Le mois dernier, 28.038 entreprises ont vu le jour (+ 13,4% par rapport à juin 2006) et la France est sur un rythme annuel de 303.000 créations contre 278.000 l'année dernière. Christine Lagarde, ministre de l'Economie, des Finances et de l'Emploi, et Hervé Novelli, secrétaire d'Etat chargé des entreprises et du commerce extérieur, ont dit voir dans ce résultat "le signe que les Français retrouvent confiance et envie d'entreprendre". C'est aller un peu vite en besogne.
Il est vrai qu'à travers une première lecture exclusivement quantitative, cela semble encourageant. Pourtant, il suffit d'une approche qualitative pour pondérer le phénomène. Par exemple, 2006 fut elle aussi qualifiée d’"année record", mais en y regardant de plus près, l'INSEE notait que 86,5% de ces créations n'avaient généré qu'un seul emploi : celui de l'entrepreneur. Et pour la plupart des experts, "l'envie d'entreprendre" n'est pas liée à la "confiance" mais plutôt… au chômage de masse : plus du tiers des créateurs d'entreprise sont des demandeurs d'emploi et l'année dernière, 74.000 d'entre eux ont ainsi bénéficié de l'ACCRE (aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs) soit… 2,5 fois plus qu'en 2002. Pour ces personnes, créer sa structure et donc son emploi s'effectue davantage par réflexe de survie que par esprit d'entreprise. Et si elles échouent, elles se retrouveront encore plus démunies. Il faut aussi rappeler que 40% des entreprises ne passent pas le cap de la troisième année et que la moitié disparaissent au bout de cinq ans. Ce n'est pas un hasard si le nombre des faillites a même augmenté de 5,3% sur le dernier trimestre 2006.
Ne nous leurrons pas. Comme pour les chiffres du chômage ou ceux de la création d'emplois, c'est la vision quantitative qui prime et certains outils statistiques n'ont, d'ailleurs, aucune vocation qualitative alors que la vérité s'obtient en conjuguant les deux. Mais ce mensonge par omission fait partie de la désinformation économique dont nous abreuve l'UMP : positiver sur des chiffres tronqués, vanter "l'initiative personnelle" et "la valeur travail" n'ont pour but que de masquer l'absence totale de progrès social dans ses objectifs.
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