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Accueil Social, économie et politique Après les chômeurs profiteurs, les salariés râleurs !

Après les chômeurs profiteurs, les salariés râleurs !

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D'une enquête intitulée "Ce que veulent les travailleurs - Une étude mondiale des attitudes face au travail et à l'équilibre entre travail et vie", réalisée au second semestre 2006 dans 23 pays et auprès de 14.000 employés âgés de plus de 18 ans, voilà ce que la presse retient : Les Français sont champions du monde des râleurs au travail !

C'est dans l'air du temps : le pétainisme et la stigmatisation sont à l'œuvre pour cinq bonnes années. Après les exclus de l'emploi et autres "assistés" qui ruineraient le pays, les salariés - déjà régulièrement qualifiés de "paresseux" puisqu'ils ne travailleraient pas assez même s'ils se lèvent tôt - n'échappent pas au traitement.

Donc, les employés français sont les plus "râleurs" au monde devant les Britanniques et les Suédois ex-aequo, un "triste record", lit-on dans les dépêches. On y note la "surprenante" 4e place occupée par les Américains «alors que ce sont eux qui ont, de loin, les plus hauts niveaux de revenus par rapport au coût de la vie», souligne Charlotte Cornish, directrice du groupe de recherche britannique FDS qui a réalisé cette étude "très sérieuse". La palme des plus enthousiastes (ou des plus "dociles", écrit Le Figaro) revient aux Irlandais, aux Thaïlandais et aux Néerlandais. Les Britanniques se plaignent d’avoir peu de vacances (33,5 jours annuels) contre seulement 13% des Irlandais qui en ont encore moins (29 jours annuels) : "étonnant", estime Le Figaro. Quant aux Japonais, au pays du suicide ils affichent le moral le plus bas de l'échantillon international interrogé, mais comme manifester leur mécontentement ne fait pas partie de leur culture, ils n'apparaissent qu'au 12e rang en termes de récriminations...

De cette enquête (qui semble pourtant intéressante puisque les facteurs qui ont été retenus pour la mener sont : l'opinion sur le niveau des salaires, le rapport entre revenu et coût de la vie, la durée hebdomadaire du travail et l'empiètement du travail sur la vie personnelle), nous ne saurons rien de plus ! On peut donc dire que l'information économique et sociale en France atteint des sommets de vacuité, et ce n'est que le début.

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Mis à jour ( Mardi, 15 Mai 2007 01:00 )  

Commentaires 

 
0 # superuser 2007-05-14 19:38 La campagne électorale française prouve qu'une mauvaise analyse économique alliée à un problème plus général avec l'arithmétique peut influencer les électeurs et même déterminer l'avenir d'un pays. L'analyse du chercheur américain Mark Weisbrot, directeur du Center for Economic and Policy Research (CEPR) à Washington.

Le thème qui a propulsé Sarkozy en avant, c'est que l'économie française est "coincée" et doit être réformée pour ressembler davantage à la nôtre. On pense aussi que la France doit devenir plus "compétitive" sur le plan international car, avec la mondialisation, la concurrence est plus dure.

Parmi ceux qui considèrent que les salariés français doivent réduire leur niveau de vie à cause de la mondialisation de l'économie, le plus célèbre est Thomas Friedmann, du New York Times : "Toutes les forces de la mondialisation grignotent les Etats-providence européens", écrit-il… "Les électeurs français tentent de préserver la semaine de 35 heures dans un monde où les ingénieurs indiens sont prêts à travailler 35 heures par jour." Pour Friedman et la plupart des experts, c'est l'équation impossible. Or il est important de comprendre que cet argument – les citoyens d'un pays riche doivent réduire leur train de vie ou leurs programmes gouvernementaux à cause du progrès économique des pays en développement – n'a aucune logique sur le plan économique.

Une fois qu'un pays développé a atteint un certain niveau de productivité, il n'y a aucune raison pour que ses habitants subissent des réductions de salaire ou travaillent davantage, sous le prétexte que les autres pays sont en train de les rattraper. Cette productivité, qui repose sur la connaissance, les compétences, les réserves de capital et l'organisation économique du pays, est toujours là et augmente d'ailleurs chaque année. Si certains intérêts particuliers avancent l'argument de la concurrence internationale pour abaisser le niveau de vie des salariés français, allemands et américains – et c'est le cas –, cela signifie tout simplement que ce ne sont pas les bonnes personnes qui définissent les règles du commerce international. Le problème, c'est non pas le progrès économique, mais l'existence d'une démocratie limitée où la majorité n'est pas représentée.

