
Alors que l'Union européenne voit d'un très mauvais œil la politique économique engagée par la France et que Nicolas Sarkozy s'est même fait remonter les bretelles lundi 9 juillet au cours de la réunion des ministres des Finances de l’Eurogroupe à Bruxelles, en cette période estivale où, plus que d'habitude, les Français ont la tête ailleurs, la méthode Coué est de rigueur et tout est bon pour dédramatiser la question de notre endettement, pourtant dangereusement menacé par les réformes fiscales du gouvernement.
Il y a encore peu, celui-ci tablait sur une croissance de 2,25 à 2,5% en 2007, et de 2,5% en 2008 : atteindre les engagements communautaires dès 2010 semble donc très hypothétique. D'autant plus que l'INSEE prévoit une croissance de seulement 2,1% pour 2007 et que l'OCDE, plus optimiste, avance 2,2% pour 2007 et 2008. Dans le meilleur des cas, pour qu'un niveau de croissance de 3% se maintienne sur les trois prochaines années, il faudrait qu'il n'y ait «pas de flambée des prix du pétrole, pas d'augmentation trop forte de l'euro, pas de politique trop restrictive de la part de la Banque centrale européenne», explique l'OFCE. Or l'euro et le pétrole surfent à des niveaux inégalés, et la BCE prévoit de poursuivre son tour de vis monétaire, sans compter l'inquiétante montée des taux d'intérêt.
La plupart des économistes tablent sur une croissance toujours molle (de 1,8 à 2,1% entre 2007 et 2008), voire pronostiquent… une détérioration. Certains estiment que le "paquet fiscal" est destiné à stimuler la demande alors qu'en France, c'est l'offre qui pose problème. De ce fait, d'autres craignent même que son coût et son inefficacité ne provoquent une dégradation des finances publiques et de la dette.
Le retour à l'équilibre en 2012 au plus tard pourrait bien ne jamais être atteint. Le rapporteur général du budget à l'Assemblée, Gilles Carrez (UMP), a lui-même admis la semaine dernière qu’«à 2,5% de croissance, on passe; à 2% on aura des problèmes». On aura donc des problèmes, et même de sérieux, quand d'ici cinq ans ce gouvernement aura fini de vider les caisses de l'Etat.
Articles les plus récents :
- 23/07/2007 03:59 - La création d'entreprise a le vent en poupe
- 21/07/2007 05:11 - Embaucher fait chuter les actions
- 20/07/2007 03:30 - Les salaires en 2005 (2)
- 20/07/2007 01:00 - L'ignoré et pourtant juteux marché des pauvres
- 17/07/2007 06:57 - La Chine bientôt 3e puissance économique mondiale
Articles les plus anciens :
- 16/07/2007 23:16 - Sixième suicide chez PSA
- 16/07/2007 19:08 - «Paquet fiscal» et ISF : un sursaut de culpabilité ?
- 14/07/2007 19:15 - L'ANPE a 40 ans
- 13/07/2007 15:58 - Les chômeurs des DOM vont enfin intégrer les statistiques
- 13/07/2007 11:52 - Les cadres et leur management
Commentaires
Sur les traces de François Bayrou, qui l'a critiquée sur ce point samedi lors de leur «rencontre événement», les porte-parole de Nicolas Sarkozy qui se sont succédés dimanche dans les débats télévisés ont tous utilisé le même argument massue : Ségolène Royal mise tout sur l'Etat !
Que ce soit sur le plateau de "Ripostes" (France 5) par la bouche de Jean-Pierre Raffarin ou à "France Europe Express" (France 3) par celles de Jean-François Copé ou Nicolas Baverez, la ligne d'attaque de la droite consistait à mettre en avant la fâcheuse tendance de la candidate socialiste à prendre l'Etat pour une vache à lait alors qu'il est déjà endetté.
Mais qu'a fait le gouvernement UMP depuis 2002 ???
Outre le fait qu'il a, lui aussi, augmenté la dette publique de 8 points de PIB soit 144 milliards d'euros [1], il a mis en place (entre autres) :
• une pléthore de contrats aidés - tant vantés par Jean-Louis Borloo - qui maintiennent les chômeurs aux minima sociaux dans l'assistanat, tout en déresponsabilisant les employeurs à qui l'on fournit par ce biais une main d'œuvre bon marché et jetable… aux frais de l'Etat !
• l'augmentation de la prime pour l'emploi (PPE) - ce "13e mois pour les Smicards" tant vanté par Dominique de Villepin - qui consiste aussi à déresponsabiliser les employeurs sur les rémunérations qu'ils pratiquent, puisque l'Etat file un "complément de salaire" à ces travailleurs pauvres…
• l'attribution de 65 millards d'euros d'aides publiques aux entreprises en 2005 - on ne connaît pas le montant de 2006… - sans contrôle sérieux ni impact notable sur la création d'emplois [2], alors que le coût du RMI ne dépasse pas 6 milliards d'euros par an.
Les arguments de l'UMP, c'est l'hôpital qui se fout de la charité. Avec Nicolas Sarkozy, l'Etat continuera à servir les plus riches en dépouillant habilement les plus démunis [3], qu'on se le dise !
[1] Nicolas Sarkozy est "le recordman de France, toutes catégories, de la dette publique" et est "comptable de son bilan", estime Didier Migaud, membre de la commission des finances à l'Assemblée nationale. "C'est sous Sarkozy, ministre de l'Economie et des Finances, que la dette a atteint le record historique de 66,6% du PIB", dénonce le député socialiste pour qui le candidat UMP à la présidence de la République "est malheureusement un dangereux récidiviste : entre 1993 et 1995 déjà, lorsqu'il était ministre du Budget, le poids de la dette avait augmenté de plus de 9 points de PIB, un record jamais égalé".
[2] Même le très libéral Jacques Marseille déclare qu'il faut en finir avec ces subventions qu'il qualifie d’"effets d'aubaine" et de "gaspillage". Bien qu'il le soutienne, il estime que "Sarkozy ne dit pas assez qu'il faut réduire la dépense publique pour le plus grand bénéfice d'une nouvelle forme d'équité sociale".
[3] Lire dans notre revue de presse => Impôts 2006 : questions d'abattement… Répondre | Répondre avec citation |
La commission rendait compte d'un rapport du sénateur Philippe Marini (UMP) publié à la veille du débat d'orientation budgétaire pour 2008. La commission sénatoriale estime que le coût du "programme présidentiel" s'élève à 30 milliards d'euros. Elle souligne ainsi "l'ampleur de l'effort de consolidation budgétaire nécessaire pour atteindre l'équilibre des comptes publics en 2010-2012".
Réduction de la dépense publique. "Avec une croissance économique de 2,5% (…), l'effort d'économie total à atteindre d'ici 2012 est de plus de 80 milliards d'euros, soit un rythme annuel de réduction de la dépense publique de l'ordre de 16 milliards d'euros par rapport à la tendance spontanée de la dépense", note Philippe Marini. "Pour atteindre l'équilibre budgétaire en 2010, en faisant l'hypothèse d'une croissance économique de 3% par an, le chiffrage des économies nécessaires, (…) est de 60 milliards d'euros, soit un effort annuel en matière de dépenses d'environ 20 milliards d'euros", ajoute le rapporteur général du budget.
"Ces projections sont faites à niveau de prélèvements obligatoires inchangé, à l'exception des mesures issues du projet de loi en discussion relatif au travail, à l'emploi et au pouvoir d'achat", précise le communiqué. Répondre | Répondre avec citation |