En moyenne sur 2006, les intérimaires ont travaillé pendant 2,5 mois. Plus de 16 millions de missions - dont la moitié émane de l'industrie où 7% des travailleurs sont intérimaires - ont été réalisées par quelque 2 millions de salariés. Parmi eux, un sur deux a réalisé au moins quatre missions dans l'année, et près d'un sur quatre n'a effectué qu'une seule mission.
L'année dernière, ce sont 737.400 contrats supplémentaires qui ont été conclus, soit une hausse de 4,8%. Le volume de l'intérim a progressé de 17.100 équivalents-temps pleins (+ 2,9%) pour atteindre 602.800 équivalents-temps pleins.
Durée des missions, 2 semaines. La durée moyenne des missions d'intérim est restée stable à 1,9 semaine. C'est dans la construction qu'elles sont en moyenne plus longues (2,8 semaines en 2006) devant l'industrie (2,3 semaines) et le tertiaire (1,3). Sinon, 60% des missions durent moins d'une semaine et 38,2% ne durent qu'une journée, précise la DARES.
Elle est là, la réalité de la création d'emplois ! En juin, l'Unedic a relevé que 42% des emplois nouvellement créés depuis janvier étaient en intérim [1]. Pour le reste, son outil statistique est d'ailleurs incapable de distinguer le type d'emplois créés (CDD ou CDI ?), pas plus que la durée du travail (temps plein ou temps partiel ?) proposée aux nouveaux salariés.
Il y a quelques jours, l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (ACOSS) a constaté que si l'emploi salarié ne progresse pas, l'intérim a explosé - plus de 80% depuis 1997 - et que "le développement sans précédent de l'intérim traduit une profonde modification du recours à ce type de contrat, qui va désormais bien au-delà des fluctuations économiques" [2]. Autre signe qui ne trompe pas : selon Les Echos, les intérimaires sont de plus en plus qualifiés, et aussi de plus en plus âgés.
Chômage récurrent. Entre deux missions, ces salariés reviennent inévitablement grossir les rangs de l'ANPE. A l'heure où 80% des offres d'emplois sont précaires et 20% des actifs sont en instabilité professionnelle, ce turn-over pèse lourd dans les finances de l'Unedic : il représente 2/3 des entrées et le coût d'un chômeur indemnisé à la fin d'un contrat précaire est plus de deux fois plus élevé que pour un CDI. Selon FO, en 2004, les CDD représentaient près de 4% des contributions au régime d'assurance chômage mais 22% des allocations versées, et les emplois intérimaires près de 3% des contributions et 7% des allocations. Globalement, CDD et intérim représentaient 8,2 milliards d'euros d'allocations pour seulement 1,71 milliard d'euros de contributions. Quant à la Sécu, pour 100.000 chômeurs, l’assurance maladie perd plus de 400 millions d’euros de cotisations.
La précarité est devenue un vrai mode de gestion de la main-d'œuvre, et un gouffre financier pour les finances publiques qui sont seules à en assumer le coût : Quand se décidera-t-on à surtaxer le travail précaire ?
[1] L'emploi salarié boosté… par l'intérim
[2] Moins d'emplois, plus d'intérim
Articles les plus récents :
- 30/07/2007 19:32 - La force, le pouvoir et l'argent
- 27/07/2007 23:41 - Les parachutes dorés échapperont à l'IS
- 27/07/2007 22:17 - C'est la dèche au ministère de l'Emploi
- 27/07/2007 10:50 - Ces américains qui bullent au boulot
- 27/07/2007 08:36 - Emploi salarié : l'Unedic ment par omission
Articles les plus anciens :
- 23/07/2007 03:59 - La création d'entreprise a le vent en poupe
- 21/07/2007 05:11 - Embaucher fait chuter les actions
- 20/07/2007 03:30 - Les salaires en 2005 (2)
- 20/07/2007 01:00 - L'ignoré et pourtant juteux marché des pauvres
- 17/07/2007 06:57 - La Chine bientôt 3e puissance économique mondiale