Passons aux chiffres du chômage des jeunes en France, des chiffres élevés qui définissent la politique du pays et ont influencé l'opinion internationale lors des émeutes de novembre 2005. Dans la mesure standard du chômage, les chômeurs sont le numérateur et les chômeurs plus les actifs, le dénominateur (c/c + a). Avec ce système, les hommes âgés de 15 à 24 ans ont un taux de chômage de 20,8% en France contre 11,8% pour les Etats-Unis. Mais cette différence s'explique en grande partie par le fait qu'en France il y a proportionnelle ment davantage de jeunes hommes hors de la vie active – parce qu'ils poursuivent leurs études et parce que les jeunes Français qui travaillent à temps partiel en faisant leurs études sont moins nombreux qu'aux Etats-Unis. Ceux qui ne sont pas dans la vie active ne sont comptabilisés ni dans le numérateur, ni dans le dénominateur.
Pour une meilleure comparaison, il faut examiner le nombre total de chômeurs divisé par le nombre de chômeurs dans la population des 15-24 ans. Avec ce système, on aboutit à 8,3% pour les Etats-Unis et 8,6% pour la France. Les deux pays ont un sérieux problème de chômage chez les jeunes et, dans les deux pays, il touche essentiellement les minorités raciales et ethniques. Mais le problème n'est pas tellement pire en France qu'aux Etats-Unis.

Sarkozy propose de faciliter les licenciements, de réduire les impôts (y compris les droits de succession), de revenir sur la semaine de 35 heures et d'autres mesures qui favorisent les hauts revenus et les propriétaires de grandes entreprises. Ces mesures redistribueront la richesse vers le haut, comme nous le faisons aux Etats-Unis depuis trente ans. Mais, une fois encore, rien ne prouve économiquement qu'elles feront augmenter l'emploi ou la croissance.

Royal propose une série de mesures pour doper la demande – entre autres, l'augmentation du salaire minimum, des allocations chômage et la multiplication des emplois subventionnés. Ces propositions sont plus logiques sur le plan économique car elles ont au moins une chance de créer des emplois – en dopant la demande totale et le pouvoir d'achat.

Si la France bascule à droite lors de cette élection, ce sera largement à mettre sur le compte de la désinformation économique.

(Source : Courrier International)
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0 # superuser 2007-05-14 19:41 Rien n’est plus faux en effet que ce préjugé d’une France paresseuse : les salariés français figurent au contraire parmi les plus productifs au monde, et les chômeurs français figurent parmi les plus mal traités de l’UE15. Le point de vue de Guillaume Duval, rédacteur en chef du mensuel Alternatives Economiques.

Il faut, parait-il, «réhabiliter la valeur travail». Nicolas Sarkozy en a fait le thème central de sa campagne victorieuse. Il considère manifestement que la paresse actuelle des Français est la cause principale des difficultés que rencontre le pays. Il s’agit pourtant d’une contrevérité qui aurait dû, en bonne logique, lui coûter l’élection tant le propos est insultant à l’égard des 22,5 millions de salariés qui travaillent dur chaque jour, et des 2 millions de chômeurs qui aimeraient pouvoir en faire autant.

Rien n’est plus faux en effet que ce préjugé d’une France paresseuse : les salariés français figurent au contraire parmi les plus productifs au monde. Selon les chiffres du Bureau of Labor statistics (BLS), organisme officiel américain donc peu suspect de socialisme militant ou de francophilie excessive, un (ou une) Français(e) qui occupe un emploi avait produit 71.900 dollars de richesses en moyenne au cours de l’année 2005. C’est certes moins que les 81.000 dollars produits par l’employé américain moyen mais significativement plus que les 64.100 dollars d’un Anglais, les 59.100 dollars des Allemands ou encore les 56.300 dollars d’un Japonais…

