois actuellement), et depuis le décret du 2 Août 2005 qui instaure la réforme du contrôle des chômeurs, les sanctions de l'Assedic ont explosé de 75%.
Il se trouve que - comme par hasard - les demandeurs d'emploi qui se font accompagner par les associations de chômeurs pour contester leur radiation trouvent gain de cause à 99% : il y a donc bien volonté de décourager. Mais le demandeur d'emploi isolé, lui, ne peut que difficilement s'en sortir face aux nouvelles méthodes de l'Assedic visant à se rendre de plus en plus inaccessible aux allocataires.

"Depuis 2005, on assiste à une envolée spectaculaire du taux de sorties des listes de l'ANPE. L'analyse des motifs de sortie montre que cette hausse ne correspond guère à des reprises d'emploi supplémentaires", accuse donc ACDC qui parle de "pseudo-baisse du chômage" résultant "non pas du retour à l'emploi des chômeurs, mais des pressions de plus en plus fortes qui aboutissent à les exclure des listes de l'ANPE". Ces nouveaux comportements visent à faire porter aux chômeurs la responsabilité du chômage pour mieux les forcer à accepter des emplois déqualifiés, quand ils ne les plongent pas dans la misère.

La prochaine note critique du collectif ACDC traitera de l’indemnisation du chômage et sera divulguée fin février. Egalement, lire notre interview de Pierre CONCIALDI, économiste, chercheur à l'IRES, co-animateur du Réseau d'Alerte sur les Inégalités et co-initiateur du collectif ACDC.

(1) Le "contrôleur" peut choisir de réduire le montant et/ou la durée des allocations. Les sanctions les plus fréquentes sont la réduction de 20% des allocations pendant deux mois (premier manquement). Mais elles peuvent aller jusqu'à 50% (récidive) et six mois. Sur un an, on recense environ 1.400 suppressions définitives.

Les chiffres officiels : à fin décembre, le taux de chômage au sens du BIT s'est établi à 8,6% de la population active contre 9,6% un an plus tôt et l'on comptait 2,092 millions de demandeurs d'emploi de catégorie 1 (- 20.300 en "données corrigées des variations saisonnières" par rapport à novembre). Cela fait donc 382.000 chômeurs de moins sur 22 mois. A noter que le dernier taux de chômage à 8,6% a été relevé en juin 2001.

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Mis à jour ( Lundi, 29 Janvier 2007 20:41 )  

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