A fin décembre, la Caisse Nationale d'Allocations Familiales (CNAF) recensait 1,102 million d'allocataires du RMI, ce qui représente environ 11.000 personnes de moins par rapport à fin 2005. On remarque que ces données ne concernent que la métropole, celles des DOM étant toujours occultées, comme pour les chiffres officiels du chômage...
Après une augmentation de 4,7% en 2005 ayant succédé à des hausses records qui avoisinaient 10% les trois années précédentes (soit 180.000 bénéficiaires supplémentaires depuis 2002), il semblerait qu'une décrue s'amorce.
Trucage, ou réelle embellie ? Selon la DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques), c'est "l’amélioration de la situation sur le marché du travail depuis plus d’un an" qui explique cette tendance, rappelant que "le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie 1 a diminué de 9,9% en 2006"...
Justement ! A l'heure où cette baisse hypothétique est cible à polémique, il est bon de rappeler que seulement 12% des inscrits à l'ANPE sont au RMI (restent donc quelque 700.000 RMIstes qui échappent au taux officiel) et pas forcément en catégorie 1 puisqu'à fin décembre, entre "160.000 et 190.000" membres de cette population particulièrement stigmatisée bénéficiaient d’"au moins une mesure spécifique d'aide à l'emploi" (+ 30% par rapport à 2005), c'est-à-dire un des nombreux contrats aidés montés en charge par Jean-Louis Borloo et dont les modalités de cumul avec le RMI sont limitées. Sujets comme les autres chômeurs à un contrôle renforcé, l'attribution du RMI est soumise à leur recherche d'emploi et à l'acceptation de ces "mesures spécifiques" : en cas de "manquement", il est alors suspendu. L'ANPE ayant réussi à escamoter 270.000 chômeurs l'année dernière, on peut imaginer que se débarrasser de 11.000 RMIstes sur la même période n'est pas bien difficile.
Un accès qui se réduit. La DREES admet que la diminution du nombre de RMIstes est également la conséquence de la baisse du nombre d'ouvertures de droits : en cette période de chômage de masse, de plus en plus de demandeurs d'emploi en bout d'Assedic ne peuvent prétendre ni à l'ASS ni au RMI (attribués par foyer fiscal) si leur conjoint gagne plus de 1567,50 € par mois. Mécaniquement et insidieusement, cette clause contribue à en restreindre le nombre.
Un coût pour la collectivité. Sur l'ensemble de l'année 2006, le coût du RMI s'est élevé à 5,9 milliards d'euros soit une augmentation de 3,9% par rapport à 2005, nous rappelle-t-on. Mais les 65 milliards d'euros généreusement distribués par l'Etat aux entreprises en 2005 (on ne connaît par encore le montant de 2006…) vont à contre-pied de cette considération moralisatrice, surtout quand on connaît l'impact dérisoire de toutes ces aides publiques sur la création d'emplois dignes de ce nom qui pourraient enfin sortir définitivement les RMIstes et autres chômeurs de longue durée de cet assistanat qu'on leur reproche tant.
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