Donc, d'ici l'automne, les chiffres mensuels du chômage resterons basés sur les critères du BIT indexés sur les seules données de l'ANPE, sans la pondération de l'Enquête Emploi de l'INSEE toujours "reportée", et ce malgré des arguments techniques imprécis et peu convaincants...
Le collectif ACDC a adressé une lettre ouverte à M. Charpin (lire en commentaire) et espère pour le 8 mars sa réponse officielle quant aux motifs exacts de ce "report".
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Commentaires
"A ce jour, les arguments techniques que vous avez avancés à lappui de cette décision sont imprécis et peu convaincants", déclare le collectif dans son courrier. "Dans ces conditions, et en l'absence de justification plus rigoureuse, le risque est grand que votre décision soit interprétée comme une décision d'opportunité politique plus que technique. L'auriez-vous prise si les résultats de l'enquête […] avaient confirmé la baisse du chômage que semblent montrer les données de l'ANPE ?", sinterroge ACDC.
A l'approche des élections, "les citoyens ont le droit de savoir si les politiques menées ces dernières années ont effectivement fait reculer le chômage de plus de 10% comme l'affirme le gouvernement, ou si, comme nous le pensons, elles ont surtout accentué la pression sur les chômeurs en les dissuadant de s'inscrire ou de se réinscrire à l'ANPE", ajoute le collectif.
Les associations de chômeurs et les syndicats qui composent ce collectif demandent donc au directeur de l'INSEE de publier "sans tarder" le taux de chômage mesuré par l'enquête Emploi de 2006, "en l'assortissant éventuellement de fourchettes […] plus larges pour 2006 que pour les années précédentes si de bonnes raisons existent pour juger que la qualité de l'estimation s'est dégradée".
En cas de refus, "il serait en tout état de cause injustifiable que l'INSEE continue dans les mois à venir à publier mensuellement un taux de chômage BIT indexé sur l'évolution des seules données de l'ANPE", ajoute le collectif qui estime en effet que l'INSEE "ne saurait continuer à valider ainsi ces données dont la signification est fortement contestée et qui sont manifestement contredites par l'enquête Emploi".
Le chômage en France a baissé en décembre dernier avec un taux s'établissant à 8,6%, selon les chiffres diffusés le 30 janvier par le ministère de l'Emploi. Le gouvernement a annoncé un recul de 10% sur l'ensemble de l'année 2006. Cette annonce avait eu lieu sur fond de polémique, ACDC contestant ces données officielles, alors que l'INSEE a, de son côté, bloqué la publication de son enquête annuelle sur le chômage, dont le résultat est en décalage avec l'optimisme affiché par le gouvernement si l'on en croit le Canard Enchaîné du 24 janvier. Répondre | Répondre avec citation |
Fin janvier, le nombre des demandeurs d'emploi de catégorie 1 augmente de 1.200 personnes par rapport à décembre pour s'inscrire à 2.093.200.
Sur un an, le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie 1 à l'ANPE a reculé de 10,1% soit 236.100 demandeurs d'emploi de moins. Et depuis le début de la baisse du chômage en février 2005, le nombre de ces demandeurs d'emploi a reculé de 380.800. Répondre | Répondre avec citation |
"On est des millions à comprendre que les vrais chiffres, quand on prend les huit catégories de chômeurs de l'ANPE, c'est cinq millions", a-t-il lancé sur LCI.
La catégorie 1 de l'ANPE regroupe les personnes cherchant un CDI à temps plein et ayant travaillé moins de 78 heures dans le mois. En ajoutant les chômeurs à la recherche d'autres types de contrat (CDD, interim) ou qui ont travaillé plus de 78 heures (catégories de 1 à 8), les chiffres de l'ANPE recensent au total 6,1 millions de chômeurs.
