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Accueil Social, économie et politique SCOP : Quand l'entreprise devient démocratique

SCOP : Quand l'entreprise devient démocratique

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Mise en liquidation par le fond de pension qui l'avait rachetée, Ceralep est devenue une Société Coopérative Ouvrière de Production : désormais contrôlée par ses salariés rescapés du chômage, voici un cas d'école qui nous prouve qu'il est possible de diriger une entreprise autrement, de produire et partager sa richesse tout en garantissant sa compétitivité.

Lundi soir, l'émission de France 2 Complément d'enquête s'est évertuée à nous consoler du résultat des élections en proposant un numéro intitulé «La France autrement, c'est possible !», bien différente d'une "France d'après"... Son reportage sur le système SCOP - humoristiquement appelé «La scop-option» - avait de quoi réjouir à l'heure où l'on s'interroge sur les délocalisations, le coût du travail, les "blocages" français et nos pratiques managériales...

Une histoire exemplaire. Ceralep fabriquait depuis 1973 des isolateurs électriques en céramique pour EDF et la SNCF, une activité florissante qui faisait la fierté de la région drômoise. Pourtant, tout aurait pu cesser en 2004 : rachetée quatre ans plus tôt par un fond de pension américain qui décida de la sacrifier, Ceralep fut placée en liquidation judicaire et 90 personnes devaient perdre leur emploi. Un schéma somme toute classique.
Mais ils sont une dizaine à être convaincus que sur ce marché de niche, l'entreprise peut survivre. Robert Nicaize, embauché à 16 ans comme simple ouvrier et délégué CGT, a pris contact avec le milieu coopératif qui a bien voulu s'engager… à condition que les salariés rassemblent 100.000 €. Ils sont 52 à accepter de prendre le risque. Un véritable élan de solidarité se crée dans tout le département : "On a fait la manche," avouent-il, et en 15 jours ils récupèrent 51.000 €. Ajoutés aux abondements des salariés compris entre 300 et 3.000 €, le compte est bon. L'activité reprend avec des salariés associés et Robert Nicaize… à la direction.

Les débuts sont difficiles, mais le cœur y est. Les prestigieux clients, EDF, SNCF, Siemens et Pirelli reviennent. L'équilibre est atteint dès 2005. 2006 est excellente avec un résultat inespéré de 150.000 € dont 20% ont été redistribués aux sociétaires, le reste servant à rembourser le capital d'emprunt et à augmenter la participation bloquée au capital. L'année 2007 s'annonce sous les meilleurs auspices : "Nous sommes à 70% de nos objectifs", se félicite Robert Nicaize, qui note également une augmentation de 20 à 25% de la productivité depuis que les salariés sont aussi patrons. Il est maintenant question de recruter du personnel supplémentaire.

La démocratie d'entreprise. Chez Ceralep, contrairement au discours dominant, on est toujours aux 35 heures et on n'a pas rogné sur les rémunérations. Il ne s'agit pas de "travailler plus pour gagner plus" mais de travailler mieux. Le patron, réélu tous les quatre ans par le Conseil d'administration qui fixe aussi son salaire, ne s'affiche pas au dessus des autres et trime à leurs côtés. Loin des rapports habituels de sujétion, tous se respectent et œuvrent ensemble dans le même intérêt : maintenir leur activité. Pas de hiérarchie répressive qui impose des décisions arbitraires : l'avis de chacun est pris en compte pour améliorer l'organisation et innover. Chacun est informé de l'état de l'entreprise, son évolution et ses objectifs, en toute transparence. Chacun est impliqué, donc motivé. Le travail s'effectue dans un climat de confiance, en bonne intelligence.
Voilà une vraie "rupture" : réinjecter de l'humanité et de la démocratie au cœur des entreprises afin d'optimiser leurs performances et préserver l'emploi. C'est juste une question de bon sens !

En France, où les PME/TPE représentent 99% du tissu économique et 64% des emplois, les SCOP sont encore peu nombreuses (environ 1.700 pour 36.000 salariés et 3,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires ; à noter que 74% d'entre elles sont bénéficiaires). Alors que tous les jours des PME sont menacées de fermeture et de délocalisation, c'est un concept peu connu qu'il serait judicieux d'étendre, non ?

