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Accueil Social, économie et politique Jallatte : suicide du fondateur

Jallatte : suicide du fondateur

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Pierre Jallatte, 88 ans, fondateur du leader européen de la chaussure de sécurité dont le site du Gard est actuellement menacé de délocalisation, s'est suicidé chez lui hier après-midi d'un coup de carabine.

Pierre Jallatte n'a visiblement pas supporté de démantèlement de son entreprise, qu'il avait fondée en 1947. "C'était un patron à grande gueule mais à grand cœur, pas un financier comme il y a maintenant", a dit Jean-François Anton, délégué CGT de 54 ans qui travaille depuis 1969 sur le site du village cévenol de Saint-Hippolyte-du-Fort. Un drapeau noir a aussitôt été placé à l'entrée de l'usine avec sa photographie. "C'est fréquemment qu'il me disait qu'il souhaitait mourir avant que son usine ferme", a expliqué, très ému, un ancien salarié de 75 ans qui a supervisé la production de Jallatte durant 25 ans, ajoutant : "Il avait très mal vécu [l'annonce de la délocalisation]. Ce n'est pas le premier plan social que les actionnaires nous font. L'usine espagnole avait fermé, l'usine allemande avait fermé, une usine d'Alès avait fermé, et tout ça fait beaucoup." "Ce sont les actionnaires qui l'ont tué", disent-ils tous.

Petite chronique de la barbarie libérale

Suite à son rachat par JAL, groupe italien lui-même investi par des fonds de pension, l'ensemble de la production devait être délocalisée en Tunisie, sacrifiant au total 287 emplois sur 336, seuls les services administratif et logistique étant maintenus en France. Le mercredi 30 mai, jour de l'annonce de cette délocalisation, les salariés en colère ont fait parler d'eux en séquestrant leurs dirigeants (lire en commentaire). En pleine campagne législative, cette affaire médiatisée avait suscité un tollé dans le monde politique : tous les députés du département étaient montés au créneau, et Nicolas Sarkozy avait même écrit au président du Conseil Général du Gard pour lui indiquer qu'il avait demandé au gouvernement de "réfléchir" à une "stratégie de revitalisation" industrielle et économique du territoire cévenol... La fin de Jallatte est un nouveau coup dur pour le Gard, département touché par une vague de délocalisations de marques emblématiques : les collants Well fin 2006 (300 emplois supprimés), les pianos Pleyel il y a quelques mois (65 emplois supprimés) et des rumeurs autour de l'entreprise Eminence.

Pourtant, hier, les syndicats ont annoncé avoir trouvé un accord avec le propriétaire italien afin de suspendre le projet : "Les actionnaires américains ont décidé de mandater le directeur général France pour présenter un plan alternatif d'ici au 18 juin, afin de conserver une production viable sur les sites gardois", a dit la CGT. Mais son fondateur, lui, n'y a pas cru une seconde et a préféré en finir. Ainsi s'achève l'œuvre de toute une vie : l'ancien patron a choisi de se donner la mort plutôt que de voir ses salariés goûter à la mort… sociale.

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Mis à jour ( Samedi, 09 Juin 2007 11:59 )  

Commentaires 

 
0 # superuser 2007-06-09 11:22 C'était vendredi dernier…

Comment arrêter la lutte de salariés qui, sous le choc de l'annonce d'un plan social massif, séquestrent leurs dirigeants depuis une heure ?

Mercredi, il n'y a qu'à suivre le sous-préfet du Gard, Alain Mancini. Ce jour-là, il débarque dans l'entreprise Jallatte à Saint-Hippolyte-du-Fort, spécialisée dans la fabrication de chaussures de sécurité pour le travail. Pressentant une (mauvaise) nouvelle, près de 200 personnes se sont rassemblées pour connaître le résultat du comité central d'entreprise. Ce sont en majorité des employés des usines de Saint-Hippolyte (120 postes en production) et d'Alès, à 35 km plus loin (140 postes en production). Lorsque tombe l'annonce d'une délocalisation de toute la production vers la Tunisie entraînant 287 suppressions d'emplois, des salariés investissent les locaux et enferment Joël Aunos, directeur général de Jallatte France, et l'Italien Giovanni Falco, directeur général du groupe JAL.
JAL a été créé après le rapprochement en 2000 de la société gardoise Jallatte et de l'entreprise italienne Almar via le fonds d'investissements CVC Capital Partners. La corde au cou, une marionnette portant un maillot de sport «Italia» et chaussée d'une paire de pompes de sécurité pend à un arbre.

