Si M. Sarkozy n'a pas l'intention de remettre en cause le droit de grève inscrit dans la Constitution, il entend bien le réformer, surtout dans le service public. La grève dans les entreprises publiques, universités ou administrations, «se poursuivra si une majorité y est favorable» : en clair, le candidat Sarkozy souhaite qu'une «loi impose le vote à bulletins secrets dans les huit jours du déclenchement d'une grève» auprès des salariés. Une manière de remettre en cause le pouvoir des syndicats et rendre licite certaines atteintes à la liberté du travail ?
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Commentaires
Le VRP multicasquettes Sarkozy vient d'annoncer qu'il quittera le ministère de l’Intérieur «un mois et demi avant le second tour» de la présidentielle, fixé au 6 mai. Il a précisé vouloir «assumer ses responsabilités de ministre de l'Intérieur jusqu'au moment où je trouve que c'est possible» (vous remarquerez comme il parle bien la France…). «Je ne serai pas ministre de l'Intérieur au moment où démarrera la campagne officielle» à savoir le 9 avril, a-t-il dit, récusant «tout mélange des genres»…
Pourtant il nous semble que cette campagne a démarré déjà depuis un certain temps, et qu'on ne sait plus distinguer le ministre du candidat depuis belle lurette.
Pour se détendre un peu, voici une petite histoire : Le scooter magique du fils Sarkozy
par Frédéric Ploquin, journaliste à Marianne.
Imaginez qu'on vous ait piqué votre vélo. Ou la poussette double de vos jumeaux. Ou la trottinette électrique de votre petite dernière. Imaginez qu'un policier - on peut toujours rêver - retrouve votre bien dans une cité de la région parisienne. Imaginez que ces policiers prennent le temps de remonter jusqu'à la plainte que vous avez déposée, de vous identifier, oui, de vous retrouver, et de vous ramener l'objet de vos rêves en mains propres.
Imaginez, ensuite, qu'ils se donnent la peine d'enquêter, de relever les traces d'ADN sur le guidon ou dans le fond de la poussette… et qu'ils parviennent à identifier les coupables !!! Vous n'y croyez pas ? Et bien c'est exactement ce qui vient d'arriver à un jeune homme à qui l'on venait de voler son scooter dans les beaux quartiers. La police s'est décarcassée et voilà le travail. Sauf que le jeune homme en question n'était autre que le fils… de Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur. Ce qui n'est peut-être pas votre cas… Répondre | Répondre avec citation |
«A celui qui est contre la grève obligatoire imposée par une minorité, je propose la démocratie par l’organisation obligatoire d'un vote à bulletin secret dans les 8 jours qui suivront tout déclenchement de mouvement social», crie Sarkozy à Agen.
Sarkozy veut une France d’après en rupture avec le "modèle social français" pour se rapprocher du "modèle anglo-saxon". Pour en arriver là, il faut remettre en cause le droit constitutionnel de grève. Déjà le TCE (traité constitutionnel européen) s’y essayait. Mais là, ce que veut Nicolas Sarkozy, c’est imiter carrément Mrs Margaret Thatcher.
Depuis l’ère Thatcher, les lois réglementant le droit de grève sont, en Grande Bretagne, parmi les plus restrictives des pays riches en vertu du Trade Union Act de 1984 et des Employment Acts de 1988, 1990 et 1993. Les salariés doivent voter la grève à bulletin secret, informer leur employeur de la date de leur action et en préciser les motifs. La validité de leur vote est limitée à quatre semaines, sauf accord contraire avec l’employeur. Et ce dernier peut demander à la justice de s’opposer à la grève : si celle-ci est déclarée illégale, l’employeur peut licencier les responsables.
Les raisons d’une grève sont nécessairement liées aux conditions de travail ou aux possibles conflits dans l’entreprise concernée. Les grèves de solidarité avec des salariés d’une autre entreprise et celles qui résultent d’un mot d’ordre général - comme la défense des retraites - sont interdites. En août 2005, une grève de solidarité à British Airways a valu des amendes à trois délégués syndicaux et 670 grévistes du groupe de restauration aérienne Gate Gourmet ont été licenciés sur le champ en août 2005. En Grande Bretagne, les grèves sont un motif de licenciement. Elles sont devenues fort rares et surviennent lorsque tout est perdu, comme à l’usine General Motors près de Liverpool, juste avant la suppression de 900 emplois.
Depuis l’arrivée des travaillistes au pouvoir, en 1997, le Trade Union Congress (TUC) n’a cessé de réclamer l’abolition de ces lois. Tony Blair a refusé. «Les syndicats reviendront à la charge lors de leur congrès annuel, du 11 au 14 septembre, et en novembre, lors du centenaire de l’instauration du droit de grève. Ils n’ont aucune chance d’obtenir raison» dit Le Monde du 1er septembre 2006.
Aux USA, la grève des transports en commun de New York de 2005 était illégale.
Ainsi, selon les admirateurs du «modèle social anglo-saxon» que sont Sarkozy et Parisot (et ils n'annoncent qu'une partie de ce à quoi ils aspirent), en reviendra-t-on vraiment au XIX° siècle, où droits syndicaux et droits de grève seront battus et réprimés ? D'ailleurs, voilà cinq ans qu’ils s’efforcent d’entraîner des directions syndicales vers ce piège du renoncement à la grève dans les transports, avec un «service minimum».
"On ne peut tolérer ces prises d’otages !", "L’usager paie, le service doit lui être rendu !", "C’est une honte pour un service public !"… Telle est la rengaine des journaux télévisés à chaque grande grève, à travers des «micro-trottoir» convenus.
"La population anglaise n’aurait-elle pas préféré quelques jours sans trains pour cause de grève des cheminot(e)s à un réseau ferré dans un état lamentable, où les correspondances ne sont pas assurées pour cause de concurrence, et avec un niveau de sécurité particulièremen t dangereux comme l’ont malheureusement prouvé de nombreux accidents ?", s’interroge à juste titre «l’Alternative libertaire».
Pour les usagers des transports, le vrai service minimum existe déjà : celui que la SNCF leur impose quotidiennement . Ce ne sont pas les grèves des cheminots qui sont la cause des tracas quotidiens subis par les usagers mais le démantèlement progressif du service public, la diminution des crédits affectés à la sécurité. Ce que les usagers des transports refusent c'est l’accumulation des retards, les arrêts injustifiés, les pannes, les agressions. Les usagers des transports veulent en finir avec cette véritable souffrance au quotidien. C’est en autres pour cette raison qu’ils ont soutenu par procuration les grèves des transports en 1995 ou ce printemps menées par les cheminots qui défendaient l’intérêt général, le service public, la sécurité sociale ou le droit à la retraite.
Tous les sondages, toutes les enquêtes montrent que les Français soutenaient ces grèves. La droite et une grande partie des médias ont depuis longtemps galvaudé une expression : les «usagers pris en otage». "Non, quand les cheminots font grève, ils ne prennent pas le public en otage, ils défendent une liberté fondamentale écrite dans notre Constitution : le droit de grève", plaidait fort justement Noël Mamére le 9 décembre 2003 à l’Assemblée nationale.
Gérard Filoche Répondre | Répondre avec citation |