"Le gouvernement ne fait rien contre le chômage et (il) dézingue le système de protection sociale", a encore accusé Olivier Besancenot. "Si on avait une vraie politique de l'emploi dans ce pays, s'il y avait de moins en moins de chômeurs, il y aurait beaucoup plus de cotisants et il y aurait des solutions honorables pour le service public et la protection sociale", a-t-il estimé. Répondre | Répondre avec citation |
En vérité, toutes catégories confondues, il y a environ 4,4 millions d'inscrits à l'ANPE.
Auxquels il faut ajouter :
• les 416.000 chômeurs "âgés" dispensés de recherche d'emploi (DRE) qui ne figurent dans aucune catégorie,
• les 800.000 RMIstes qui ne pointent pas (à peine 12% des inscrits à l'ANPE sont au RMI)
• tous les autres chômeurs non inscrits à l'ANPE car non-indemnisés par l'Assedic ou par l'Etat et qui n'ont même pas droit aux minima sociaux, et qu'on peut évaluer à plus d'un million de personnes…
Cela fait bien un total dépassant les 6,5 millions. Répondre | Répondre avec citation |
Comment y voir clair dans les statistiques du chômage ? Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à l’ANPE a spectaculaireme nt diminué depuis le point haut de mai 2005, passant de 3,9 millions de personnes à un peu moins de 3,4 en décembre 2006, toutes catégories confondues (1).
Poudre aux yeux, avance le collectif ACDC (Les Autres chiffres du chômage) : la fonte des effectifs depuis deux ans «résulte non pas du retour à l’emploi des chômeurs, mais des pressions de plus en plus fortes qui aboutissent à les exclure des listes de l’ANPE», estime-t-il (2). C’est le résultat des radiations administratives , des arrêts de recherche ou des défauts d’actualisation . Les radiations administratives sont effectuées lorsqu’un demandeur d’emploi ne se présente pas à une convocation sans motif valable (maladie, par exemple) ou à titre de sanction (refus non motivé d’une proposition d’emploi, par exemple). Or, depuis 2006, l’ANPE a mis en place un suivi mensuel des demandeurs d’emploi, ce qui se traduit par des convocations beaucoup plus fréquentes, donc par des absences – puis des radiations – également plus fréquentes.
Les défauts d’actualisation correspondent à des personnes qui n’ont pas signalé leur situation à la fin du mois dans les délais requis : oubli, indisponibilité … ; les causes en sont multiples. Une partie se réinscrivent le mois suivant, mais une autre partie abandonne, estimant que le jeu n’en vaut pas la chandelle : ce sont les arrêts de recherche, qui peuvent d’ailleurs être temporaires (congés maladie, entrées en stage de formation…).
27 000 sortants
Or, de fait, entre la période juin 2003-septembre 2004 (six trimestres de montée du chômage) et la période juin 2005-septembre 2006 (six trimestres de baisse du chômage), l’enquête trimestrielle qu’effectue l’ANPE sur «les sortants des listes» (3) montre que, si le nombre mensuel moyen de sorties a progressé de 27.000, celui des reprises d’emploi n’a progressé que de 15.000 (180.000 par an). Pour près de moitié, les sorties sont liées à un accroissement des radiations, des défauts d’actualisation ou des arrêts temporaires de recherche. Le contrôle plus strict et, sans doute, la mauvaise qualité de certaines propositions d’emploi faites aux demandeurs ont indéniablement découragé nombre de personnes. ACDC a donc partiellement raison, même s’il y a bien une reprise de l’emploi confirmée par les chiffres publiés par le ministère de l'Emploi le 19 février dernier (+ 142.000 emplois marchands).
Traditionnellem ent, l’enquête emploi de l’INSEE, effectuée chaque trimestre auprès de 75.000 ménages, jouait les juges de paix. Car elle mesure le nombre des chômeurs à partir non pas des listes de l’ANPE, mais de la définition préconisée par le Bureau international du travail (BIT) : être sans emploi, à la recherche effective d’un emploi et disponible dans les quinze jours pour occuper celui qui pourrait se présenter. Même radiée par l’ANPE, une personne qui cherche un emploi est donc prise en compte au titre des chômeurs par l’INSEE.