Brochette. En arrivant, le sous-préfet Mancini n'a pas de mots assez durs envers les employés. «C'est de la délinquance, quand on retient quelqu'un contre sa volonté. C'est un délit. Il faut qu'ils les libèrent.» Mais face aux salariés en colère et à la brochette d'élus locaux venus les soutenir, socialistes, communistes et UMP, tous en campagne pour les législatives, il change de ton. Coups de fil au préfet, palabres avec les dirigeants séquestrés, et voilà le sous-préfet qui s'improvise médiateur. «Vous allez me les chercher», brusque-t-il un salarié, parlant des deux dirigeants toujours retenus dans la pièce d'à côté.
Giovanni Falco approche et tente une ouverture : «Je viens d'obtenir l'autorisation de ma direction pour suspendre la réunion du 11 juin [celle qui devait acter le plan social selon la procédure légale, ndlr] et la repousser au 25 juin.» Le sous-préfet prend la parole : «Le préfet souhaite un maintien total ou partiel de l'emploi de Jallatte dans le Gard.» Dans la foulée, il annonce qu'une concertation sera organisée le lendemain à la préfecture du Gard en présence du préfet, de représentants du personnel et de la direction ainsi que d'un cabinet d'expertise comptable, afin que ce dernier puisse «avoir accès aux documents dont il a besoin».

Huées. Dehors, le délégué syndical CGT Christian Dubois prend le mégaphone : «Qui est pour ces propositions, ce qui veut dire qu'on libère Giovanni Falco ?» Une majorité lève la main. Mais personne n'est dupe. «C'est une ouverture, car ça fait trois ans qu'on demande à voir les chiffres. Mais il ne faut pas se leurrer… La réunion est reportée après les élections. Au lieu de retrouver tous ces élus, on risque de retrouver 300 CRS», prévient Jean-François Anton, délégué syndical CGT de 54 ans, dont 40 chez Jallatte. «C'est reculer pour mieux sauter. Avec l'ancienne direction, on négociait. Avec celle-ci, c'est non et des coups de fil aux actionnaires : voilà le dialogue social», analyse Mario Albuixech, délégué CGT de 52 ans.

A 14h20, les deux dirigeants sortent sous les huées. Il est loin le temps de Pierre Jallatte qui en 1947 reprenait une fabrique de galoches des Cévennes, aujourd'hui détenue par des banques américaines.

(Source : Libération)
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0 # superuser 2007-06-09 11:37 "On s'est fait voler la Coupe du monde par eux. On va nous enlever le peu qui nous reste !", lâche Thierry Boniel, ouvrier de 51 ans chez Jallatte, le leader européen de la chaussure de sécurité.

"Eux" ? C'est évidemment les Italiens. En particulier, Giovanni Falco, le PDG du groupe JAL, propriétaire de la marque, qui a annoncé, mercredi 30 mai, aux salariés de Saint-Hippolyte-du-Fort (Gard) la délocalisation de leur usine et celle d'Alès (Gard) vers la Tunisie, entraînant la suppression de 285 emplois, soit 85% des effectifs du groupe en France.

A cette annonce, les salariés ont séquestré pendant quatre heures M. Falco ainsi que trois autres dirigeants de Jallatte. Geste de furie pour tenter de les faire reculer, de leur arracher quelques emplois.

Le jeudi matin, à l'usine, il n'y a pas que l'odeur rance de la colle qui irrite. Les ouvriers sont écoeurés et se résignent. M. Boniel, 37 ans de maison, se demande ce qu'il va devenir. Son épouse travaille dans l'entreprise, son frère aussi. Un cousin également. Ici, la plupart des 150 salariés sont dans la chaussure depuis près de trente ans, dévoués à cette belle usine, un fort construit par Vauban, faite de pierres blanches. Moyenne d'âge : 52 ans. Salaire : 980 € net par mois, sans les primes de production.

Colère mais aussi incompréhension . Car les salariés se demandent pourquoi une telle délocalisation. L'usine a augmenté sa productivité, passant de 2.250 à 2.700 paires fabriquées par jour en 3 ans. Selon Jean-François Anton, délégué syndical CGT, 41 ans de maison, les ventes ont augmenté de 12% en 2006.