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Mis à jour ( Lundi, 27 Septembre 2010 20:23 )  

Commentaires 

 
0 # superuser 2007-05-30 03:27
Une autre (belle) histoire à découvrir : celle du magazine ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES, édité par une Scop-SA afin d'échapper à la domination des grands groupes de presse et à leur concentration.
Pour tout savoir…

Le CHÈQUE-DÉJEUNER est la Scop la plus célèbre ! Son PDG Jacques Landriot a démarré dans l'entreprise en tant que commercial il y a 30 ans. Depuis 1991, il dirige le groupe : comme quoi, avec ce système, l'évolution professionnelle est possible, voire spectaculaire. Jacques Landriot gagne 7500 € par mois tandis que le plus bas salaire est à 1500 € : rien à voir avec les Forgeard, Lagardère, Streiff et Cie.
Pour tout savoir…

Si l'idée vous tente => SCOP Entreprises, le réseau d'appui à la création, à la reprise ou à la transmission d'entreprises en Sociétés coopératives de production (SCOP), Sociétés coopératives d'intérêt collectif (SCIC) et Coopératives d'activités et d'emploi (CAE).
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0 # 2007-05-30 19:15 SCOP: la solution miracle ?

Pas si sur !

Pour avoir vu cela d'un peu près, une SCOOP fonctionne bien là ou une entreprise classique fonctionnerait aussi, mais la formule une personne = une voix transforme la direction d'une SCOOP en sacerdoce, quand ça ne devient pas Mission Impossible.
Car plus il y a de "coopérateurs", plus il y a de chances que la zizanie apparaisse…

Il y a des formules qui associent fortement les salariés aux capital ( comme la Reprise d'entreprise par ses salariés) qui ne présentent pas les mêmes inconvénients et qui sont nettement plus robustes, surtout si l'entreprise traverse une période difficile.
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0 # superuser 2007-05-30 19:48 Le numéro un européen de la chaussure de sécurité, Jallatte, a annoncé mercredi la délocalisation de sa production vers la Tunisie, entraînant la suppression de 285 emplois en France, une décision qui a suscité la colère des salariés qui retiennent des membres de la direction.

Lors d'un comité central d'entreprise (CCE) sur le site de production de Saint-Hippolyte-du-Fort (Gard), les dirigeants de Jallatte ont dévoilé leur intention de délocaliser l'ensemble de la production vers la Tunisie où le groupe est déjà présent. Cette mesure se traduira par la suppression de 285 emplois en France (sur 336), principalement à Saint-Hippolyte-du-Fort et Alès, les deux principales usines du groupe, mais aussi à Breuil-sur-Couze (Puy-de-Dôme) et sur la plate-forme logistique d'Ennery (Moselle).

Vers 10H00, les délégués syndicaux et une partie des 200 personnes qui s'étaient rassemblées devant l'usine (salariés du groupe Jallatte, habitants des environs et élus locaux) ont envahi la salle où se tenait le CCE. Quatre dirigeants sont retenus depuis. Les salariés ont affirmé qu'ils ne les laisseraient pas sortir tant qu'il n'auraient pas obtenu davantage d'informations sur le plan social et des garanties. Parmi ces dirigeants se trouvent notamment le directeur général du groupe italien JAL, Giovanni Falco, qui contrôle Jallatte, ainsi que le PDG de cette société.

Les salariés ont appelé le président Nicolas Sarkozy à tenir ses promesses pour empêcher les délocalisations . Le maire UMP d'Alès, Max Roustan, ainsi que le président socialiste du conseil général du Gard, Damien Alary, étaient venus manifester devant le site. Le Gard est touché par une vague de délocalisations industrielles, des collants Well à l'entreprise Eminence en passant par les pianos Pleyel. Fondé en 1947 par un fabricant de galoches des Cévennes, Jallatte s'est spécialisé dans la chaussure de sécurité dont il produit annuellement 1,2 million de paires.

(Source : France 3)
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