Tout comme ses contrats aidés à temps partiel et à durée déterminée payés au Smic, ses emplois de service sont essentiellement à temps partiel (15 heures en moyenne, principalement occupés par des femmes, et tout aussi peu payés). La "révolution culturelle" selon Jean-Louis Borloo réside dans la promotion du sous-emploi et le retour au 19e siècle : en équivalent temps plein, ce ne sont pas 145.000 emplois qui sont créés, mais à peine la moitié.
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A l'école, on voulait «faire pompier» ou «maîtresse». Il faudra désormais choisir une carrière d'aide aux personnes âgées. Selon une enquête du Centre d'analyse stratégique et de la DARES (1), les services aux particuliers sont les métiers porteurs de demain : ils créeront 400.000 emplois d'ici à 2015, plus que toute autre branche. Jean-Louis Laville, sociologue et professeur au Conservatoire national des arts et métiers (2), revient sur ce bouleversement du marché du travail.
L'explosion des emplois dans les services aux personnes est-elle une bonne nouvelle ?
Quand on parle services aux particuliers, on se focalise sur le nombre d'emplois créés. Ce n'est pourtant pas l'enjeu principal. Méfions-nous des effets d'annonce. Depuis vingt ans, les politiques gouvernementales veulent développer ces emplois, mais jamais une véritable évaluation n'est menée. Derrière ces chiffres se cachent des horaires en miettes, du temps partiel, des degrés de dignité très divers… On mélange des réalités qui n'ont rien à voir : des services de ménage ou de repassage, et des services relationnels auprès des enfants et des personnes âgées, déterminants pour l'avenir de notre société. Longtemps, les femmes s'en sont occupées dans la sphère domestique. Dans les années 50, l'Etat-providence s'en est chargé. Mais avec l'explosion des besoins depuis quinze ans, la baisse du coût de ces services est devenue la priorité des gouvernements. On évoque désormais le marché, les exonérations fiscales… On ne parle pourtant pas de l'achat d'un bien de consommation, mais bien du rapport entre les générations. Ces métiers doivent-ils être laissés au privé ? Faire partie du service public ? Ces questions n'ont jamais été posées, sauf très récemment, avec la proposition d'un service public de la petite enfance par le Parti socialiste.
Quelles conséquences sur le système productif français ?
En France, les services représentent déjà 75% de l'emploi total. Et parmi ceux qui progressent le plus vite, les services à la personne : entre 1990 et 2000, ils avaient déjà créé 300.000 emplois. Ce qui remet en cause le salariat : quand l'économie était avant tout industrielle, l'emploi, c'était une rémunération correcte et l'assurance de faire partie d'un collectif détenteur de droits. Les emplois de services à la personne, où l'on travaille à domicile au gré d'horaires fractionnés, remettent en cause cette idée d'intégration. Sans collectif, il n'y a plus de garde-fous face aux abus.
Les services à la personne ébranlent aussi la notion d'innovation…
Contrairement aux emplois industriels, où la cadence peut être sans cesse accélérée, les services de proximité ont une productivité stagnante : les employés sont obligés d'être en relation directe avec les usagers, il y a un «temps de contact» que l'on ne peut pas réduire. D'ailleurs, si la croissance française est aujourd'hui deux fois moindre que dans les années 60, c'est notamment à cause de la faible productivité des services. Mais, si ces emplois ne génèrent pas de gains de productivité, comment les financer ? Là, deux modèles s'opposent : soit on baisse les rémunérations des employés des services à la personne (en France, elles sont inférieures à celles des emplois industriels), quitte à multiplier les travailleurs pauvres ; soit on décide d'augmenter les prélèvements (impôts sur le revenu ou cotisations patronales) pour financer le secteur, comme le font certains pays scandinaves. Avec le développement de ces métiers, la question n'est plus celle des progrès techniques, comme au temps de l'industrie, mais celle de la qualité de relation. Il ne faut plus parler technologie, mais innovations socio-économiques. Au lieu de s'intéresser au nombre d'emplois créés, penchons-nous sur leur structure : il faut organiser le secteur, refonder un collectif, éviter les relations de gré à gré entre employé et usager. En Italie, des coopératives sociales associent les salariés du secteur, les usagers et des bénévoles. En Suède, les services aux personnes font partie d'un service public qui regroupe entreprises et associations.