En 2003, Jallatte se fait racheter par le fonds d'investissement anglo-saxon CVC Capital Partners qui a acquis, au même moment, son principal concurrent italien, Almar. Deux ans plus tard, JAL (181 millions d'euros de chiffre d'affaires) est revendu à des banques américaines : Bank of America et Goldman Sachs.

"Le groupe veut plus de rentabilité", affirme M. Anton. "Non !, rétorque M. Falco. Si on délocalise en Tunisie, c'est pour sauver la marque. Ce n'est pas une blague." Le groupe a en effet affiché une perte de 7 millions d'euros en 2006 et, selon nos informations, Jallatte (34 millions de chiffres d'affaires) affiche une perte de 1 million d'euros.

Le Gard, un département sinistré

Un des sous-préfets du Gard, Alain Mancini, a demandé la suspension du plan social. Réponse négative de la direction. Mais il a obtenu une table ronde entre salariés, élus, dirigeants et services de l'Etat avec en tête le préfet du Gard, Dominique Bellion. Elle s'est tenue jeudi. JAL s'est engagé à communiquer l'ensemble de ses comptes et un audit précis de l'entreprise doit être réalisé par un cabinet privé et par l'Etat.
Le 25 juin, le plan social devrait commencer. "On a trois semaines pour trouver des solutions, explique Damien Alary, président du conseil général (PS). C'est scandaleux ce qu'il se passe."

Car dans ce coin de France, autour du Vigan, l'industrie est quasi morte. Well est en train de supprimer 300 emplois, les pianos Pleyel une cinquantaine de postes. "On est un département sinistré", ajoute M. Alary. Le taux de chômage y est le plus élevé de France (12,3%), et le département est le deuxième en nombre d'allocataires au RMI (26.000)… Et "Saint-Hippo" (3.604 habitants) perd son plus gros employeur et sa taxe professionnelle à 200.000 €.

(Source : Le Monde)
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0 # superuser 2007-06-26 13:40 (…) Après d'âpres négociations avec des élus, la préfecture du Gard et les actionnaires de l'entreprise - notamment Bank of America -, un compromis a été trouvé. Vendredi 22 juin, direction et syndicats l'ont officialisé en signant l'accord de méthode qui prévoit les modalités du plan social.

"Il n'y aura aucun licenciement sec, se réjouit Jean-François Anton, délégué syndical CGT, quarante et un ans de maison. C'est un vrai soulagement."

Cent quarante-trois emplois sur les 336 que compte le groupe en France sont maintenus. Les 113 restants se feront par des départs volontaires et en préretraites. D'ailleurs, l'âge des préretraites, légalement prévu à 57 ans, a été ramené à 55 ans par une dérogation exceptionnelle de l'Elysée. "L'Elysée s'est personnellement impliqué", précise Dominique Bellion, préfet du Gard. Et c'est l'Etat qui prendra en charge une grande partie de ce plan social. Près de 5 millions d'euros pour financer ces départs.

Les collectivités locales ont leur part. La région Languedoc-Roussillon versera 500.000 € pour la revitalisation du bassin d'emploi gardois. Le conseil général du Gard rachètera pour 1,5 million d'euros une partie du site Jallatte à Saint-Hippolyte. La communauté de communes d'Alès acquerra pour 2 millions d'euros l'usine d'Alès, qui sera fermée. "C'est le prix à payer pour maintenir une unité de production", précise M. Bellion. "Et de la vie", ajoute le socialiste Damien Alary, président du Conseil général, car le Gard possède le taux de chômage le plus élevé de France (12,3%). M. Alary conclut : "La direction de Jallatte s'en sort très bien."

(Source : Le Monde)

On relèvera le discours contradictoire du gouvernement qui prétend qu'il sera «intraitable» sur l'emploi des seniors et qu'il va «mettre la pression» sur les entreprises «pour qu’elles gardent les salariés jusqu’à l’âge de la retraite» (François Fillon le 6 juin dernier)… Mais pour "arranger" les mauvais coups des fonds de pension anglo-saxons qui détruisent nos emplois, il n'hésite pas à user de dérogations exceptionnelles ! Sans compter le coût de ce gâchis pour la collectivité…
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