En ce début de législature, le mensonge bat son plein. Si Christine Lagarde nous roule dans la farine avec l'accent américain en prime et nous "assure" constamment de sa "vigilance" "très attentive", le nouveau ministre du Budget, des comptes publics et de la fonction publique, lui, n'a pas froid aux yeux : «Si la croissance est au rendez-vous et atteint 3%, le double objectif d'une dette inférieure à 60% du PIB et d'un équilibre des finances publiques pourra être atteint dès 2010», a déclaré Eric Woerth lors du débat d'orientation budgétaire hier, à l'Assemblée nationale. «Sinon il sera décalé, mais au plus tard en 2012, pour peu que la croissance atteigne 2,25%»...
Alors que l'Union européenne voit d'un très mauvais œil la politique économique engagée par la France et que Nicolas Sarkozy s'est même fait remonter les bretelles lundi 9 juillet au cours de la réunion des ministres des Finances de l’Eurogroupe à Bruxelles, en cette période estivale où, plus que d'habitude, les Français ont la tête ailleurs, la méthode Coué est de rigueur et tout est bon pour dédramatiser la question de notre endettement, pourtant dangereusement menacé par les réformes fiscales du gouvernement.
Il y a encore peu, celui-ci tablait sur une croissance de 2,25 à 2,5% en 2007, et de 2,5% en 2008 : atteindre les engagements communautaires dès 2010 semble donc très hypothétique. D'autant plus que l'INSEE prévoit une croissance de seulement 2,1% pour 2007 et que l'OCDE, plus optimiste, avance 2,2% pour 2007 et 2008. Dans le meilleur des cas, pour qu'un niveau de croissance de 3% se maintienne sur les trois prochaines années, il faudrait qu'il n'y ait «pas de flambée des prix du pétrole, pas d'augmentation trop forte de l'euro, pas de politique trop restrictive de la part de la Banque centrale européenne», explique l'OFCE. Or l'euro et le pétrole surfent à des niveaux inégalés, et la BCE prévoit de poursuivre son tour de vis monétaire, sans compter l'inquiétante montée des taux d'intérêt.
La plupart des économistes tablent sur une croissance toujours molle (de 1,8 à 2,1% entre 2007 et 2008), voire pronostiquent… une détérioration. Certains estiment que le "paquet fiscal" est destiné à stimuler la demande alors qu'en France, c'est l'offre qui pose problème. De ce fait, d'autres craignent même que son coût et son inefficacité ne provoquent une dégradation des finances publiques et de la dette.
Le retour à l'équilibre en 2012 au plus tard pourrait bien ne jamais être atteint. Le rapporteur général du budget à l'Assemblée, Gilles Carrez (UMP), a lui-même admis la semaine dernière qu’«à 2,5% de croissance, on passe; à 2% on aura des problèmes». On aura donc des problèmes, et même de sérieux, quand d'ici cinq ans ce gouvernement aura fini de vider les caisses de l'Etat.
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