Chercher l’erreur
A partir des résultats de ces enquêtes trimestrielles, l’INSEE calcule les coefficients de passage qui permettront, chaque mois, de déterminer le taux de chômage au sens du BIT à partir du nombre de demandeurs d’emploi de catégorie 1, 2 et 3 n’ayant pas effectué d’activité réduite, et sans attendre les résultats annuels de l’enquête. Ainsi, depuis avril 2006, les taux de chômage publiés chaque mois par le ministère de l’Emploi (8,6% en décembre 2006) sont des chiffres provisoires issus des coefficients de passage calculés l’an dernier à partir des enquêtes emploi 2005. Les résultats de 2006 devaient donc servir à les corriger et à calculer les nouveaux coefficients qui seront appliqués à partir d’avril 2007.
Or l’INSEE vient d’annoncer que les résultats 2006 (donc les corrections des taux de chômage provisoires depuis avril 2006) seraient repoussés à l’automne prochain, en raison d’un taux qui serait anormalement élevé de non-réponses à l’enquête, particulièremen t en Ile-de-France, réduisant la fiabilité des résultats. Le taux de chômage du troisième trimestre mesuré par l’enquête atteint 9,2% contre 8,9% annoncés par le ministère de l’Emploi à partir des coefficients de passage provisoires pour chacun des mois de 2006. Ce qui serait logique : les sorties de liste ANPE non dues au retour à l’emploi s’étant gonflées, le coefficient de passage calculé à partir des enquêtes emploi de 2005 tend à accentuer la baisse du taux de chômage.
Avec des scrupules scientifiques qui l’honorent, l’INSEE a estimé que, avant de relever les coefficients de passage, donc le taux de chômage «officiel», il fallait vérifier si cela ne provenait pas de l’accroissement du taux de non-réponses à l’enquête, car celles-ci proviennent plutôt de personnes en emploi, plus difficiles à joindre par téléphone : l’accroissement du taux de chômage pourrait donc n’être qu’apparent. D’où la nécessité d’attendre les résultats des enquêtes du premier et deuxième trimestres 2007, pour lesquelles un effort particulier de relance sera fait pour réduire le taux de non-réponse.
Sage sur le plan scientifique, cette décision ne l’est pas sur le plan politique. Elle donne le sentiment que l’Institut a cédé aux injonctions gouvernementale s, qu’une réévaluation à la hausse du taux de chômage ne peut évidemment pas réjouir. Le juge de paix serait-il en réalité sous la botte du pouvoir, s’interroge-t-on à gauche ? Aussi la position d’ACDC qui, dans une lettre ouverte au directeur de l’INSEE, demande «de publier sans tarder le taux de chômage mesuré par l’enquête emploi de 2006, en l’assortissant éventuellement de fourchettes (…) éventuellement plus larges pour 2006 que pour les années précédentes (…)» serait, sans l’ombre d’un doute, un bon compromis. A défaut, le soupçon risque de grandir.
Denis CLERC pour Alternatives Economiques
(1) Il existe six catégories de demandeurs d’emploi, selon la nature de l’emploi recherché (en CDI ou en CDD, à temps plein ou à temps partiel) et le nombre d’heures éventuellement travaillées durant le mois (moins ou plus de 78 heures). Les catégories 4 (demandeurs en formation) et 5 (personnes en emploi recherchant un autre emploi) ne sont pas prises en compte ici. La catégorie 1 (recherche d’un CDI à temps plein par des demandeurs d’emploi ayant travaillé moins de 78 heures dans le mois) est la plus fréquemment commentée. Durant la période qui nous intéresse, elle a également diminué, passant de 2,5 à 2,1 millions.
(2) Dans sa note n° 2, en ligne sur http://acdc2007.free.fr
(3) La dernière publiée date de septembre 2006. Répondre | Répondre avec citation |