(1) Direction de l'animation et de la recherche des études et des statistiques du ministère du Travail.
(2) "Sociologie des services. Entre marché et solidarité" de Jean-Louis Laville, éd. Eres, 2005.
(Source : Libération du 02/01/07) Répondre | Répondre avec citation |
66% de ces particulier-employeurs ont utilisé un dispositif simplifié, comme le chèque emploi service (CES, devenu Chèque emploi service universel - CESU depuis le 1er janvier 2006), ou la Prestation accueil du jeune enfant (Pajemploi-garde d'enfant à domicile), précise l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale. Le nombre d'utilisateurs du Chèque emploi service, en hausse de 10% en 2005, comme en 2004, "contribue fortement à l'augmentation globale du nombre de particulier-employeurs", souligne l'ACOSS.
Au cours du dernier trimestre 2005, les 1,2 million d'utilisateurs de CES et de Pajemploi, ont employé près de 650.000 salariés, dont 90% de femmes, pour un total de 74 millions d'heures déclarées, mais cela ne représente que 163.000 équivalents temps plein (1). En effet, seuls 13% des salariés inscrits dans le dispositif du chèque emploi service ont effectué sur cette période un nombre d'heures supérieur à un mi-temps. La durée moyenne de travail des salariés payés par ce biais s'établit a environ 107 heures par trimestre.
Les salariés en Pajemploi travaillent davantage puisqu'ils gardent des enfants de moins de 3 ans au domicile de parents qui travaillent. Sur le trimestre, 56% de ces salariés ont ainsi effectué plus d'un mi-temps et en moyenne un salarié a travaillé 283 heures. Un quart d'entre eux ont même travaillé plus de 455 heures dans le trimestre, soit l'équivalent d'un temps plein. Avec une augmentation de 15.000 bénéficiaires en 2005 (+ 1,9% contre -1,1 en 2004) la Pajemploi se substitue progressivement aux anciens dispositifs existant, l'Aged (garde à domicile), et l'Afema (garde par une assistante maternelle agréée, une "nourrice"). "Avec la création de la Paje, il semble que les particuliers aient de plus en plus recours à la garde d'enfant à domicile", note l'étude (2).
Les salariés Pajemploi ont cependant une rémunération inférieure aux salariés CES, leur salaire net horaire moyen étant de 6,8 € contre 7,88 € pour les CES.
Fin 2005, 662.000 particuliers faisaient garder leurs enfants au domicile d'une assistante maternelle agréée soit une augmentation de 2,3%, notamment dans l'ouest de la France, moins bien équipé en crèches. Ces "nounous", qui gardent en général plusieurs enfants, travaillent en moyenne 114 heures par mois pour une rémunération horaire moyenne par enfant de 2,73 €, à laquelle s'ajoute une compensation journalière de 2,88 €. Au total, le coût quotidien de ce service est évalué à 22 € nets.
Globalement, plus de la moitié (53%) des particuliers employeurs ont bénéficié d'un allègement de leurs cotisations sociales, dont notamment les "plus de 70 ans" qui représentent 62% des particuliers employeurs exonérés et dont le nombre a augmenté de 7% en 2005, selon l'ACOSS.
(1) Valoriser ce type d'emplois est tout à fait rétrograde pour les femmes à qui l'on réserve toujours l'emploi en miette.
(2) Et pendant ce temps-là, on n'accélère rien sur la contruction des crèches collectives. Répondre | Répondre avec citation |