Et Nicolas Sarkozy devrait pourtant savoir que les salariés français ne sont pas, et de très loin, ceux qui travaillent le moins en Europe. Selon Eurostat, l’organisme statistique officiel de l’Union, un (ou une) salarié(e) français travaillait en moyenne 36,4 heures par semaine au troisième trimestre 2006. Contre 36,1 dans l’ex Union à 15. Les Français travaillent presqu’aussi longtemps que les Anglais, 36,5 heures, et significativement plus que les Danois, 34,6 heures, dont le modèle social est si envié, ou encore que les Allemands, 34,5 heures, pourtant champions du monde de l’exportation. Sans parler des Néerlandais qui ne restent en moyenne que 29,8 heures au travail chaque semaine. Dans l’ex Europe à 15, c’est en Grèce, 39,9 heures, et au Portugal, 39,2 heures, qu’on travaille le plus longtemps. Rattraper la Grèce et le Portugal, est-ce cela l’ambition de Nicolas Sarkozy pour l’économie française ?

Si, à niveau de richesses comparable, le chômage est plus important chez nous que chez nos voisins, c’est justement parce que ceux qui ont déjà un emploi sont particulièrement productifs. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs la démarche des 35 heures était parfaitement censée. Et c’est pour la même raison qu’en voulant allonger le temps de travail de ceux qui ont déjà un emploi, Nicolas Sarkozy ne ferait qu’aggraver le chômage. Quant aux chômeurs, soupçonnés de se complaire dans leur situation, il serait pourtant difficile de les pénaliser davantage qu’aujourd’hui afin de les obliger à trouver un emploi : les chômeurs français figurent déjà parmi les plus mal traités au sein de l’ex Union à 15. En 2003, selon les chiffres d’Eurostat, 10 de ces 15 pays dépensaient, en effet, davantage que la France pour indemniser leurs chômeurs, rapporté à leur PIB. Jusqu’à 2,7 fois plus pour le Danemark ou les Pays Bas, mais même un peu plus aussi pour le Portugal…

Contrairement à ce que sous-entend le nouveau président de la République, les salariés français ne sont donc pas des paresseux, ni les chômeurs de l’Hexagone, des profiteurs. Pour autant, il ne fait guère de doutes que les entreprises françaises rencontrent des difficultés importantes. Elles sont souvent à la peine sur les créneaux high tech en expansion et s’en sortent, en particulier, nettement moins bien sur le marché mondial que les entreprises allemandes. Et cela bien que le travail soit sensiblement plus cher Outre Rhin : 33 dollars de l’heure en 2005 pour un ouvrier de l’industrie contre 24,6 en France selon les chiffres du BLS.

Si la paresse des salariés n’est pas en cause, ni le coût de leur travail, est-ce que les raisons de ces difficultés ne seraient pas à chercher plutôt du côté de la tête des entreprises ? De la faible qualité de leurs dirigeants et de l’inefficacité de leurs modes de gestion ? Au vu du gigantesque gâchis que l’incurie d’un Arnaud Lagardère, actionnaire de référence, combinée à la soif de pouvoir d’un Noël Forgeard ont provoqué au sein d’Airbus, on se dit en effet que c’est surtout au niveau de ses élites économiques que le capitalisme français aurait besoin d’une «rupture». Mais il est plus facile à Nicolas Sarkozy de culpabiliser les salariés en poste ainsi que les titulaires de minima sociaux, que de bousculer les chefs d’entreprises dont un certain nombre lui sont très proches.

(Source : L'Observatoire des Inégalités)
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0 # superuser 2007-05-14 20:29
Je conseille à tou(te)s de lire Marge brute de Laurent QUINTREAU (Denoël - 122 pages, 13 €) : un féroce et hilarant "roman de bureau" paru l'été dernier et qui raconte le comité de direction d'une multinationale publicitaire à travers les pensées de ses onze participants, du PDG détesté de tous à la DRH effondrée par ce qu'on lui demande de faire aux salariés, au nom de la compétitivité et du modernisme libéraux.
Bienvenue dans le monde de l'entreprise, de + en + impitoyable, inhumain, égoïste et véreux !



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0 # superuser 2007-05-14 23:33
Après Noël Forgeard qui a été remercié avec 11 millions d'euros au total, c'est au tour de Jean-Paul Gut, le directeur général délégué du groupe aéronautique et maison-mère d’Airbus, d'empocher subtilement 12 millions d’euros d'indemnités

Ça fait combien d'années de Smic, ça ?
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